Éco-Business

Confinement. Le télétravail s’impose à grande vitesse

En quelques jours de confinement, nous sommes passés d’un Maroc 1.0 à un Maroc 4.0. La pandémie du coronavirus a bousculé les habitudes et poussé plusieurs institutions à revoir leur mode de fonctionnement. Ce chamboulement a été vite ressenti avec l’adoption du télétravail, de la télémédecine, de l’enseignement à distance et de la E-administration…

Productivité en hausse
Un point important a été relevé dans ce sens, surtout en ce qui concerne le télétravail. Il s’est imposé, pour les entreprises dont l’activité le permet, comme l’une des options fortement recommandées pour assurer la continuité de l’activité et la sécurité des collaborateurs. Ainsi, les nouvelles technologies, le marketing, les médias, la communication et le commercial sont les activités qui se sont le plus prêtées au télétravail.

«Plusieurs opérateurs œuvrant dans les services à forte valeur ajoutée, notamment ceux qui nécessitent beaucoup de concentration et de la recherche, ont remarqué une augmentation de la productivité et une amélioration des livrables des collaborateurs qui se sont mis au télétravail», annonce Hammad Kassal, économiste, entrepreneur et professeur universitaire à Al Akhawayn. En effet, les collaborateurs confinés chez eux effectuent leurs missions dans de meilleures conditions, ressentent moins de stress lié au transport, ne sont pas dérangés par les allers-retours des autres collaborateurs dans l’espace de travail. Ils sont, en somme, plus concentrés sur leurs tâches. De ce fait, leur productivité augmente, et la qualité de leurs livrables est nettement meilleure (rapports, dossiers, traitement, analyse…).

Alexandra Montant, directrice générale adjointe de Rekrute, assure de son côté qu’ «à titre d’entrepreneur, je confirme que le télétravail est une surprise positive qui a démontré un réel engagement, surtout des collaborateurs. Maintenant, à parler avec les gens, on se rend compte que les salariés comme les patrons rêvent quand même de vite retourner travailler!».

À ce sujet, il faudrait noter que le télétravail requiert un management par objectif et surtout une confiance mutuelle entre l’employeur et l’employé, chose qui n’est pas facile à accorder sur le marché national du travail. Cette confiance est donc primordiale pour un meilleur rendement des collaborateurs. La confiance permet aussi aux entreprises l’augmentation de la flexibilité de leurs ressources humaines, l’augmentation de la motivation et de la compétitivité…

Les avantages du télétravail pour l’employeur sont nombreux. Car, à cette liste, il faut ajouter la réduction de l’absentéisme et des retards. Du côté des collaborateurs, en plus d’un gain en autonomie et en responsabilité, le travail à distance leur permet d’organiser eux-mêmes leur emploi du temps, leur offrant ainsi un accroissement de l’efficacité à condition qu’ils soient organisés. En tout cas, l’une des conséquences positives de l’après-coronavirus devrait être la mutation du monde du travail et la relation qui lie les collaborateurs à leur travail. «Notre relation avec le travail ne sera plus la même!» affirme Kassal dans ce sens.

Changement de paradigme !
Le phénomène du télétravail pourrait pourtant entraîner plusieurs changements au niveau de la perception de l’économie nationale. Premier changement qui pourrait s’opérer, celui de la robotisation. Pour Hammad Kassal, «Si la Chine a réussi à alimenter les villes mises en quarantaine et contenir le coronavirus, c’est grâce aux robots. La robotisation, c’est l’avenir, elle va permettre d’augmenter la productivité». Effectivement, les entreprises, et surtout les industries seront de plus en plus tentées d’investir dans la robotisation de leurs process, laissant ainsi les ressources humaines se pencher sur des actions beaucoup plus porteuses de valeur ajoutée. La robotisation va entraîner un autre phénomène, celui de la relocalisation, engendré par les actions de protectionnisme, de recherche de l’autosuffisance et de la promotion de l’industrie nationale pour subvenir aux besoins de la population. Ceci induira une moindre dépendance de l’étranger.

«Le dénominateur commun entre ces différents changements est donc la nécessité de remodeler la relation avec le travail. Plus de relations conflictuelles, de lutte des classes, de prolétariat, mais on tend plus vers des relations basées sur la productivité. Ceci nécessite chez nous un assouplissement du Code du travail. Il faut aller vers la flexibilité», martèle Kassal. L’amélioration de la productivité entraînera une amélioration de la richesse qui, si elle est bien répartie, permettra une amélioration du niveau et du mode de vie des collaborateurs et de leurs revenus. Hammad Kassal explique que «ceci va non seulement améliorer la consommation de base, mais aussi tout ce qui est divertissements. Ceci va permettre aux pays de distribuer ce que j’appelle un revenu universel».

Dans ce sens, le rôle de l’État est primordial: «Le rôle de l’État doit revenir en force», affirme Kassal. L’action étatique s’est en effet manifestée avec succès depuis le début de la crise du coronavirus de par le monde, à travers la multitude de décisions prises en quelques jours pour instaurer de nouvelles règles de fonctionnement du pays. Ceci n’est que le début. Après le coronavirus, l’État est attendu en force dans plusieurs domaines, notamment l’éducation et la santé.



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