Covid-19: les blouses blanches en première ligne
À l’image de leurs collègues à travers le monde, les médecins au Maroc représentent la catégorie de la population la plus exposée au Covid-19. Ils sont plusieurs dans les hôpitaux publics à ne pas voir famille et enfants, occupant des chambres d’hôtel près de leur lieu de travail. Sur le front dans la guerre contre la pandémie, le personnel soignant a besoin de moyens, mais également de soutien psychologique afin de gérer le stress. Il y a deux jours, trois médecins du secteur public à Fès ont été déclarés positifs, sans pour autant présenter de symptômes. Leur état est heureusement stable. D’autres ont été contaminés à Casablanca, Settat et Rabat.
Contacté, Dr Al Mountadar Alaoui, SG du Syndicat des médecins du secteur public, a mis l’accent sur l’engagement des médecins du public qui ont enterré la hache de guerre avec le ministère pour faire front contre le Covid-19. La question des moyens revient avec acuité, surtout en ce qui concerne les outils de protection (masques, gants, etc) dont les stocks couvrent deux à trois jours d’utilisation. Un état de fait qui impose une gestion rationnelle des moyens malgré l’arrivée de dispositifs médicaux adaptés de Chine et de Corée du Sud.
Or, la situation au Maroc, selon notre source, est toujours maîtrisable eu égard au nombre de cas, sachant aussi que seulement 6% des contaminés sont en réanimation. Cela ne veut pas dire qu’il faut s’endormir sur ses lauriers. Car, le nombre de lits disponibles en réanimation ne sera pas suffisant si les cas connaissent une évolution importante. À cela s’ajoute le nombre très réduit de médecins réanimateurs qui est, selon Alaoui, de 300 dans les hôpitaux publics et d’un peu moins de 400 dans le privé. Cette catégorie est particulièrement confrontée au risque de contamination, ce qui augmentera encore l’éventualité d’une «pénurie» en médecins réanimateurs si le virus se propage.
Aujourd’hui, les moyens dont dispose la tutelle lui permettent de gérer la situation tant bien que mal. Mais Alaoui n’exclut pas la possibilité que les autorités sanitaires puissent, si la situation l’exige, saisir les cliniques privées pour satisfaire les besoins en lits équipés et d’autres moyens d’accueil des cas graves.
Dans ce sens, une solidarité s’est fait jour de la part de plusieurs institutions mais aussi de la médecine militaire. Mais la situation nécessite un staff médical équipé et encouragé, deux ressources à préserver dans un contexte anxiogène. Pour ce qui est des médecins du privé, la situation n’est pas reluisante non plus.
Selon Saad Agoumi, vice-président du Collège syndical des médecins spécialistes privés, beaucoup de médecins ne trouvent pas de gants et se retrouvent dans l’obligation de se les procurer au marché noir. Quant aux médecins du privé qui ont fermé leur cabinet, beaucoup expliquent cela par le manque de moyens de protection ou par le départ du personnel d’accueil. D’autres font de la téléconsultation ou sont obligés de recevoir un patient à la fois pour minimiser le risque de contamination.
Soutien à l’effort sanitaire
Parmi les opérations de solidarité visant à remédier au déficit sanitaire, la CDG a mobilisé 8.000 lits disponibles au sein de ses différents actifs, participant ainsi à l’effort national de lutte contre la propagation du coronavirus. Et ce, après sa contribution directe de 1 MMDH au Fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie. Orange Maroc a, de son côté, pris en charge l’hébergement du corps médical du CHU Ibn Rochd ainsi que de l’Hôpital Moulay Youssef dans des hôtels à Casablanca pendant toute la période du confinement. En outre, l’opérateur a donné les moyens au personnel médical de rester en contact avec la famille pendant cette période difficile. Par ailleurs, VotreChauffeur.ma (VtC.ma), leader marocain des véhicules de transport avec chauffeur, met à la disposition du personnel hospitalier de Casablanca, Rabat, Marrakech, Agadir et Fès, 50 véhicules avec chauffeur pour des courses hôpital–domicile ou domicile–hôpital.