Culture

Matisse Art Gallery. La sagesse manuscrite de Daifallah à Marrakech !

 

La galerie Matisse Art Gallery de Marrakech propose, du 20 février au 19 mars,  une exposition des plus inédites, celle de l’artiste-peintre Noureddine Daifallah. En marge du «Contemporary African Art Fair» qui se déroulera du 22 au 23 février, l’universitaire passionné des lignes et des lettres expose ses œuvres sous le thème «Le maître calligraphe».

La calligraphie autrement. Telle est la ligne directive de Noureddine Daifallah qui expose ses œuvres à la galerie Matisse Art Gallery dans sa ville natale. «L’occasion pour le public de vivre un moment calligraphique unique à travers les récents travaux de cet artiste chevronné qui sait réunir les conditions nécessaires pour son œuvre où la lumière rencontre la beauté intrinsèque du sujet», précise le responsable de la galerie où le peintre universitaire investit les murs. Sa volonté de se démarquer de ses prédécesseurs, d’apporter sa propre touche artistique, a fait voyager l’artiste depuis sa première exposition, en 1977 alors qu’il n’avait que 17 ans. Les œuvres de Noureddine Daifallah ont traversé la Méditerranée pour être exposées et reconnues partout en Europe. L’écriture arabe a en fait l’avantage de se prêter gracieusement à de multiples métamorphoses. Et cela Noureddine Daifallah l’a compris: «l’écriture arabe est à la fois un art noble, une tradition séculaire et un patrimoine à sauvegarder».  À travers son pinceau, l’artiste  remplace gracieusement l’encre par la peinture à l’aide de deux supports, la toile et le papier. Ses oeuvres, sombres pour la plupart, ont été peintes avec des couleurs «terre». Pour garder l’authenticité de cet art et présenter un travail original.

La poésie des lignes
«L’art calligraphique arabe, c’est connu, doit son épanouissement et sa magie à la spiritualité musulmane. Par un étrange mécanisme de transition, celle-ci en a fait une espèce d’expression artistique sacrée, une sorte de parole prophétique par voix interposée. Sa dimension métaphysique se signale à travers des motifs coraniques richement décorés et variés à l’infini», précise l’artiste. Instrument symbolique autant qu’outil de travail, le calame (conçu sous différents aspects et dont le matériau de prédilection demeure le bois de grenadier) participe de cette célébration sublimatoire pour la glorification de la lettre arabe. Ces enseignements, ainsi brièvement évoqués, sont à la base de l’art calligraphique de Noureddine Daifallah dont l’apport en la matière contient cependant des spécificités techniques et créatives à prendre en considération. Usant de moyens d’une grande sobriété, l’artiste entretient avec la lettre un rapport quasi épidermique. Comme chez les minimalistes, il pousse ses structures aux limites de la tension, tresse des textes où s’accrochent des motifs colorés. C’est un véritable travail d’ascète, de scribe rompu à la tache mais chez qui le plaisir de créer l’emporte de loin sur les impératifs du devoir. Daifallah revisite la mémoire ancestrale pour lui insuffler ce qu’il croit pouvoir perpétuer : sa qualité et ses convictions. Au-delà de toute référence textuelle, de toute idéologie, c’est l’esthétique des formes qui prime où se ressentent des préoccupations liées au métier de graphiste. Une esthétique qui se focalise sur la ritualisation du geste, où la reproduction du trait obéit aux codes d’écriture initiaux. C’est aussi un travail de ressourcement où l’artiste est appelé chaque fois à prendre la mesure du sens, où il court tous les risques d’interprétation. Et c’est justement là que prend racine son démarquage des normes courantes de la calligraphie. Le support est patiemment investi tant la surface interpelle plusieurs mises en plan. Les lettres défilent, modulant un phrasé qui a les reflets d’une eau lustrale. Le côté lumineux y est traité par touches dispatchées sur un fond uniforme qui a l’éloquence du vide.

Un travail sage
Daifallah croit fermement aux vertus et à la force suggestive des lettres confrontées à «l’angoisse de l’invisible», explique le commissaire de l’exposition qui précise que tout circonspect et minutieux qu’il soit, il ne dédaigne pas flirter avec l’abstraction formelle, mathématisant sa démarche au risque d’aboutir à une écriture de grimoire. «En termes d’effacement, de blancs, de traces colorées, de traits virtuels, l’artiste anticipe allègrement sur les idées reçues de la calligraphie, pourfend les jeux de règle et donne à voir l’étoffe même dont est faite l’essence verbale. Avec ses entrelacements scripturaux et ses tissages labyrinthiques à la fois denses et fragiles, il fait parfois penser à une architecture instinctive et rédhibitoire d’insecte démiurge. Son art, vu sous cet angle, va même jusqu’à soulever la problématique de l’écrit calligraphié». Un travail pointu et sage d’un Daifallah plus mature dans son œuvre que jamais. À découvrir à Marrakech dès le 20 février.



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