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Vahid orphelin de Ziyech, Mezraoui et Hamdallah…. Quarante millions de sélectionneurs

La Fédération royale marocaine de football a tranché, à propos de ce qu’on appelle désormais, au sein de l’opinion sportive, «l’affaire Vahid». Halilhodžić a été reconduit à son poste, par la fédération et son président Faouzi Lekjaâ. Et un choix contraire aurait certainement relevé d’un véritable scandale et de l’irréparable.

On ne change pas un entraîneur qui gagne et, a fortiori, qui vous qualifie en Coupe du monde ! Même si, en foot marocain, nous n’en sommes pas à un rejet près, car aucun sélectionneur n’a échappé à la colère collective. Et, souvent, au limogeage, ourdi par des dirigeants sous pression et condamnés à satisfaire les clans de supporters.

Aucun entraîneur des Lions de l’Atlas n’a jamais fait l’unanimité, y compris Larbi Benbarek, la Perle Noire, le meilleur joueur du monde, celui que Pelé avait présenté comme le roi du foot ! Sans l’avoir jamais vu à l’œuvre, mais c’est une rumeur qui a pris et a été scellée dans les têtes, comme vérité inexpugnable. Soit, c’est le foot !

LARBI BENBAREK, MEILLEUR JOUEUR MAIS ENTRAÎNEUR NORMAL

Larbi Benbarek est cependant valorisé, au top de la reconnaissance, par Just Fontaine, Mahjoub ou encore Mekhloufi. Il fut, à ce titre, choisi comme premier sélectionneur à la post-indépendance. Mais il fut vite éconduit, car on lui reprochait de vouloir faire du joueur, par lui entraîné, son double ou, à la limite, son alter ego. Et ce problème de reconversion n’est pas des plus simples et seuls les joueurs de très haut niveau, les superstars, peuvent le ressentir. Et le payer cher, en se retrouvant «wahids» (solitaires!).

Est-ce le cas de Vahid, qui s’en prend aux vedettes, pour les valoriser dans un premier temps et s’en défaire ensuite. À 70 ans, Vahid, qui avait, dans sa jeunesse, fini premier buteur en championnat de France, était cet oiseau rare très recherché, au poste le plus noble du jeu : avant-centre !

Ce titre l’a nobélisé, mais sans le confirmer, plus tard, en tant qu’entraîneur. Certes, il a réussi, surtout en Afrique, à se faire médiatiser, en Côte d’Ivoire, en Algérie, au Japon et maintenant au Maroc. Mais c’est quelqu’un qui a connu énormément de problèmes, en étant directement impliqué dans une guerre civile où il a tout perdu et failli y laisser la vie.

HISTOIRE DE PSY DANS LES CITÉS
Ce traumatisme est très complexe et difficile à transcender. Et cela risque-t-il de se répercuter sur son travail pour en faire un individu instable, à en croire un psychologue du terroir, amateur de décryptage des discours ? Wahid parle pour convaincre et il le fait toujours, comme s’il avait affaire à des adversaires. Y compris et surtout parmi les journalistes. Et comme l’incommunicabilité est évidente, dans l’exercice de la conférence de presse, le rapprochement s’éclipse entre médias autochtones et un coach qui fait de la prose sans le savoir ! Jamais un entraîneur n’a suscité autant de réactions hostiles, non pour son faciès, mais pour ses choix technico-tactiques, qui rendent hystériques certains supporters.

Les plus excités d’entre eux prient pour que l’équipe perde (sic et resic), pour qu’on s’en débarrasse. Vahid, tout autant d’ailleurs que tous les acteurs du football, joueurs, techniciens et dirigeants, tous sont l’objet de procès expéditifs, instruits par des fans de foot, qui s’estiment lésés et trahis, par toutes ces composantes, quand le résultat ne suit pas. Vahid devant le tir du pénalty est autant angoissé que le tireur. Et il s’estime toujours capable de le concrétiser.

VAHID PADRE PADRONE
Son pied suit la même rotation infligée au tireur, qu’il échoue ou met la balle au fond des filets. Vahid ne manifestera aucun signe de satisfaction, au point que le joueur se sente abandonné par un entraîneur qui, dans ses déclarations, agit comme un père de substitution. Merci Oedipe, bravo Freud.

On peut faire un parallèle, avec Hakim Ziyech, qui donne désormais des insomnies à Vahid, à chaque fois qu’il est titularisé par Thomas Tuchel. Et à chaque sortie de Chelsea, le club anglais est soutenu par tous les supporters dans le monde arabe où on parle, surtout, de Mohamed Salah, Riyad Mahrez et Ziyech. Et c’est le cas dans nos cafés où on maudit Vahid, à chaque coup réussi, la moindre passe ou tir lointain, même sans effet sur le jeu ou sur le gardien adverse.

Il y a une belle chronique consacrée par l’écrivain et essayiste, Fouad Laroui, à Hakim Ziyech, enfant prodige du mythique Ajax d’Amsterdam. Et tout en sollicitant la réconciliation, le célèbre chroniqueur nous rappelle la complexité de la personnalité de Hakim, ballotté entre deux cultures, y compris celle néerlandaise où on retrouve des valeurs, enfouies dans le subconscient des descendants assimilés de Van Gogh. Mort sans le sou et devenu milliardaire, outre-tombe.

Va-t-on taire l’impact de Ziyech, sur la communauté des Marocains du monde, quand leurs/nos meilleures stars sont écartées de l’équipe nationale, à cause de problème d’ego surdimensionné, de part et d’autre. On n’en est pas au premier cas d’espèce, car feu Abdelkhalek Louzani avait fait de même et écarté les joueurs du WAC, Daoudi, Azmi, Abrami, de l’équipe du Maroc, pour indiscipline. Mais c’est l’entraîneur qui fut limogé du Mondial 98, au profit de Abdellah Blinda ! À suivre.

Belaid Bouimid / Les Inspirations ÉCO



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