Le bon choix de Hakimi, Madrilène et Marocain
Né à Madrid, le Marocain Achraf Hakimi aurait pu jouer pour l’Espagne, comme Munir El-Haddadi. Mais le latéral du Real Madrid a pris le contre-pied de l’attaquant barcelonais, resté à quai, et son premier Mondial s’achève lundi avec un duel intime contre la Roja.
Comme nombre de binationaux, ces deux jeunes joueurs ont été confrontés très tôt à un dilemme: opter pour leur pays de naissance ou pour le pays d’origine de leurs parents.
Né à L’Escurial, dans la banlieue madrilène, et formé à Barcelone, Munir (22 ans) a ainsi choisi la Roja, qui l’a fait débuter pendant 13 minutes en compétition officielle en septembre 2014 contre la Macédoine (5-1).
Sauf que cette courte première sélection n’a été suivie d’aucune autre et qu’au moment de recevoir l’appel du Maroc pour le Mondial-2018, l’attaquant s’est heurté au refus de la Fifa, puis du TAS, de lui permettre de porter les couleurs d’une autre équipe nationale. Rageant, mais tel est le règlement…
Un destin opposé à celui d’Achraf (19 ans), qui a opté très tôt pour le Maroc et disputé sa première sélection en 2016, tout en gravissant les échelons au sein du Real Madrid jusqu’à rejoindre l’équipe première. Et jusqu’à faire partie, parallèlement, des 23 Marocains retenus pour le Mondial en Russie.
« On n’a pas l’impression que c’est son premier match au Bernabeu », s’étonnait presque Zinédine Zidane, alors entraîneur du Real, qui l’a fait débuter en Liga contre l’Espanyol en octobre (2-0). « Il est impliqué, bien dans l’esprit et s’il a une opportunité, il la saisit », disait le Français.
Les débuts d’Achraf en Coupe du monde n’ont pas été ceux espérés avec deux défaites (1-0 contre l’Iran, 1-0 contre le Portugal) et une élimination précoce. Mais ce latéral droit rapide et élancé (1,79 m), attaquant reconverti, a tenu a remercier les supporters marocains pour leur soutien.
« Même si les résultats n’ont pas tourné en notre faveur, nous sommes très heureux et nous vous remercions d’avoir fait l’effort de venir jusqu’ici pour nous », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée jeudi sur son compte Twitter. « Nous essaierons de vous donner des raisons de vous réjouir lors du dernier match, parce que vous le méritez », a-t-il ajouté.
Achraf, qui préfère qu’on l’appelle du diminutif « Arra » pour éviter d’écorcher son prénom, peut avoir le vertige: il est passé en l’espace d’un an de la 3e division espagnole avec la réserve du Real à une place de titulaire à la Coupe du monde. Et le défenseur aux 14 sélections espère finir son tournoi en beauté contre cette Espagne si chère à son coeur, malgré l’amertume de l’élimination.
« Cela met fin à un rêve que j’avais depuis tout petit. J’ai essayé d’en profiter autant que j’ai pu », a dit le défenseur merengue dans les colonnes du quotidien espagnol Marca, se disant heureux de se mesurer à Isco, Sergio Ramos ou Dani Carvajal, qu’il côtoie au Real.
« Je vais affronter des coéquipiers et cela rend ce match très spécial. Mais sur le terrain, il n’y a pas d’amitié qui tienne », a-t-il prévenu.