Botola Pro : Comment le Wydad et le Raja ont-ils perdu 30 MDH
En publiant une partie de ses audits financiers dans certains clubs, la FRMF met le doigt sur un mal chronique, la gestion financière. Dans l’analyse de ce chapitre, nous avons certes droit à tous les genres de dérapages et d’opacité, mais force est de constater que des facteurs exogènes y contribuent aussi. Le cas du Wydad et du Raja est édifiant.
Un stade fermé
Le complexe Mohammed V, véritable temple du football pour les Casablancais, verts et rouges, était fermé au lendemain des incidents mortels enregistrés le 30 mars 2016 lors du match Raja-Al Hoceima. Seulement, la cause officiellement avancée pour justifier cette fermeture était «l’urgence de terminer les travaux lancés quelques semaines plus tôt pour être aux meilleurs standards avant fin août 2016, soit avant le début de la saison 2016-2017. Ainsi, les deux clubs casablancais se sont trouvés privés de trois mois de recettes, ce qui n’était pas prévu dans le budget 2016. Une perte sèche d’au moins 4 MDH qu’il fallait chercher rapidement ailleurs, ce qui n’est pas évident dans un monde en mal de fonds.
En dépit de cette contrainte, les deux clubs acceptent le verdict des autorités locales et de la commune, par respect pour les victimes décédées lors du samedi noir. Toutefois, les autorités de Casablanca, au lieu d’aider ces clubs à sortir la tête de l’eau, ont enfoncé ceux-ci en ne respectant pas le calendrier des travaux. D’ailleurs, un collectif d’adhérents rajaouis et wydadis échangent déjà sur l’éventualité de porter plainte contre le maître d’ouvrage pour «engagements non respectés et préjudice subi».
Des recettes effritées
Casa Events et Casa Aménagement, les deux sociétés d’aménagement dépendant de la wilaya, ont tour à tour essayé d’expliquer à l’opinion publique que l’ouverture du stade a été repoussée à la fin d’année 2016 suite à un retard imprévisible. Amère réalité pour les verts et les rouges qui doivent accepter de perdre des recettes conséquentes et chercher des stades d’exil avec des charges non provisionnées. Comment pouvoir, dans ce cas de figure, développer un et trésorerie prévisionnelle et faire face aux charges fixes ? Pire encore, Casa Aménagement vient d’annoncer un autre report à fin mars 2017, et on commence déjà à parler de la fin de saison pour sonder l’opinion publique. In fine, les deux clubs casablancais perdent les recettes d’une saison pleine 2016-2017 et trois mois de la saison précédente 2015-2016. Un petit calcul sur la base des recettes comptabilisées dans le bilan des deux clubs lors des trois dernières saisons démontre clairement que les verts et les rouges y ont laissé au moins 15 MDH chacun. Un manque à gagner qui a aggravé les finances déficitaires du Raja, inhérentes à une calamiteuse gestion depuis l’année 2014.
Aujourd’hui, les supporters et les gestionnaires des deux clubs ont besoin d’un discours crédible qui fixe une date précise de réouverture du complexe Mohammed V. Ces clubs ont besoin d’une visibilité en termes de recettes de billetterie, mais aussi de vendre les espaces commercialisables dans l’enceinte du stade. On n’improvise pas des contrats commerciaux, cela se travaille au moins six mois à l’avance.