Affaire Özil : la politique doit rester en dehors du foot, insiste le patron de la fédé allemande
Özil et son coéquipier Ilkay Gündogan, tous deux d’origine turque, ont créé la polémique trois semaines avant la Coupe du monde en rencontrant le président turc Recep Tayyip Erdogan et en posant pour une photo avec lui. Les deux joueurs ont fait face à de nombreuses critiques et Özil a annoncé après le Mondial qu’il quittait la Mannschaft, disant être victime de « racisme et d’un manque de respect ».
Des accusations que Reinhard Grindel rejette fermement, même s’il estime que l’utilisation des photos avec les footballeurs par le parti politique d’Erdogan est très problématique.
« Si deux de nos joueurs de l’équipe nationale ont fait une telle photo, qui est publiée par le compte de la campagne du parti AKP (Parti de la justice du développement), alors on ne peut pas nier que cela a un impact sur la campagne électorale d’Erdogan, et je pense que ce n’est pas bon », a insisté Reinhard Grindel auprès de l’AFP lors d’un entretien à Monaco.
« Au final cela n’a rien à voir avec le fait qu’un de nos joueurs peut avoir une origine étrangère ou pas », a-t-il poursuivi. « Si un joueur allemand, dans une campagne électorale, faisait une photo avec un politicien allemand d’extrême-droite par exemple, on aurait le même débat et on réagirait exactement comme l’a fait la fédération ».
Reinhard Grindel, 56 ans, est lui-même un ancien homme politique : il a été élu durant 10 ans au Bundestag pour la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel, avant de prendre les rênes de la DFB en 2016.
Özil a notamment fait référence à un discours de Reinhard Grindel en 2004 dans lequel celui-ci affirmait que le multiculturalisme était « un mythe, un mensonge ». Des paroles dont le patron de la DFB a aujourd’hui du mal à se départir.
Et ne pas s’exprimer clairement à propos des abus subis par Özil a constitué une erreur, admet-il à présent, ajoutant: « L’important est que l’on s’en tienne aux valeurs de la DFB, le respect, la tolérance, le fair-play, la liberté d’expression et la liberté de la presse ».
Des valeurs éloignées de celles du dirigeant turc, souligne-t-il : « Cette image avec Erdogan a énervé nos fans, parce que leur président Erdogan ne soutient pas ces valeurs ».
Cette semaine, le sélectionneur de la Mannschaft, Joachim Löw, a également rejeté toute idée de racisme en équipe nationale en annonçant son premier groupe depuis la piteuse élimination de son équipe au premier tour du Mondial en Russie.
Reinhard Grindel estime d’ailleurs que la porte n’est pas fermée si Mesut Özil change d’avis, lui qui compte déjà 92 sélections, même s’il considère « frappant » que le milieu d’Arsenal n’ait pas discuté de sa retraite internationale avec le sélectionneur.