Société

Mohamed Belahrach, le « don juan » assassin

Il avait tout d’un jeune homme normal,  «cool», gentil et bon vivant, figure derrière laquelle il cachait son vrai visage : un dangereux criminel reconnu coupable du meurtre de cinq femmes.

Au départ, d’aucuns estimeraient que rien ne le prédestinait à devenir tueur. Il a grandi au milieu d’une famille, a été inscrit à l’école, était aimé des siens… Pourtant, dans les annales de la criminologie marocaine, Mohamed Belahrach est un cas d’école du pervers sexuel, auteurs de plusieurs meurtres sur des femmes.

Il est venu au monde le 8 août 1956, dans le quartier Bouchrit à El Jadida.  Mohamed se voit éjecté du circuit scolaire en raison de son attitude trop violente. Dès son adolescence, il plonge dans les « plaisirs d’adultes », lorsqu’il  découvre à quelques rues de chez lui, les maisons closes de Derb El Hilali et Derb El Barkaoui. Mohamed y trouve non seulement goût, mais en fait pratiquement un passage quotidien obligé.

Vers 18 ans, celui-ci décrochait quelques jobs par-ci par-là et dépensait tout son pécule chez les tenancières des maisons closes d’El Jadida. Alcool, prostituées, jeux d’argent… il n’épargnait rien. Dans la presse judiciaire, on lui prêta même le surnom de « bulldozer sexuel et citerne de vin rouge ». Mohamed était un habitué du camping sur la plage d’El Jadida, où il était connu pour sa musique à haut volume et ses soirées fantasques avec ses nombreuses conquêtes féminines.

Son rythme de vie était ainsi ponctué et, au bout d’un moment, ses maigres finances ne suivaient plus. Accro, il lui fallait trouver de l’argent. La solution, Mohamed la trouva dans le meurtre d’une maquerelle de Derb El Hilali, afin de s’approprier son butin. C’était en 1993. Aicha –la victime- était cinquantenaire. Elle sera retrouvée chez elle, à moitié. Le meurtrier lui assené un coup de poignard dans le dos.

Un crime dont il sortira indemne, en dépit du fait qu’il ait laissé sur place deux mégots de cigarette et des traces d’empreintes digitales. Deux personnes (M’hamed Nouri et Abdelouahed El Mouli) aperçues près des lieux du crime seront accusées à tort dans cette affaire. Elles purgeront à tort neuf années de prison, ce à quoi Mohamed Belahrach restera totalement indifférent.

Aux yeux de tous ceux qui le connaissaient, Mohamed était le « coureur de jupons » cool, rieur, sociable. Son autre face cachée, cependant, était de loin plus cruelle.

Il lui fallait de l’argent pour financer ses plaisirs et puisque cela avait « marché » une fois,  il n’y avait pas de raison que cela ne marche pas à nouveau. Mohamed opta pour la récidive et c’est ainsi que la boucle meurtrière commença : C’est dans le milieu de la prostitution et du proxénétisme qu’il trouvait ses victimes. Il les tuait puis les dépouillait.

Sa seconde cible s’appelait Amina. Près d’une année après son premier crime, cette proxénète à Derb El Hajjar est retrouvée dans les mêmes circonstances que sa précédente.

Un an plus tard, Mohamed adoptera le même modus operandi pour anéantir Yzza, sa troisième victime, ainsi que la fille de cette dernière. Le tueur a poignardé Yzza avant de s’attaquer à sa fille occupée à préparer le repas. Les quatre crimes ont tous été enregistrés comme perpétrés par un inconnu, tandis que le tueur continuait à roder libre et insoupçonné.

Le plus remarquable de tout, est le sang froid dont il faisait preuve. Dans l’entourage où les crimes ont été commis, il prenait même part aux discussions qui animaient les cafés ou les bars au sujet de ces crimes. Il décryptait, condamnait et théorisait sur les circonstances et les mobiles des meurtres qui ont semé la panique chez ces professionnelles de la prostitution à El Jadida. Soulignons qu’il aurait même été présent au procès des deux personnes accusées à tort du meurtre d’Aïcha.

Sa chance joua contre lui en 2001, lorsqu’il tenta de s’attaquer à une vendeuse de lapins. Les cris de celle-ci alarmèrent tout le voisinage, l’empêchant de mettre à exécution son plan meurtrier. Les jeunes du quartier ont accouru et encerclé le criminel. Voyant que l’étau était indéniablement refermé sur lui, Mohamed tentera de se suicider, ce que toute l’assistance ne le laissera pas faire.

Au cours de la procédure judiciaire enclenchée contre lui, le criminel reniera ses crimes bien qu’il les ait avoué auparavant devant le juge d’instruction, allant jusqu’à prétendre que ses aveux résultaient de pressions et de sévères traitements de la part de la police et arguant que toute cette histoire n’est qu’une mise en scène montée contre lui par la presse.

Mohammed Belahrach a été reconnu coupable par le tribunal de meurtres et de vol, après que toutes les preuves de sa condamnation aient été réunies. Ses crimes avaient bouleversé l’opinion publique locale et nationale, car le tribunal avait déjà condamné deux autres personnes pour une peine de prison dans les mêmes affaires, avant de découvrir que le vrai coupable était encore libre. Mohammed Belahrach a été condamné à mort en octobre 2001 par la chambre criminelle près la cour d’appel d’El Jadida. En août 2010, il s’est éteint succombant aux suites d’une longue maladie.


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