Une croissance sans sens
La croissance pose problème dans le monde par l’absence d’équité et de productivité. Au Maroc, il y a absence de croissance tout court. Car, les niveaux bas réalisés depuis au moins cinq années, en moyenne 3%, restent très insuffisants pour la création de richesse, notamment en matière d’emploi.
Notre pays a besoin d’une croissance moyenne d’au moins 6% par an sur les cinq années à venir. De plus, deux préalables s’imposent afin que cette croissance ait un sens. Un, il faudrait que la valeur créée soit équitablement répartie entre les citoyens. Deux, il faudrait que la richesse générée aboutisse à la création d’emplois de façon à réduire le chômage à des niveaux inférieurs à 8%.
En dehors de cet état de fait, une croissance élevée ne servirait à rien. En Afrique subsaharienne, par exemple, des pays qui ont réalisé des taux de performances parmi les meilleurs au monde vivent dans une précarité quasi- totale. D’autres facteurs entrent en jeu dont la mauvaise gouvernance, l’opacité et la corruption.
Étienne Giros, président délégué du Conseil français des investissements en Afrique, dénonce ce phénomène en soutenant que le continent ne profite pas pleinement de ses richesses naturelles à cause des politiques publiques menées, entachées par la prévarication qui tire ces pays vers le bas. Au Maroc, le modèle de développement, basé sur la clémence du ciel, a atteint ses limites et quand bien même on arriverait à réaliser des taux de croissance de l’ordre de 5%, cela ne se ressentirait nullement sur l’économie en général et le quotidien du citoyen en particulier. C’est pourquoi chaque année qui passe sans que l’on revoie de fond en comble ce modèle coûte très cher à des dizaines de milliers de jeunes et condamne des générations à la précarité. Nos décideurs, dans le confort de leurs bureaux, paraissent peu se soucier de ce facteur temps qui continue, malheureusement, à plomber notre avenir.