Quelle importance pour l’éducation préscolaire au Maroc?
Dans tous les pays où le système éducatif est verrouillé et efficace, l’intérêt accordé au cycle préscolaire est tout aussi grand qu’à ceux supérieurs. Ce n’est en rien une annexe ou un apparat, mais bien la balise de construction d’une nation. Cette vérité, nous avons pris bien trop de temps à l’assimiler chez nous, et ceux qui en ont compris l’importance en ont fait leur pain bénit et la source d’un business des plus prospères. Le cycle préscolaire ne sert pas seulement à occuper les enfants en bas âge de parents ne pouvant les superviser à la maison. Il est loin, également, de se résumer à l’apprentissage de chansonnettes et au dessin.
Le préscolaire développe, entre autres, les capacités sensorielles de nos bambins par des activités ludiques et permet de déceler tout éventuel dysfonctionnement psychique ou moteur. Il forge, dès les premiers mois de l’existence, les compétences de ces petits citoyens et instaure les bases de leur équilibre psychologique. Voilà pourquoi les références des ressources recrutées dans cette catégorie d’écoles doivent être solides et leurs connaissances en pédagogie infaillibles. Force est de constater, hélas, que de nombreux businessmen de l’éducation ont davantage misé sur la rentabilité et la forte demande que sur la qualité de la prestation.
On mobilise un établissement, on y recrute des éducatrices sans formation pédagogique ni psychologique aucune, aux méthodes apprises à tâtons sur le terrain, et sous-payées qui plus est. On achète un lot de jouets et d’autres équipements, histoire de taper à l’œil des parents. On choisit aussi un nom «sexy» au projet et le tour est joué ! Ajoutons à cette offre la promesse de s’appuyer sur des méthodes à la Montessori ou autre concept en vogue, et la facture s’envole dès lors à quelques milliers de dirhams. Et nul besoin de rechigner car tant qu’il n’y aura ni barème, ni gouvernance claire dans cette activité et encore moins de contrôle, tout y sera permis. Tant, aussi, que le chantier de généralisation du préscolaire public n’est pas non plus bouclé, seul le diktat du business continuera de faire sa loi.
Meriem Allam / Les Inspirations Éco