PME, merci les banques !
Tout le monde parle des PME au Maroc et tout le monde feint d’en faire une priorité. Sur le terrain, les PME qui arrivent à survivre doivent cet exploit à un seul partenaire: leur banquier. Car une seule réalité prévaut aujourd’hui: le refus quasi-systématique du règlement de factures par les établissements publics, dont les gros donneurs d’ordre, pour des motifs souvent «farfelus». Les exemples sont légion: de grandes institutions publiques -et leurs filiales- ne se gênent pas en cumulant des délais de paiement qui dépassent parfois une année après remise et fin de la prestation. Les patrons des PME sont appelés à faire le tour des administrations pour recouvrer leurs factures avant de se voir, au bout de plusieurs mois, priés de refaire les factures pour un ou deux centimes de différence, et de les remettre à nouveau dans ce circuit infernal. Seul l’entrepreneur a réellement conscience de l’ampleur de ce récit, pour l’avoir vécu plusieurs fois, avec son banquier qui partage cette galère.
D’ailleurs, certaines banques au Maroc jouent un rôle plus social que commercial quand elles se voient obligées de débloquer des salaires ou de forcer les facilités afin de permettre le règlement d’une facture qui conditionne le bon fonctionnement de l’entreprise. Pendant ce temps, les crédits inter-entreprises atteignent un niveau record de 400 MMDH, soit la moitié des crédits à l’économie issus des banques marocaines. Cela veut tout simplement dire qu’à défaut d’être payées, notamment par les administrations et établissement publics et assimilées, les PME ne se paient plus les unes les autres. Une situation des plus alarmantes qui devrait être hissée en priorité par le ministre de l’Économie et des finances après la fin des travaux des Assises de la fiscalité. Quand un entrepreneur vous dit que l’économie est à l’arrêt, il faudrait le croire car son préalable est d’abord son environnement de tous les jours. Un quotidien invivable.