L’oeuf et la poule
De ces Assises de la fiscalité, nous pouvons tirer des centaines d’analyses de par la diversité des interventions et des intérêts qui les ont guidées. Ahmed Réda Chami, président du CESE, toujours droit dans ses bottes, nous rappelle à juste titre qu’il n’y a point d’équité fiscale dans un système de rente. D’aucuns diront qu’il ne nous apprend rien. Oui et non. Effectivement, il n’y a pas de «sésame» dans cette déclaration. Non, car il a le mérite, du haut de sa fonction officielle, de mettre le doigt sur un mal auquel personne ne veut s’attaquer sérieusement. Économie de rente, système rentier, la rente tout court. C’est un cortège d’expressions que nous faisons défiler depuis une dizaine d’années – je parle au moins de cet édito et chez certains confrères – sans jamais trouver un gouvernement ou un responsable capable de mettre fin à ce phénomène qui plombe notre économie, au même titre que la corruption et la prévarication. C’est d’ailleurs là qu’on trouve l’essence même de la crise de confiance qui commence à s’éterniser.
Aujourd’hui, on parle d’un nouveau modèle de développement, d’une réforme de la fiscalité et de bonne gouvernance. Que nenni ! C’est mettre la charrue avant les boeufs et vendre une illusion qui coûterait, encore une fois, une bonne vingtaine d’années avant de reconnaître l’énorme échec.
D’ailleurs, les symptômes sont là. On parle de réforme fiscale avant de savoir quel modèle de développement prôner. On commence à esquisser les prémices du projet de nouveau modèle de développement sans même réfléchir aux préalables. Ces derniers sont une justice indépendante et puissante qui a la main lourde face à la corruption et la gabegie ainsi qu’une reddition des comptes qui met chaque responsable face à ses responsabilités avec une dissuasion pénale. Bref, de quoi bannir défi nitivement l’ombre de la rente et de la corruption. Sinon, on continue à ressasser l’histoire de l’oeuf et de la poule !