Équité fiscale
Le système fiscal marocain est marqué par des distorsions catastrophiques. C’est l’amer constat d’un expert et ancien ministre des Finances, ce qui a de quoi sérieusement inquiéter. Mohamed Berrada, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sait très bien de quoi il parle. Car au-delà de ses fonctions précédentes, l’homme a travaillé sur le programme scientifique des Assises de la fiscalité prévues en mai prochain. Franc, comme à l’accoutumée, il prône une équité fiscale, l’orientation de la fiscalité vers le financement productif et, in fine, le non-encouragement de la rente.
Or, ce qui plombe le système fiscal actuel, c’est justement son caractère rentier et la primauté du financement du fonctionnement au détriment de la stimulation des investissements. Autre mal dont pâtit ce système, c’est que beaucoup de gens continuent à échapper à l’impôt en toute impunité, quand d’autres bénéficient de dérogations injustifiées, à l’instar de certains segments de l’immobilier et de l’agriculture. C’est une autre facette de l’économie de rente qui continue à plomber l’économie générale du pays en sapant son potentiel de recettes. Il y a également le contrôle limité du système fiscal, faute de moyens. Là aussi, on perd des milliards. Les assises de la Fiscalité sont une occasion pour le faire. La solution incontournable n’est autre que l’élargissement de l’assiette fiscale.
Le Maroc y gagnerait beaucoup sans recourir à une pression sans cesse exercée sur la même population. Celle qui subit une retenue à la source, principalement la classe moyenne. Et celle qui fait preuve d’honnêteté dans ses déclarations fiscales. Il faut aller chercher d’autres niches -et elles sont nombreuses- au lieu de sanctionner les meilleurs de la classe. Il est donc temps de trouver une solution équitable et pérenne pour le secteur informel afin de l’intégrer sans grands remous. Il est plus que jamais temps de passer à l’acte et de dépasser les discours vides de sens.