Edito. Le prix caché de la conformité
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L’intention était bonne : protéger les entreprises contre les retards de paiement et sécuriser les transactions commerciales. Mais derrière les objectifs de la Loi 69-21, une autre réalité se dessine pour les TPE marocaines : celle d’un coût invisible, mais bien réel.
Depuis le 1er janvier 2025, les entreprises réalisant entre 2 et 10 millions de dirhams de chiffre d’affaires doivent se conformer à de nouvelles obligations : facturation digitalisée, contrats actualisés, suivi rigoureux des paiements. Une avancée ? Oui. Mais c’est aussi un casse-tête financier pour ces structures aux ressources limitées.
La mise à jour des contrats nécessite des frais juridiques pouvant atteindre 10.000 DH. L’adoption de logiciels certifiés représente un investissement annuel de 5.000 à 30.000 DH, sans compter les coûts de formation du personnel. Et que dire de la gestion de trésorerie ? Immobiliser jusqu’à 15% du chiffre d’affaires en réserves financières pour pallier d’éventuels retards de paiement, c’est autant de liquidités en moins pour investir et se développer.
Loin d’être anodins, ces coûts additionnels pourraient freiner certaines TPE, voire fragiliser leur rentabilité. Une loi visant à fluidifier les transactions commerciales ne devrait-elle pas, d’abord, s’assurer qu’elle ne met pas en péril ceux qu’elle entend protéger ? Si cette réforme marque un tournant nécessaire, elle rappelle aussi que toute contrainte réglementaire doit s’accompagner de solutions adaptées. Faute de quoi, elle risque de devenir un frein plutôt qu’un levier de croissance.
Hicham Bennani / Les Inspirations ÉCO