Maroc

Voitures de tourisme : le cadeau du fisc aux entreprises

La loi de finances 2025 apporte des changements significatifs en matière de fiscalité des voitures de tourisme, offrant aux entreprises de nouvelles opportunités d’optimisation fiscale.

L’année 2025 apporte son lot de changements en matière de fiscalité des voitures de tourisme, avec un cadeau fait par le gouvernement aux entreprises. Selon le Projet de loi de finances 2025, récemment adopté, une nouvelle mesure vient modifier le cadre fiscal régissant ces véhicules à partir du 1er janvier prochain. Cet ajustement, d’une portée significative, introduit des ajustements touchant les règles d’amortissement et la limite de la valeur d’origine de ces véhicules de tourisme. Un expert-comptable spécialisé en fiscalité des entreprises nous en dit plus :
«Ces changements visent à encourager l’investissement en réduisant la charge fiscale liée à l’acquisition de voitures de tourisme pour les entreprises.»

Plus grande marge de manœuvre pour les acquisitions haut de gamme Concrètement, qu’est-ce qui change ?
Tout d’abord, un changement majeur sur la limite fiscale de la valeur d’origine des voitures de tourisme. Cette limite, qui définit le plafond à partir duquel l’amortissement n’est plus déductible fiscalement, passe de 300.000 à 400.000 dirhams, soit une augmentation substantielle de 100.000 dirhams. Cette mesure offre aux entreprises une opportunité unique d’investir dans des modèles automobiles haut de gamme, tout en bénéficiant d’avantages fiscaux significatifs.

Du coup, cette hausse de la limite fiscale ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises désireuses d’acquérir des voitures de tourisme haut de gamme, sans pour autant subir une pénalité fiscale excessive. En effet, jusqu’à présent, les entreprises devaient être prudentes dans leurs acquisitions de véhicules onéreux, car l’amortissement sur la partie excédant les 300.000 dirhams n’était pas déductible fiscalement.

Grâce à cette nouvelle limite, les entreprises pourront désormais amortir fiscalement un montant plus élevé, leur permettant d’envisager l’achat de modèles automobiles haut de gamme sans risquer de compromettre leur situation fiscale. On peut aisément conclure que cette mesure offre une plus grande flexibilité aux entreprises dans leurs choix d’investissement, leur permettant d’opter pour des véhicules de meilleure qualité, plus sûrs et plus performants, tout en optimisant leur charge fiscale. Un avantage qui pourrait être particulièrement bénéfique pour les entreprises opérant dans certains secteurs d’activité spécifiques, tels que le transport de personnes, le tourisme ou encore les services de luxe.

Dans ces domaines, l’image de marque et le confort des véhicules sont des facteurs cruciaux pour attirer et fidéliser une clientèle exigeante. Un professionnel du secteur confirme : «Cette mesure permettra d’offrir une expérience de qualité supérieure aux clients, tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse.»

Cependant, il est important de souligner que cette hausse de la limite fiscale ne signifie pas nécessairement que toutes les entreprises devraient se précipiter pour acquérir des voitures haut de gamme. Comme le souligne un financier, «chaque entreprise doit évaluer ses besoins spécifiques et effectuer une analyse coûts-bénéfices approfondie avant de prendre une décision d’investissement». En effet, l’acquisition de véhicules plus onéreux implique également des coûts d’entretien et de fonctionnement plus élevés, qu’il convient de prendre en compte.

Optimisation fiscale renforcée grâce à la hausse de la déductibilité de l’amortissement
L’augmentation de la déductibilité de l’amortissement annuel des voitures de tourisme constitue un autre changement majeur introduit par le PLF 2025. Désormais, les entreprises pourront déduire jusqu’à 80.000 DH par an de leur résultat imposable, contre 60.000 auparavant. Cette mesure, couplée à la nouvelle limite fiscale de 400.000 DH pour la valeur d’origine des véhicules, offre aux entreprises une opportunité d’optimisation fiscale renforcée.

Comme l’explique un financier, «grâce à cette hausse de l’amortissement déductible, les entreprises pourront réduire davantage leur résultat imposable, réalisant ainsi une économie d’impôt substantielle». En effet, en amortissant une partie plus importante du coût d’acquisition des voitures de tourisme, les entreprises pourront diminuer leur base imposable, ce qui se traduira par une baisse de leur charge fiscale globale. Voici un exemple concret : prenons le cas d’une entreprise qui acquiert une voiture de tourisme d’une valeur de 500.000 DH en 2025. Avec la nouvelle déductibilité de l’amortissement à 80.000 DH par an, elle pourra déduire 400.000 DH de son résultat imposable sur une période de 5 ans, soit une économie d’impôt potentielle de plusieurs dizaines de milliers de dirhams.

Cette optimisation fiscale est d’autant plus intéressante que les nouvelles mesures s’appliquent aussi bien aux acquisitions en pleine propriété qu’au crédit-bail. Précision de taille : dans le cas du crédit-bail, la partie des redevances liée à l’amortissement sera également optimisée, offrant un allègement fiscal supplémentaire aux entreprises. Cela signifie que celles qui optent pour le crédit-bail pourront bénéficier d’une déduction fiscale accrue sur la partie amortissement des redevances, en plus des autres avantages liés à ce mode de financement.

Cet avantage fiscal pourrait être particulièrement bénéfique pour les entreprises opérant dans des secteurs où le parc automobile est un outil de travail essentiel, comme les services de transport, la livraison ou encore les représentants commerciaux. Quand on sait que pour ces entreprises, le renouvellement régulier de leur flotte de véhicules est crucial pour assurer la qualité de leurs services, la hausse de la déductibilité de l’amortissement leur permettra de réduire considérablement leur charge fiscale liée à ces investissements récurrents.

Cependant, il est important de noter que cette mesure ne s’applique qu’aux voitures de tourisme, et non aux autres types de véhicules utilisés par les entreprises. À titre d’exemple, les véhicules utilitaires, les camions et les engins de chantier ne sont pas concernés par ces nouvelles règles d’amortissement. Il s’agit d’une mesure spécifique aux voitures de tourisme, qui vise à encourager l’investissement dans ce type de véhicules.

En définitive, la hausse de la déductibilité de l’amortissement annuel des voitures de tourisme, conjuguée aux autres changements introduits par le PLF 2025, offre aux entreprises une opportunité unique d’optimiser leur fiscalité liée à l’acquisition de ces véhicules. Cet avantage devrait encourager les investissements dans le renouvellement et la modernisation des parcs automobiles, tout en allégeant la charge fiscale des entreprises concernées.

Un pari gagnant-gagnant pour l’État et les entreprises ?
L’une des principales caractéristiques des nouvelles mesures fiscales concernant les voitures de tourisme est qu’elles ne s’appliquent qu’aux acquisitions réalisées à partir de 2025. Les véhicules déjà en possession des entreprises ne sont pas concernés par ces changements. Ces mesures visent à encourager le renouvellement du parc automobile des entreprises, en leur offrant des conditions fiscales plus avantageuses pour l’acquisition de nouveaux véhicules.

En effet, l’État incite ainsi indirectement les entreprises à remplacer leurs véhicules vieillissants par des modèles plus récents et plus performants. Le renouvellement régulier du parc automobile est essentiel pour garantir l’efficacité opérationnelle des entreprises, réduire les coûts d’entretien et d’exploitation tout en offrant un meilleur service aux clients.

Cependant, ces mesures incitatives auront un coût pour l’État, du moins à court terme. Comme l’explique un analyste, «ces ajustements fiscaux entraîneront une baisse des recettes fiscales dans un premier temps, car les entreprises bénéficieront de charges déductibles plus élevées, réduisant ainsi leur base imposable».

Néanmoins, il nuance son propos en ajoutant que «d’un autre côté, ces mesures devraient stimuler l’investissement des entreprises et, par conséquent, la croissance économique à moyen et long terme, ce qui pourrait compenser cette perte initiale de revenus fiscaux».

En effet, en facilitant l’acquisition de nouveaux véhicules, l’État encourage indirectement les entreprises à investir et à moderniser leurs outils de travail. Ces investissements auront un impact positif sur la productivité et la compétitivité des entreprises, ce qui pourrait se traduire par une hausse de leur activité et de leurs bénéfices. Cela se répercutera sur les impôts qu’elles paieront à l’État, compensant ainsi la baisse initiale des recettes fiscales.

De plus, le renouvellement des parcs automobiles pourrait avoir des retombées positives sur d’autres secteurs économiques, tels que l’industrie automobile et les services liés à l’entretien et à la réparation des véhicules. Soulignons qu’en stimulant la demande, ces mesures fiscales pourraient dynamiser l’ensemble de la filière automobile marocaine, créant ainsi de l’emploi et de la croissance économique.

Entre avantages fiscaux et équilibre budgétaire

Il est important de noter que ces mesures ne constituent qu’un volet parmi d’autres du PLF 2025. Ainsi, l’impact global de cette loi sur les finances publiques et l’économie marocaine dépendra de l’ensemble des dispositions qu’elle contient ainsi que de la capacité des entreprises à saisir ces opportunités fiscales pour investir et se développer.

En définitive, les nouvelles mesures visant à encourager le renouvellement du parc automobile des entreprises semblent présenter des avantages à la fois pour les entreprises et pour l’État. Si elles offrent des avantages indéniables aux entreprises, leur permettant d’optimiser leurs investissements dans les voitures de tourisme, elles ne concernent cependant pas les particuliers. Elles reflètent ainsi la volonté de l’État de soutenir les entreprises et de favoriser leur compétitivité, tout en maintenant un équilibre délicat entre incitations fiscales et préservation des recettes budgétaires.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO



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