Vaccin anti-covid au Maroc: ce que l’on sait sur son lancement
Le directeur du laboratoire de biotechnologie de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Azeddine Ibrahimi revient, dans un entretien à la MAP, sur le lancement dans les prochaines semaines d’une opération massive de vaccination contre la Covid-19, conformément aux Hautes orientations de SM le Roi Mohammed VI.
1- Quel est l’objectif de la Campagne de vaccination anti-covid-19 qui aura lieu bientôt au Maroc?
C’est très clair que pour plus ou moins combattre la pandémie de la Covid-19, il faut avoir une immunité soit naturelle, soit acquise. L’immunité naturelle, c’est ce qui arrive en ce moment, c’est à dire que les gens qui vont être affectés par le Coronavirus développent des anticorps leur permettant de combattre le virus.
Pour ce qui est de l’immunité acquise, il s’agit d’utiliser un vaccin. A ce propos, j’assure que cette opération est maîtrisable : le vaccin va à travers un antigène permettre au corps de développer des anticorps qui vont combattre, une fois qu’on attrape le virus. Ce procédé est intéressant parce qu’il permettra d’avoir une immunité acquise pour combattre le virus, ce qui est essentiel pour apporter une solution radicale face aux épidémies ou pandémies.
2- Qu’en est-il de la faisabilité d’une telle campagne massive ?
C’est très intéressant de parler de ce volet parce qu’il y a risque de confondre beaucoup de choses, notamment entre le développement d’un vaccin, qui est une étape à part et la vaccination de masse, qui en est une autre.
Quand il y a une pandémie ou une épidémie, ce qu’on va faire au départ, c’est caractériser l’agent pathogène, puis proposer des antigènes qui vont créer des anti-corps. Ensuite, on procède à des tests chez les animaux et par la suite chez les humains, avant de développer un vaccin qui doit obligatoirement avoir les autorisations nécessaires de mise sur le marché, en particulier les trois qualités essentielles qui sont la toxicité, l’efficacité et la qualité de production.
Ces critères vont permettre aux agents compétents de donner l’autorisation du vaccin. Au Maroc, l’administration en charge de cette mission est la direction de médicaments et de pharmacie.
L’accent a été mis sur la manière de faire parvenir le vaccin dans de bonnes conditions ? comment choisir et sélectionner les catégories de personnes ? qui seront les premiers ? et donc là on passe à une autre étape, une autre dimension. C’est pour cela qu’on a besoin d’une approche collaborative avec, notamment, tous les acteurs concernés comme le ministère de la Santé pour permettre une distribution efficace.
3- Sur quelle base les catégories ciblées en premier par la vaccination ont été choisies ?
Au Maroc, nous avons déjà une culture de vaccination, donc nous avons des rouages bien précis. Ainsi il faut rappeler que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà sorti des recommandations sur comment faire la vaccination de masse et, donc, il y a une priorité pour les gens qui vont le recevoir en premier. Nous allons commencer par le personnel de la Santé, de la Sûreté nationale et des autorités locales car ils sont en première ligne dans la lutte contre cette pandémie.
La deuxième partie cible les personnes qui sont plus ou moins vers un âge particulier et qui ont, par exemple, des pathologies ou des maladies chroniques, c’est quelque chose d’essentiel. Tout cela dans un souci bien précis, parce que nous aurons un nombre réduit de doses au départ à peu près 10 millions de doses et on va essayer de le faire, selon les priorités. C’est quelque chose d’essentiel qui va ouvrir la voie par la suite à avoir le vaccin.
4- Comment répondre aux réticences face à la vaccination anti-Covid-19 ?
Il faut savoir que la communication est une chose essentielle avant toute campagne de vaccination de masse, afin de permettre aux gens de bien comprendre de quoi il s’agit, loin de toute théorie de complot.
Heureusement que nous avons cette culture de vaccin au Maroc, parce que le vaccin est un ensemble de technologies très anciennes qui étaient là et qui ont permis en fin de compte à tout le monde d’avoir une très bonne santé.
Je rappelle aussi que pour la première fois, on est en train de développer un vaccin et donc là, on est en train de dénicher des choses dans le processus, alors que ce processus, on l’a toujours utilisé pour avoir des médicaments. C’est le même processus de thérapie particulière, il est obligatoire de passer par un processus d’autorisation qui est extrêmement sévère. En effet, aucune firme ne va risquer de proposer un vaccin qui n’est pas très bon, parce que cela va ruiner tout son business.
En tant que Marocain, j’invite tout le monde à se vacciner déjà pour la grippe saisonnière, surtout pour les gens qui sont en situation de précarité sanitaire.
J’estime que tout le monde comprendra que s’il ne fera pas le vaccin pour lui, il le fera pour les autres et j’espère que tous les Marocains vont s’impliquer dans cette campagne.
Oumaima BERGUIG