CarrièreMaroc

«Une université doit être gérée comme une entreprise»

Abdellatif Miraoui, président de l’université  Cadi Ayyad

Rencontré à l’occasion du lancement de nouveaux masters par l’université Cadi Ayyad qu’il préside depuis 2011, Abdellatif Miraoui donne sa vision  pour le décollage de l’université marocaine.

Les Inspirations ÉCO : L’université Cadi Ayyad multiple les distinctions. Quel est le secret de cette réussite ?
Abdellatif Miraoui : Le secret réside dans les forces vives de l’université. Aujourd’hui, le vrai investissement est celui déployé dans le capital humain. Je pense que notre université, peut-être un peu plus que d’autres, dispose d’un capital humain compétent notamment, les enseignants-chercheurs, le personnel administratif et technique. Notre équipe a tout fait pour trouver des solutions et élaborer une stratégie adéquate. Lorsque je suis arrivé en 2011, nous avons travaillé un an et demi sur la stratégie 2013-2016. Maintenant, nous sommes en train de cueillir les fruits de notre travail.

Comment définissez-vous une université ?  
Une université, c’est comme une entreprise. Il faut définir les règles du jeu et ensuite, canaliser les efforts. Je dis souvent aux enseignants-chercheurs qu’il faut être persévérant. L’investissement d’aujourd’hui ne se verra que dans les quatre ou cinq années à venir.

Quels sont les critères qui ont donné à l’université Cadi Ayyad ce rayonnement international ?
Il existe, en gros, deux genres de classements de dimension internationale. Il y a celui de Shanghaï et celui du Times Higher Education (THE). Le classement de Shangaï requiert des Prix Nobel. Malheureusement, nous ne pouvons pas recruter de Prix Nobel. Mais on a l’espoir de voir un jour un Marocain recevoir le Prix Nobel. Je pense que notre pays est capable de réaliser un tel exploit, compte tenu de sa jeunesse. Quant au classement THE, ce dernier se base sur les publications et leur impact sur la science et sur la recherche dans le monde entier. Il se base, également, sur les innovations en matière de recherche, de pédagogie et de gouvernance. Le rayonnement à l’international, notamment, la mobilité des enseignants et étudiants aux congrès internationaux est important. Enfin, l’insertion professionnelle des lauréats, les contrats et les levées de fonds sont d’autres critères qui entrent en jeu. L’ensemble de ces éléments font que nous sommes la première université marocaine, la 15e en Afrique, la 1ère université francophone. Pour la première fois dans l’histoire des universités marocaines, Cadi Ayyad a intégré le classement de Shangaï dans les mathématiques, nous sommes les premiers au Maghreb et 2e en Afrique et on est 2e en physique.

Quels sont aujourd’hui les défis de l’université ?
Ils sont nombreux. Il s’agit, avant tout, de s’aligner sur les standards internationaux en matière d’apprentissage, de méthode, d’innovation pédagogique et d’insertion professionnelle. Ces points sont inscrits dans les objectifs tracés dans la stratégie 2013-2016 et repris dans la stratégie 2017-2019. Nous avons été les premiers à  introduire le numérique à travers les MOOC (Massive open online course). Désormais, on a 150 modules, nous espérons en atteindre 400.

Combien d’étudiants accueille l’université Cadi Ayyad ?
Cette rentrée, nous avons dépassé les 102.000 étudiants. On était à 85.000 étudiants, nous avons la plus forte augmentation au niveau des universités du monde, parce que, l’université a une notoriété et une image et, du coup, les étudiants viennent de partout. L’université est très attractive. Je pense que c’est un nouveau défi qu’on doit relever et on doit trouver plus de place. On est obligé d’innover avec l’introduction de tout ce qui est langues, «Soft Skills» et «Life Skills». C’est inédit, l’université Cadi Ayyad a mis en place 20% des contenus de toutes les formations des masters en «Soft Skills et en langues». Tout cela nous rapproche des standards internationaux américains et européens. Car, nous avons réalisé que l’un des problèmes majeurs de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés, issus de milieux modestes, c’est la barrière des langues et le déficit en compétences transversales. C’est-à-dire, le savoir-être, le savoir-vivre et les nouvelles technologies.

La question des budgets dédiés aux universités est aussi cruciale…
Oui. Généralement, les universités qui ont d’importants moyens sont bien classées et elles sont situées à un niveau plus élevé.

C’est le cas pour Cadi Ayyad ?
Je pense que si on avait plus d’argent, on réaliserait plus de prouesses. Mais à mon avis, ce n’est pas un problème de moyens. C’est d’abord un problème de projets et de motivation. Je pense que notre université bénéficie de conditions favorables. L’innovation viendra lorsque les forces vives auront envie de travailler.

Comment sont financées les universités marocaines ?
Les universités sont financées grâce aux subventions de l’État qui représentent, dans le cas de notre université, environ 88%. Les 12% restants, on les cherche à travers des levées de fonds. En résumé, l’université Cadi Ayyad fonctionne avec un budget de 1 milliard de DH.  

On comprend pourquoi vous avez dit qu’une université, c’est comme une entreprise….
Souvent, on a tendance à oublier que l’université Cadi Ayyad compte 2.300 salariés. L’université génère toute une économie au niveau de la région, chose que je n’arrête pas de répéter aux collectivités locales.


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