Une étude de réhabilitation du quartier Mellah d’Essaouira
Les tissus anciens comme les médinas constituent aujourd’hui un lieu intense de vie sociale, cultuelle et économique, qui font la fierté du Maroc. Ces entités à grande portée historique et identitaire sont malheureusement sujette à différents aspects de dégradation et de détérioration (physique, sociale et fonctionnelle) qui menace leur pérennité.
Considéré comme un héritage matériel et immatériel qui interpelle à la fois le passé, le présent et le futur, à travers différents facteurs culturels, économiques et sociaux, jeudi, à l’occasion d’un workshop organisé dans la cité des Alizés, il a été annoncé qu’une étude sur la réhabilitation du quartier Mellah a été lancée.
Cette initiative a été initiée par le Centre international de recherche et de renforcement de capacités (CI2RC) relevant de l’École supérieure de technologie d’Essaouira (ESTE) et la Fondation allemande Friedrich Naumann.
L’étude intitulée « le quartier Mellah entre réhabilitation et viabilité socio-économique », sera réalisée dans le cadre d’une démarche participative et de consultation citoyenne, associant les différentes parties prenantes de la ville. Elle s’assigne pour principaux objectifs d’identifier les attentes de la population en termes de réhabilitation (besoins en équipements, infrastructures, divers services, commerces de proximité, sécurisation…), d’évaluer la satisfaction de la population ayant bénéficié des travaux de réhabilitation déjà mis en place, et de repérer les Activités génératrices de revenus (AGR) qui peuvent être entreprises par les jeunes pour lutter dans la perspective de leur permettre de développer des activités entrepreneuriales.
L’étude permettra, par la même occasion, d’interroger les citoyens sur leur perception du quartier Mellah à l’égard des travaux de réhabilitation, de soulever les contraintes et les problèmes relatifs à la réhabilitation et d’analyser les attentes de la population, de proposer aux acteurs de la cité des Alizés les priorités locales identifiées par les parties concernées, de déterminer aussi bien les différentes actions possibles pour faire de ce quartier un véritable modèle.
« La médina d’Essaouira est sujette à de nombreux travaux de réhabilitation qui traduisent la vision clairvoyante du roi visant à redonner vie et à préserver ce riche patrimoine matériel et immatériel si singulier du royaume », a declaré
Khouloud Kahime, présidente du CI2RC et professeure à l’ESTE
Rappelant que le quartier Mellah, ancien quartier juif de la ville, a été construit à partir de 1809 sous l’ère du sultan Moulay Slimane, Khouloud Kahime a relevé que ce quartier aux potentialités historiques et patrimoniales pourra devenir le «pivot» de l’ancienne médina surtout pour le secteur touristique.
Néanmoins, la présidente a rappelé que ce quartier demeure encore vulnérable sur plusieurs fronts. Le plan socioéconomique connaît une forte densité de la population et un taux de chômage élevé, sur le plan du bâti, beaucoup de maisons sont en ruine ou menacées, et le plan environnemental n’est pas épargné par l’humidité dans les murs et les sols ce qui impacte sérieusement les infrastructures et constructions. Le plan architectural n’est pas préservé, étant donné que le Mellah recèle une architecture spécifique caractérisée notamment par des constructions sensibles et des matériaux de construction (Manjour), les Maâlems sont en voie de disparition et la relève s’avère difficile.
Cette complexité de problèmes rend, certes, la réhabilitation de ce quartier compliquée, coûteuse et difficile, mais malgré toutes ces contraintes, le Mellah possède des potentialités historiques, culturelles et patrimoniales à grande valeur qui pourront l’ériger en «pivot» culturel, touristique et économique de l’ancienne Médina de la cité des Alizés, a soutenu Khouloud Kahime.
Dans cette optique, elle a affirmé que les initiateurs de cette étude se sont engagés à réaliser un travail sur le quartier Mellah, dans le cadre d’une approche participative, en se projetant à la fois sur la réhabilitation et la viabilité socioéconomique.
En ce qui concerne la méthodologie adoptée pour mener à bien cette initiative, K. Kahime a indiqué que trois types de questionnaires ont été élaborés à cette fin : le premier porte sur l’analyse des attentes de la population vis-à-vis du projet de réhabilitation du quartier Mellah, le 2e a trait à la satisfaction des habitants du quartier par rapport à cette réhabilitation, alors que le 3e concerne le profil des jeunes du quartier Mellah dans la perspective d’appréhender dans quelle mesure ils peuvent développer des activités entrepreneuriales.
Ainsi, la réhabilitation, la restauration, la revitalisation, la réactualisation et la sauvegarde sont autant de concepts qui nourrissent, désormais, le discours et l’action aussi bien sous l’angle spatial, social, économique et environnemental que sous l’angle culturel et patrimonial. Dans ce contexte et vu sa valeur historique et culturelle reconnue par la communauté internationale, l’architecture monumentale d’Essaouira a fait l’objet de travaux d’inventaire et, pour certains, d’un classement comme patrimoine mondial.
L’intérêt porté à la médina et au quartier Mellah d’Essaouira dans les années 80 s’est accentué au milieu des années 90, notamment par la mise en œuvre du programme Agenda 21, le soutien de l’UNESCO et les nombreuses études initiées par le Département de l’habitat et de l’urbanisme. Le Mellah d’Essaouira a une délimitation historique et sociale claire. Construit au début du XIXe siècle sous l’ère du sultan Moulay Slimane, il est l’un des 7 quartiers de la Médina d’Essaouira, sachant que la trame urbaine originelle demeure intacte malgré l’effondrement de certaines constructions et la modification de certaines bâtisses