Un premier centre d’accueil pour 2019 ?
La première unité devrait être opérationnelle en 2019, à Marrakech. Le projet est mené en collaboration avec la GIZ, agence de coopération allemande.
Le premier essai pour installer un centre pour l’accueil de migrants était l’œuvre de la Suède, il n’a pas été concluant et ce pays scandinave a fini par retirer son projet en septembre 2017. Le deuxième essai se fera par le biais d’un partenaire solide et tenace du Maroc, l’Allemagne. À travers la GIZ, l’agence de coopération internationale allemande pour le développement, la ville de Marrakech devrait ouvrir «un centre d’accueil et d’orientation au plus tard en 2019». Ce centre s’inscrit dans le cadre d’un plan d’action entre le Conseil municipal et la GIZ. Le centre de Marrakech se basera sur l’expérience de centres similaires en Turquie.
Plusieurs projets en cours
Le travail allemand a fini, visiblement, par payer. Pourtant, le gouvernement marocain avait exprimé en février 2017 son «refus d’accueillir des centres de transit pour migrants». Selon nos informations, le projet marrakchi suscite l’ire du département des MRE, qui se voit empiété sur ses prérogatives. De leurs côtés, des sources associatives estiment que «la multiplication de ces projets de centres n’aurait pas pu émerger sans le feu vert du gouvernement», pense un responsable associatif, ayant requis l’anonymat.Pour adoucir la position marocaine, les pays européens exerçant leur lobbying veulent faire accepter ces centres en les présentant comme des centres ouverts à l’ensemble de la population et non seulement aux migrants irréguliers se trouvant au Maroc. Pour voir le jour, ces projets devraient recevoir l’aval des autorités centrales et trouver des partenaires locaux. Les partenaires institutionnels marocains pressentis pour gérer les futurs centres seraient les Centres de sauvegarde de l’enfance affiliés au ministère de la Jeunesse et du sport, d’un côté et de l’autre, l’entraide nationale. La deuxième piste est pour le moment en stand-by, à la demande du département de Hakkaoui.
L’OIM défriche le terrain
D’autre part, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), acteur de poids sur l’échiquier migratoire au Maroc pousse ses pions pour préparer les acteurs pour la création «éventuelle» de centres d’accueil pour les personnes victimes de traite et les mineurs non-accompagnés. «Nous n’avons pas pour mission de créer ou gérer des centres d’accueil. C’est une prérogative souveraine du gouvernement marocain», nous précise Anas Fonseca, chef de mission de l’OIM au Maroc, lors du point de presse organisé par l’ONU, le 14 décembre à Rabat. Les ONG se sont inquiétées l’été dernier à la lecture de l’appel d’offres de l’OIM Maroc à ce sujet. L’organisation intergouvernementale spécialisée sur les migrations est à la recherche d’un consultant pour définir les «lignes directrices sur l’application des procédures internationales et nationales concernant l’hébergement d’urgence et les centres de jour pour les mineurs non-accompagnés». «Nous cherchons à produire un guide de procédures pour prendre en charge cette population spécifique. Nous n’avons nullement la volonté de créer de centre», insiste Eulàlia Figueras Civit, chargé du Programme régional de développement et de protection (RDPP) à l’OIM. L’OIM est toujours à la recherche d’un consultant pour cette mission. Précisons qu’il existe déjà au Maroc des centres d’hébergement d’urgence à Tanger, Fès, Rabat, Salé ou Casablanca pour des catégories de migrants vulnérables (mineurs, victimes de traite). Ces structures sont financées par des acteurs de la coopération internationale et gérées par des associations locales. Ces centres, souvent informels, consistent en la mise à disposition de migrants vulnérables d’appartements de location. «Ce type de prise en charge est une solution temporaire mais peut constituer un risque pour les personnes vulnérables. C’est pour cette raison que nous lançons notre consultation pour définir des normes de la prise en charge», selon E. Figueras Civit de l’OIM. Les inquiétudes exprimées à chaque reprise sur ce sujet par les associations des droits humains sont tirées des conclusions d’expériences similaires de centres de rétention et de détention dans les pays occidentaux. Les images de migrants marocains détenus dans les centres grecs, ou de subsahariens dans les centres turcs ou ceux des migrants détenus dans les centres australiens sont toujours dans les mémoires. Si ces centres voient le jour au Maroc, leur gestion sera un défi supplémentaire pour le respect des droits humains dans le royaume…
D’Ouled Ziane à Errachidia
La situation près de la gare Ouled Ziane, à Casablanca, demeure tendue. Les autorités sont en train de déplacer les 250 migrants irréguliers, en petits groupes vers la ville de…Errachidia. C’est dans la droite ligne de la stratégie de l’éloignement des zones frontières de l’Europe, poursuivie depuis 2014 par le ministère de l’Intérieur. Depuis deux ans, les migrants en transit sont ballotés entre Nador et les villes au centre du Maroc, créant les camps d’Ouled Ziane et de la gare ferroviaire de Fès. Dakhla et Laâyoune sont pressentis pour devenir les nouveaux points de chute forcés des migrants en transit. Éloignement, mais jusqu’à quand ?