Maroc

Un nouveau modèle politique s’impose

À l’heure où le Maroc entend réviser son modèle de développement, le débat sur le modèle politique, qui a montré ses limites, s’impose. D’aucuns appellent à la nécessité de lancer un dialogue national pour trouver des alternatives concrètes.

La crise de confiance dans les institutions est avérée, comme le démontrent les mouvements sociaux qui se sont succédé dans un très court laps de temps. Nombreux sont ceux qui estiment nécessaire le lancement d’un débat national pour déterminer la responsabilité de toutes les parties et pouvoir, ainsi, trouver des alternatives à même de faire renaître la confiance perdue dans l’échiquier politique. Il ne suffit pas de déterminer les responsabilités; encore faut-il agir afin de trouver des alternatives pour que chacun puisse assumer la responsabilité qui lui incombe. L’objectif est de redresser les dysfonctionnements du système politique actuel qui est vertement critiqué par les acteurs politiques eux-mêmes car il nourrit la confusion et ne permet pas de faire émerger une majorité gouvernementale claire. Les alliances sont hybrides, non basées sur une vision unifiée et claire, ce qui creuse le fossé entre les citoyens et la politique. La révision du modèle politique n’est plus un choix mais une nécessité, de l’avis des observateurs mais aussi de nombre de politiciens qui reconnaissent la faillite du système actuel, obsolète et miné par moult défaillances.

Réconciliation
La transition vers un nouveau modèle politique nécessite une réelle volonté politique, comme le souligne le politologue Ahmed El Bouz: «En l’absence de la volonté politique de tous les acteurs, on aura beau réviser les lois et organiser des élections, cela sera vain». En effet, la révision de l’arsenal juridique électoral au Maroc n’a pas permis une transition vers un nouveau modèle politique et un changement de fond de la pratique politique. La résolution de l’équation reste en suspens. Aussi est-il très important de lancer un dialogue national autour de ce dossier, de la plus haute importance. Certains politiciens estiment qu’il est temps de lancer le processus de réconciliation avec les partis politiques, à l’instar de ce qui a été fait pour les droits de l’Homme dans le contexte actuel marqué par l’unanimité autour des constantes du pays. Il faut marquer une pause stratégique pour trouver des réponses à court et à moyen termes, d’autant plus que le modèle politique est déterminant dans la définition des choix sociaux et économiques et leur mise en œuvre. «Il est l’heure de passer à une nouvelle étape, celle de la maturité», d’après un dirigeant politique. Parmi les enjeux les plus importants figure la nécessité pour les partis politiques de réoccuper leur rôle de médiation entre l’État et la société. Les formations partisanes, qui sont plus que jamais sur la sellette, doivent se remettre en cause en procédant à une sérieuse autocritique. Le diagnostic de l’échiquier politique établi par les politiciens eux-mêmes est sans appel: faiblesse de la démocratie interne, absence d’idéologie claire dans la majorité des partis, clientélisme dans la gestion des accréditations aux élections, opportunisme, communication politique défaillante comme en témoigne le discours politique, en déphasage avec les attentes des citoyens, absence d’un véritable débat d’idées… Le redressement de la situation s’impose car personne ne peut nier que les partis politiques ont un rôle important à jouer et sont des rouages vitaux dans l’exercice de la démocratie. Une grande partie des formations politiques n’assume pas sa mission d’encadrement, prérogative dictée par la Constitution et la loi organique relative aux partis politiques qui n’est visiblement pas érigée en priorité par les instances décisionnelles de la plupart des formations partisanes. Certains justifient cette situation par la faiblesse de financement qui impacte la mission d’encadrement des partis politiques.


Abdeljabbar Rachidi
Membre du comité exécutif
du parti de l’Istiqlal

Il faut tenir des assises nationales sur les partis politiques et la politique au Maroc en vue de définir les causes et les responsabilités ayant engendré cette inquiétante rupture avec la société et le manque de confiance. L’idée est d’agir pour renforcer les partis politiques afin de leur permettre de jouer leurs rôles, dont celui de médiation avec la société. La moralisation de la vie politique et sa revalorisation s’imposent».

Abdelali Hamidienne
Parlementaire et vice-président du Conseil national du PJD

La révision du modèle de développement englobe aussi bien le volet économique que politique. Le modèle politique souffre de nombreuses insuffisances qui doivent être résolues pour pouvoir trouver des solutions aux problèmes économiques. Le mouvement de boycott a été précédé par des événements politiques qui l’ont déclenché, dont la manière de traiter les protestations d’Al Hoceima ainsi que le blocage dans la formation du gouvernement».

Ahmed El Bouz
Politologue

Le modèle politique et partisan qui a prévalu pendant toute une phase (avec ses avantages et ses inconvénients) souffre actuellement de nombreuses insuffisances et est résolument dépassé. À un certain moment, le modèle politique et partisan était basé sur un clivage relativement compréhensible; ce n’est plus le cas actuellement. Une grande confusion règne au sein de l’échiquier politique».

 


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