Transport touristique : les opérateurs veulent des solutions pérennes
Se dirigerait-on vers la fin des tiraillements entre les transporteurs touristiques, les sociétés de location de courte durée et les organismes de financement au sujet du report des échéances de crédit ? Dans un récent communiqué conjoint, le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF) rappellent que les transporteurs touristiques et les sociétés de location de courte durée ont bénéficié des mesures mises en place par le Comité de veille économique (CVE), notamment le report des échéances de crédit conformément aux critères d’éligibilité prévus par ce comité.
Néanmoins, plusieurs demandes déposées auprès des organismes de financement restent non satisfaites sur la base des critères prévus et publiés par le CVE. S’y ajoutent des revendications que les organismes de financement considèrent ne pas concerner les membres du GPBM et de l’APSF. Contactée par la rédaction, la Fédération nationale du transport touristique (FNTT) liste des propositions. «Vu le caractère violent de l’impact de la crise sur le secteur et ses conséquences probablement durables, nous préconisons un plan spécifique au secteur, en deux temps», propose la FNTT, fédération affiliée à la CGEM et membre de la Confédération nationale du tourisme (CNT).
Cette feuille de route inclurait d’abord un plan d’urgence pour éviter le naufrage du secteur. Celui-ci consiste en la création d’un fonds de garantie sectoriel, dont la vocation serait de garantir auprès des organismes de crédit les différentes dettes qui ont servi aux investissements dans le parc des véhicules avant la crise de la Covid-19. Une garantie permettant aux professionnels de bénéficier d’un différé raisonnable adapté à l’ampleur de la crise et à ses répercussions, de réduire la charge de la dette grâce à des taux réduits. Cette garantie ciblerait les entreprises à gestion et structure financière saine avant la survenue de la Covid-19. D’autre part, la stratégie préconisée par la FNTT incluerait un plan de relance avec une double dimension, réglementaire et financière. La dimension réglementaire pourra faire l’objet d’un contrat-programme engageant toutes les parties prenantes. La dimension financière, quant à elle, favoriserait le renforcement des fonds propres des entreprises et l’allègement du poids de la dette. Le fonds stratégique Mohammed VI offre à cet égard une opportunité de financement adaptée à travers le fonds thématique dédié au tourisme.
«Nous suggérons que ces propositions fassent l’objet d’un débat dans le cadre d’un dialogue tripartite, pouvoirs publics, organismes financiers et professionnels», recommande la fédération sectorielle.
Pour Khalid Mohib, secrétaire général de la FNTT, il ne serait nullement exagéré de considérer le secteur comme étant «à l’agonie. Les mesures d’accompagnement décidées jusqu’à ce jour sont loin de lui éviter une mort annoncée, et de mettre ainsi sur le carreau des milliers d’emplois. Il faut cesser de procéder par petites réformettes ou par un toilettage des articles datant des années 60 (cahier des charges). Une telle démarche contribue à la complexification de la réglementation et à son manque de lisibilité». Ce qu’il faut, insistent les professionnels, c’est «une véritable refonte en profondeur de la réglementation, pour adapter la profession aux défis d’une mobilité intégrée, globale, multicanale et durable tout en tenant compte de l’impact structurant de la révolution numérique. La crise de la Covid-19 est une opportunité à saisir pour opérer sans tarder cette réforme tant attendue. Le contexte s’y prête».
Une épée de Damoclès
Le mur de dettes qui s’accumulent, s’amplifie et se dresse devant les professionnels du transport est une véritable épée de Damoclès qui rend leur survie improbable. En effet, les transporteurs touristiques et les sociétés de location de courte durée comptabilisent en tout plus de 57.000 dossiers de report d’échéances de crédit, totalisant un encours de crédits de plus de 5 MMDH. Dans un communiqué conjoint du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF), les organismes de financement indiquent qu’au regard du nombre important des dossiers à traiter, des moyens humains et technologiques ont été déployés au niveau des agences pour y répondre, dans toutes les régions du royaume. Par ailleurs, plusieurs réunions sanctionnées par des comptes-rendus ont été tenues avec la Fédération nationale du transport touristique sur les problèmes rencontrés en pratique par les transporteurs touristiques en vue de leur apporter les précisions et les propositions de solutions appropriées. «C’est dans ce même esprit que ce dialogue constructif demeure ouvert pour examiner avec la Fédération nationale du transport touristique (FNTT) la liste des demandes déposées auprès des organismes de financement concernés et non satisfaites sur la base des critères prévus et publiés par le CVE», souligne le communiqué des organismes de financement.
Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco