Maroc

Transport touristique : ça ne roule pas fort chez les opérateurs

Le projet de loi de Finances 2022 ne ravit pas tout le monde. Grande a été, en effet, la surprise des transporteurs touristiques qui s’attendaient à des mesures fortes de relance du secteur, alors que le durcissement des conditions de voyage, entre le Maroc et certains pays européens, vient aggraver la situation pour l’ensemble de la profession.

L’horizon s’assombrit davantage pour de nombreux professionnels, et en particuliers pour les transporteurs touristiques. Finie l’euphorie autour de l’arrivée massive des Marocains résidant à l’étranger, et des premiers débarquements de touristes internationaux, lors des vacances d’été, marquant les prémisses d’un début de reprise du secteur. En fait, pour les opérateurs, la fête n’aura duré qu’une saison. Une fois les MRE de retour dans leurs pays d’accueil, la galère des mois précédents s’est très vite réinstallée.

Et comme si cela ne suffisait pas, le sort a continué à s’acharner sur eux avec la suspension temporaire des vols en direction de trois pays européens et, par ailleurs, principaux pourvoyeurs de touristes du Royaume. Si cette mesure, qui concerne l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, a été finalement revue par le Département de Nasser Bourita exigeant, toutefois, que les voyageurs, à destination ou en provenance de ses pays, soient vaccinés et en possession d’une attestation de PCR datée de 48 heures au moins, la pilule ne passe toujours pas chez les transporteurs. Il faut savoir, en effet, que c’est avec les visiteurs étrangers que ces derniers réalisent l’essentiel de leurs chiffres d’affaires. C’est ce que confirme Samir Kizzi, vice-secrétaire général de la Fédération nationale du transport touristique au Maroc. Si le secteur du tourisme occupe la deuxième position, en termes de répartition des investissements prévus par la loi de Finance 2022, avec un montant de 4,08 MMDH, représentant 19% des investissements projetés, les transporteurs ont le sentiment, quant à eux, que leur sort intéresse peu le gouvernement.

«Nous sommes liés à deux ministères, ceux du Tourisme et du Transport. Mais jusqu’ici, nous n’avons aucun dialogue ouvert avec eux», fustige Kizzi. «Alors que toutes les portes sont fermées, le secteur se retrouve avec de nouveaux problèmes. Dès lors, il est crucial que la nouvelle équipe gouvernementale accepte de dialoguer», poursuit-il.

Tablant sur une relance durable lors des vacances précédentes, les opérateurs ont beaucoup investi pour remettre à niveau leurs flottes. Dans le détail, si le coût propre global à la reprise est difficile à estimer, il correspond au moins aux dépenses de réhabilitation de la flotte (rodage, maintenance…), de formation et de perfectionnement RH. Une stratégie qui s’est révélée coûteuse et non productive. Et pour cause, l’embellie n’a pas suffisamment duré pour permettre aux opérateurs de réaliser des retours sur investissement. Il faut savoir que plus de 50% de ces investissements ont été financés par des crédits, l’encours de la dette ayant été évalué, en juin dernier, à 1,8 MMDH dont 50% en leasing, 20% par crédit bancaire et 30% par crédit fournisseur. De quoi faire perdre aux transporteurs l’espoir d’une relance rapide et durable.

Les professionnels les plus pessimistes estiment que la situation ne se redressera pas avant 2024, compte tenu des «handicaps», allant de la charge de l’endettement, pouvant atteindre 60% des charges, à la persistance des charges fixes (pas moins de 40%), en passant par le déficit qui pèsera sur les exercices post-2020. Mais rien n’est encore perdu pour autant et une reprise reste envisageable. Il va falloir cependant que l’Etat fasse preuve de plus d’égards à l’endroit des professionnels en procédant au report des échéances, en vue de suspendre les procédures de recouvrement à l’encontre des opérateurs et de leurs garants. Ceci permettrait  de ne pas perturber les entreprises qui pourraient ainsi se consacrer pleinement à la reprise de l’activité.

Sur le plan fiscal, la FNTT recommande une exonération des véhicules de transport touristique de la taxe à l’essieu, pour les deux prochaines années, conformément au contrat-programme pour la relance du secteur touristique. Il s’agit, également, de suspendre les opérations de contrôle fiscal concernant le secteur pour une période minimale de trois ans et de ramener la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), de 14% à 7%.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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