Tourisme : les professionnels du secteur retrouvent enfin le sourire
Le retour des voyageurs étrangers, ravivé par la réouverture des frontières, se confirme et les professionnels du secteur retrouvent enfin de l’optimisme. Cependant, les choses pourraient aller plus vite si le Maroc faisait sauter les derniers verrous de son protocole sanitaire. Détails.
Le retour à la normale n’est peut-être pas pour tout de suite mais ces images d’hôtels vides, avec un personnel triste et ayant perdu espoir, commencent à disparaître du paysage des établissements hôteliers. Dans certains endroits, on ne voit guère plus les stigmates de la crise tellement la clientèle est nombreuse à répondre présente.
C’est le cas, notamment, dans ce grand hôtel à Marrakech où les piscines et restaurants renouent avec l’affluence d’avant covid-19. D’ailleurs, les gourmands souhaitant déguster un dessert doivent faire la queue et patienter avant de pouvoir accéder au menu. Une image qu’on ne voyait presque plus dans les hôtels du Royaume ! C’est dire que la mayonnaise de la reprise touristique commence à prendre grâce, notamment, au coup de pouce de la réouverture des frontières aériennes, le 7 février dernier.
Les exportations d’artisanat, qui n’ont pas attendu la réouverture des frontières, ont enregistré une hausse de 50% en 2021. Et cette reprise s’accompagne de la reconstruction de la grosse perte enregistrée dans les emplois du secteur, ces deux dernières années.
«Quand les hôtels, agences et restaurants rouvrent, cela s’accompagne forcément d’un retour des emplois», estime Hamid Bentahar sans, pour autant, communiquer des chiffres à ce propos.
Mais selon le patron du Conseil national du tourisme, les choses pourraient aller plus vite si les derniers verrous avaient été levés. Chez la concurrence, les entrées et sorties des touristes sont moins contraignantes comparées à ce qui se passe chez nous, explique Bentahar, qui demande à ce que les conditions de voyage au Maroc soient allégées.
Si les vols commerciaux sont de retour depuis plus d’un mois, le protocole du gouvernement, qui prévoit, pour tous les voyageurs, l’obligation de présenter un pass vaccinal avant l’embarquement, demeure contraignant. Ces derniers, doivent, en outre, justifier des résultats négatifs d’un test PCR de moins de 48 heures.
Or, chez les concurrents directs de la région, c’est soit l’une ou l’autre mesure qui est appliquée, et non pas les deux à la fois. Résultat, le Maroc, pourtant classé en «vert» par la France («circulation négligeable ou modérée du virus, en l’absence de variant préoccupant émergent») depuis la mi-février, ne capte que la moitié de son potentiel. Dans la foulée de la réouverture des frontières, le Royaume a débloqué une enveloppe de 2 MMDH, en faveur des établissements et travailleurs de l’industrie touristique.
Si, pour l’heure, l’impact réel de cette enveloppe n’a pas encore été évalué, beaucoup de professionnels estiment que l’aide n’a pas été directement adressée aux ayants droit alors que beaucoup d’entreprises touristiques sont tombées en faillite.
Les opérateurs veulent compter sur une suspension du contrôle fiscal pour une période minimale de trois ans et sur la réduction de 14% à 7% de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pour garder la tête hors de l’eau.
S’ajoute à cela le fait que la période d’attentisme qu’ils ont vécue a affecté leurs ressources humaines, notamment à travers une «fuite» de compétences qui ont forgé leur carrière dans le secteur et seront difficiles à récupérer, à moins d’efforts considérables.
En attendant, le Maroc multiplie les initiatives pour retrouver la situation d’avant crise. Un accord de jumelage entre Dakhla et la ville de Crotone a ainsi été conclu, samedi, dans le but de renforcer la coopération bilatérale en matière de promotion territoriale et de renforcement des capacités de gestion.
Signée par le président du Conseil communal de Dakhla, Erragheb Hormatallah et le maire de Crotone, Vincenzo Voce, «cet accord s’inscrit dans le cadre de la consolidation de la coopération décentralisée des communes marocaines et du partenariat stratégique signé entre le Royaume et l’Italie en 2019», a affirmé l’ambassadeur du Maroc à Rome, Youssef Balla, lors de la cérémonie de signature. Un Boeing de Royal Air Maroc (RAM) a, par ailleurs, décollé dimanche de la capitale économique Casablanca, pour Tel-Aviv, première liaison commerciale directe au départ du Maroc vers Israël, et ce quinze mois après la normalisation des relations entre les deux pays.
Pour rappel, la communauté juive du Maroc est la plus importante d’Afrique du Nord et les 700.000 Israéliens d’ascendance marocaine ont souvent gardé des liens forts avec leur pays d’origine. Avec trois mois de retard en raison de la crise sanitaire, l’appareil de la compagnie nationale marocaine s’est donc envolé dimanche à 09h00 GMT de l’aéroport Mohammed-V de Casablanca, a précisé une source aéroportuaire. Avec ces vols directs, le Royaume escompte une manne touristique de 200.000 visiteurs israéliens annuellement, contre 50.000 en 2021.
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO