Toumliline : la chapelle du monastère sauvée, un témoignage d’histoire et d’harmonie interreligieuse
Le monastère de Toumliline, haut lieu de dialogue interreligieux au Maroc, retrouve un nouvel éclat. La restauration de sa chapelle, achevée après des années d’efforts, marque une étape majeure dans la préservation de ce site historique et de son message d’ouverture et de fraternité. Un projet qui s’inscrit dans la volonté de faire de Toumliline un lieu de mémoire et d’avenir pour tous.
La Fondation «Mémoires pour l’Avenir», en partenariat avec le Centre inter-convictionnel Ta’aruf et avec le soutien de l’USAID, a annoncé la fin des travaux de sauvetage de la chapelle du monastère de Toumliline, marquant ainsi une étape importante dans le projet «Réinventer Toumliline».
Objectif : préserver un site historique emblématique et à perpétuer son héritage de dialogue interreligieux, un héritage précieux pour le Maroc et le monde.
Situé dans les hauteurs d’Azrou, le monastère de Toumliline, fondé en 1952 par des moines bénédictins français, a joué un rôle central dans la région, offrant une éducation de qualité et des services sociaux aux enfants du voisinage. Mais l’histoire de Toumliline dépasse largement le cadre d’une institution éducative.
De 1956 à 1967, sous le Haut patronage de Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, puis sous la présidence effective de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, le monastère est devenu un lieu de rencontres interculturelles et d’échanges interreligieux inédits.
Ces rencontres, précurseurs du dialogue interreligieux au Maroc, ont rassemblé des intellectuels et des penseurs musulmans et chrétiens du monde entier, créant un espace d’échange et de compréhension mutuelle unique.
La chapelle du monastère, un lieu de prière chrétien unique au Maroc orné d’une étoile chérifienne sur son plafond, symbolisait la reconnaissance par les moines de l’autorité d’Amir El Mouminine et leur pratique de la foi sous sa protection. C’est cette chapelle, témoin silencieux d’une histoire riche et d’un dialogue interreligieux pionnier, qui a fait l’objet d’une intervention urgente dans le cadre du projet «Réinventer Toumliline».
Une restauration urgente
La Fondation «Mémoires pour l’Avenir», en collaboration avec la Rabita Mohammédia des Oulémas et la Fondation belge «Futur 21», a mené des travaux de sauvetage pour préserver la chapelle qui était sur le point de s’effondrer, un élément clé de l’héritage de Toumliline. Comme l’a expliqué Aicha Haddou, présidente du Centre inter-convictionnel Ta’aruf, la priorité a été de stabiliser les fondations et de renforcer la structure de la chapelle, tout en veillant à respecter son essence et son histoire.
Cette restauration d’urgence, essentielle pour assurer la pérennité du site, constitue une première étape vers la sauvegarde complète de cet héritage exceptionnel. Le projet «Réinventer Toumliline» s’inscrit dans une volonté plus large de valoriser l’histoire du site et de le faire connaître aux nouvelles générations.
Depuis 2021, la Fondation «Mémoires pour l’Avenir», grâce au soutien du programme USAID-Dakira, a mené des actions de nettoyage du site, mis en place un «itinéraire mémoriel», restauré l’ancien cimetière des moines avec la participation de l’association des parents d’élèves du lycée Tarik Ibn Zyad d’Azrou, et collecté la mémoire locale des habitants de la région. La traduction et la diffusion des travaux des Rencontres internationales, ainsi que l’organisation d’activités de dialogue et de débat, ont également permis de faire revivre l’esprit de Toumliline.
Un futur durable pour Toumliline
La restauration de la chapelle n’est qu’une étape dans le projet «Réinventer Toumliline». Comme l’a souligné Lamia Radi, présidente de la Fondation «Mémoires pour l’Avenir», cette première phase ouvre la voie à une deuxième phase visant à rendre le site accessible à un public plus large et à faire découvrir l’histoire de ce lieu emblématique.
Les partenaires du projet, notamment le Conseil préfectoral de la ville de Meknès, la Région Fès-Meknès et l’Agence nationale des eaux et forêts, travaillent sur des projets de développement durable pour faire de Toumliline un lieu de mémoire et d’avenir pour tous les Marocains.
Un message d’espérance et de dialogue
La restauration de la chapelle de Toumliline revêt une importance symbolique majeure, comme l’a souligné Aimee Cutrona, cheffe de mission adjointe de l’ambassade des États-Unis au Maroc. Ce projet illustre également l’engagement du Maroc à promouvoir la tolérance et le dialogue interreligieux, un engagement mis en lumière par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours du 23 janvier 2016 adressé aux participants à la Conférence de Marrakech sur «Les droits des minorités religieuses en Terre d’Islam», où Il a cité Toumliline comme un exemple de lieu d’accueil et de débat interreligieux.
«Le Maroc a été un pays précurseur en matière de dialogue interreligieux. En effet, au lendemain de l’indépendance obtenue en 1956, il se tenait, chaque été, au monastère de Toumliline – situé sur une montagne de la région de Fès et occupé anciennement par des moines bénédictins – un rassemblement d’intellectuels et de penseurs, notamment musulmans et chrétiens» (Extrait du discours royal).
De son côté, Baronne Martine Jonet-de Bassompierre, présidente de l’association ‘’Future 21’’, a également mis en avant le caractère universel du message de Toumliline. Dans un contexte marqué par la violence et les conflits, ce lieu unique, où la rencontre et le dialogue interreligieux sont possibles, devient un espace d’espoir et un modèle pour un avenir plus pacifique et plus juste.
Toumliline : un patrimoine à préserver et à transmettre
La préservation de la chapelle du monastère de Toumliline est un acte de foi dans l’avenir, comme l’a rappelé Aicha Haddou. L’héritage de Toumliline, un patrimoine de dialogue, de respect et de reconnaissance mutuelle, est une «Amana», une responsabilité collective qui doit être transmise aux générations futures.
En préservant ce lieu unique, le Maroc réaffirme son engagement à promouvoir une culture de dialogue, de compréhension et de fraternité, des valeurs essentielles pour un avenir plus harmonieux et plus juste, a-t-elle conclu.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO