Maroc

Timar Afrique : La diversification stratégique paye

Olivier Puech : Directeur général de Timar Afrique

Timar Afrique, acteur marocain incontournable des métiers de la logistique depuis 35 ans, recentre ces activités autour de son cœur de métier et récolte aujourd’hui les fruits de sa stratégie de diversification ciblée. Son DG, Olivier Puech, nous en explique les axes.

Les Inspirations ÉCO : Transporteur et logisticien , vous êtes l’un des rares à avoir survécu à la crise que le secteur a connue en 2010, au terme de la période de mise à niveau préalable à l’entrée en vigueur de la ZLE avec l’UE. Comment avez-vous fait ?
Olivier Puech :  Nous avons, depuis longtemps, fait le choix de la diversification des métiers inféodés à la logistique. Nous opérons dans le transport routier de marchandises au Maroc depuis plus de 35 ans maintenant. Et durant ces 35 années, nous avons suivi de très près les évolutions qu’a connues le secteur national du transport multimodal de marchandises, du transit et de la logistique, ce qui nous a orienté vers notre stratégie de multiplication des foyers d’investissements, et par là même de croissance, et nous a positionné, très tôt, sur des segments de métiers divers et intéressants, ce qui nous permet aujourd’hui de proposer à nos clients des solutions complètes et adaptées à leurs besoins les plus spécifiques. Aujourd’hui, nous assurons la logistique, le transit, le transport, les déménagements et l’organisation de foires et d’événements. La séquence à laquelle vous faites allusion a certes été marquée par une crise au niveau du secteur dans son ensemble, et dont les impératifs avaient imposé à de nombreux acteurs nationaux de redéfinir leur cœur de métier. Pour certains, c’est le choix de la diversification qui leur a permis de se «récupérer» sur d’autres sous-secteurs liés à la logistique. Pour d’autres, il s’agissait des partenariats stratégiques et des reconstitutions en tant qu’agents. Nous estimons toutefois que, si nous nous en sommes mieux sortis que d’autres, c’est surtout grâce à note capacité à anticiper les changements et à nous y adapter plus efficacement.

Les services que vous proposez sont très complets . Cette maîtrise du processus d’acheminement vous octroie-t-elle un avantage concurrentiel ?
Très certainement. Ce n’est un secret pour personne: le fait de proposer des offres complètes octroie au prestataire un avantage certain sur la concurrence. Chez nous, les offres ne sont limitées que par nos capacités propres et celles de nos partenaires, s’il s’agit du transport multimodal (routier, maritime et aérien). Nous ne sommes pas propriétaires de l’ensemble de nos moyens, mais nous arrivons tout de même à compléter nos prestations en usant de notre réseau international ainsi que des moyens de nos prestataires. Nous mettons également un point d’honneur à assurer des transits qualifiés de «risqués» comme en Afrique de l’Ouest par exemple, où nous existons depuis 3 ans, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et plus récemment au Mali. Le métier est gangrené par l’informel sur ce segment de marché. Aussi, les gros logisticiens opérant sur cette zone, comme sur d’autres d’ailleurs, reste cantonnés dans les limites de leurs process auxquels ils ne dérogent presque jamais. Beaucoup de nos clients se sont tournés vers nous car la rigidité de ces groupes ne permet pas de résoudre certaines situations ardues, nécessitant des interventions immédiates pour les désengorger, si j’ose dire.

Cela creuse, effectivement, la différence avec la concurrence…
Oui, mais ce n’est pas là notre seul argument. Nous disposons d’un capital confiance que nous avons bâti au fil des années. Je ne vous cache pas non plus que le fait d’être cotés en Bourse depuis 2008 nous confère un surcroît de crédibilité auxquels beaucoup de nos concurrents n’ont pas accès.

La cession de votre filiale, Maghreb Transport Services, au français SeD Logistique est-elle synonyme de recentrage des activités autour du principal cœur de métier de Timar ?
Tout à fait. C’est, pour nous, un retour aux fondamentaux de nos métiers. Il est vrai que notre filiale souffrait de difficultés diverses, liées à l’incapacité qui était la sienne de s’imposer comme nous le souhaitions dans le marché européen et français en particulier. Mais nous avons compris que nos investissements multiples la desservaient plus qu’ils ne l’aidaient à s’affirmer. Il existe des opérateurs extrêmement qualifiés en France, qui se sont, depuis longtemps, constitués en réseaux pour permettre aux opérations logistiques de «couler» avec une fluidité inouïe. Une filiale, aussi importante soit-elle, ne peut opérer seule au sein d’un tel organisme. C’est pour cela que nous avons décidé de la confier à SeD Logistique. C’est une bonne nouvelle pour nous puisque TMS est entre de meilleures mains. Cela nous permet également de nous renforcer sur le marché français puisque nous avons gardé les lignes, et par là même les clients, et noué un partenariat d’importance primordiale avec un partenaire solide avec qui nous entendons évoluer.

Des partenariats de ce type sont-ils courants dans le secteur ?
Nous avons toujours opté pour la solution des accords ciblés, en fonction du besoin et des métiers dans lesquels nous souhaitons nous renforcer davantage. En termes d’agents, nous sommes présents sur 5 continents à travers plus de 500 collaborateurs, bureaux de représentation commerciale et agents. Je peux vous citer l’exemple du partenariat signé avec le géant suisse Panalpina en 2011, qui a duré 3 ans. Cet accord nous a permis de nous constituer en sous-traitant de ce groupe, le 4e mondial tout de même, ce qui a boosté notre crédibilité et également notre carnet de commandes. Nous évoquions la concurrence tout à l’heure, voilà un nouvel argument à mettre à notre crédit.

Quelle appréciation faites-vous du marché de la logistique et de l’évolution des procédés en termes d’adaptabilité des incoterms actuels ?
Vous faites allusion aux frais locaux propres aux procédés nationaux. Je pense que les choses évoluent dans le bon sens. En 35 ans, j’ai pu moi-même constater que le métier s’est beaucoup professionnalisé. Il faut accompagner ces évolutions, et être présents là où le pays investit pour faire évoluer le secteur. Je ne vous cache pas que nous prenons des coups au passage. Notre présence en Afrique de l’Ouest n’est pas très rentable pour nous, mais nous y sommes parce que le Maroc se doit d’être présent sur ces marchés. Cela a été initié par Royal Air Maroc, les banques et les assurances. Le tour est à la logistique. À Tanger Med, nous nous sommes investis très tôt dans ce projet, au moment où la plateforme était à peine opérationnelle. Cela dit, le pays récolte aujourd’hui les fruits de ses investissements, et nous sommes fiers, en tant que patriotes marocains, même si cela pourrait vous paraître bizarre de la part d’un français, de contribuer à la réussite d’un si beau projet.


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