Maroc

Séisme d’Al Haouz. Driss Aissaoui : “Le Maroc dispose de l’expertise pour la phase de reconstruction”

Pour l’économiste Driss Aissaoui, le Maroc dispose de l’expertise nécessaire dans de nombreux domaines pour gérer la phase de reconstruction post-séisme. Sur un plan purement macro-économique, il estime que ce tremblement de terre va permettre d’accroître les dépenses au profit des zones sinistrées, pour ainsi accélérer leur jonction aux pôles de développement économique. 

Comment concilier l’obligation de faire le constat des dégâts et l’urgence de la reconstruction ?
Le constat a déjà été fait par les techniciens, et de la part de certains corps spécialisés. Et là, tout le monde sait qu’il faut passer à l’étape de la reconstruction sans perdre trop de temps. Je pense que les expériences précédentes de séisme dans le pays font que, sur le plan public, nous avons ce qu’il faut pour agir rapidement. L’histoire de ce pays date d’environ 13 siècles et je suis convaincu que tout cela a contribué à une prise en charge rapide de cette catastrophe. Les régions sinistrées sont des régions difficiles d’accès. Et à ce jour, on peut dire qu’un travail a été fait, et il a permis de les faire sortir de cet isolement, à travers la réouverture des routes et le rétablissement des moyens de communication, qui commencent à être plus fluides. Je pense que l’avenir de cette région sera positif, avec les leçons tirées de ce séisme et la mise en œuvre concrète de ce programme d’urgence.
Le gouvernement veut aller vite. Comment peut-il accélérer le rythme de façon efficiente ?
Le gouvernement veut effectivement aller vite et il tient à le montrer. Cela fait suite au rythme imposé par le Roi Mohammed VI sur la prise en charge rapide des sinistrés, ainsi que la reconstruction. Le gouvernement essaie d’articuler sa réaction, suite aux concertations entre différents départements ministériels. Cette première phase devrait durer environ 5 ans, et le budget de 120 MMDH est censé leur permettre de tourner cette page sombre, avec la réhabilitation des habitations et des infrastructures. Je pense que le rythme est bon, il faudrait juste attendre de voir ce que le déploiement concret sur le terrain va donner.
Est-ce que le Maroc, notamment son secteur national du BTP, a l’expertise nécessaire pour prendre en charge la reconstruction ?
Je pense que le secteur national du BTP a acquis, ces dernières années, une expérience intéressante, notamment en ce qui concerne la gestion des urgences. Surtout en ce qui concerne la construction des routes et des bâtiments, particulièrement au niveau de ces régions montagneuses. Lesquelles sont marquées par des habitations construites sur des flancs de montagne. Or, cela, l’expertise locale s’y distingue. Les entreprises marocaines savent gérer ce type de difficultés. Là, le vrai défi sera de réussir non seulement à être aux normes sur le plan de la sécurité, mais surtout de respecter le patrimoine et l’harmonie de ces constructions avec la nature. Les techniciens marocains ont l’expérience dans ce genre de terrains, et c’est une expertise qui est reconnue au-delà de nos frontières.
À quoi faut-il s’attendre dans les années à venir pour la relance de ces zones sinistrées ?
Là, l’enjeu pour ces régions, au-delà de la reconstruction, c’est de s’amarrer de façon durable aux pôles économiques du pays, notamment Marrakech ou encore Agadir, Tanger et l’ensemble de ces régions qui font bouger le pays. Il faut que ces parties sinistrées arrivent à créer par la suite des activités socio-économiques capables d’être irriguées par des activités industrielles, touristiques, culturelles, etc. Surtout que ce sont des zones très riches sur le plan culturel. Il faut leur permettre de préserver leur dignité de façon permanente. Et je pense que l’État a mené la réflexion qu’il faut pour préserver leur dignité dans le sens fort du terme. C’est ce qui permettra d’entrevoir un avenir meilleur après cet événement douloureux.
Qu’en est-il de l’impact sur la Loi de finances 2024 ?
Il est évident que le projet de Loi de finances 2024, qui est en cours d’élaboration, sera impacté par la gestion de ce séisme. Les priorités étaient ailleurs que dans la gestion de cette catastrophe, si on regarde les premières orientations. Entre-temps, ce séisme s’est produit et il faut gérer avec cette nouvelle donne. Il y aura bien évidemment une part importante des ressources qui seront allouées à la reconstruction. Mais je pense qu’avec les contributions au compte spécial et la mobilisation nationale, conjuguée à la solidarité internationale, notamment avec l’annonce du FMI d’octroyer au Maroc 1,3 milliard de dollars pour faire face aux effets des catastrophes naturelles, l’impact sera un peu amorti. Mais le plus important est que nous nous engageons dans une phase de reconstruction, mais surtout de développement et de décollage économique de ces régions.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO


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