Sécurité : Fès mise à fond sur la high-tech

Fès investit plus de 140 millions de dirhams dans un vaste projet de vidéoprotection. L’initiative vise à renforcer la sécurité urbaine et à préparer la ville à accueillir la CAN 2025 et le Mondial 2030, combinant infrastructure moderne et technologie de pointe.
À l’approche d’échéances sportives majeures que sont la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, Fès ne lésine pas sur les moyens pour moderniser sa surveillance. Avec un investissement massif de plus de 140 MDH lancé par la société de développement local (SDL) Fès Région Aménagement (FRA), la capitale spirituelle s’apprête à déployer un système de vidéoprotection d’une ampleur et d’une sophistication inédites. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c’est la nature même des équipements prévus dès la première tranche ferme qui révèle l’ambition du projet.
En effet, Fès ne se contente pas d’ajouter des «yeux». Elle déploie un véritable arsenal technologique taillé sur mesure. Des caméras dômes mobiles ultra-flexibles (PTZ) aux lecteurs de plaques d’immatriculation (LAPI), en passant par des unités spécifiques pour la reconnaissance faciale, des caméras fixes adaptées même aux ruelles de l’ancienne médina, et des caméras ‘bullet’ à longue portée, la ville s’équipe pour chaque scénario.
Le tout reposant sur une infrastructure nerveuse de fibre optique, des coffrets de terrain blindés et des centres techniques climatisés, reflétant une montée en gamme pour la sécurité urbaine.
Deux volets complémentaires
Consciente de la nécessité d’une approche intégrée, la SDL FRA a scindé ce projet en deux marchés distincts mais interdépendants. Le premier concerne les travaux préparatoires de génie civil, tandis que le second porte sur la fourniture, l’installation et la maintenance des équipements technologiques eux-mêmes.
Le premier appel d’offres, estimé à 42 MDH, est primordial pour établir les fondations physiques du réseau de vidéoprotection. Les travaux prévus visent à créer l’infrastructure souterraine nécessaire au déploiement des caméras et à leur connexion au système central.
Cela comprend notamment le creusement de tranchées, la pose de fourreaux et de conduites pour le passage sécurisé de la fibre optique (assurant la transmission des données vidéo) et des câbles d’alimentation électrique. La construction de massifs en béton pour ancrer les mâts et supports des caméras fait également partie intégrante de ce marché.
Ce volet «infrastructure» est lui-même divisé en une tranche ferme, estimée à 15,29 MDH avec une durée d’exécution fixée à cinq mois, et une tranche conditionnelle, estimée à 26,9 MDH, dont la réalisation s’étalerait sur sept mois. Cette approche par tranches permet une flexibilité dans le déploiement en fonction des priorités et des financements.
En parallèle, le second appel d’offres, intitulé «Renforcement et extension du système de vidéoprotection de la ville de Fès», constitue le cœur technologique du projet.
Avec un budget prévisionnel substantiel de 98MDH, il englobe l’acquisition, l’installation, la configuration, la mise en service et la maintenance future de l’ensemble des équipements. Ce marché est également structuré en plusieurs phases. La tranche ferme, estimée à 45,39 MDH, représente le déploiement initial et fondamental du système.
Selon le Cahier des Prescriptions Spéciales (CPS), elle couvrira la mise en place d’un système de gestion vidéo (VMS) performant, des serveurs dédiés à la gestion, à l’enregistrement et à l’analyse vidéo (potentiellement basés sur des technologies d’intelligence artificielle pour la reconnaissance faciale ou d’objets), des stations de travail ergonomiques pour les opérateurs, des murs d’images haute définition (technologies LED et LCD) pour une visualisation optimale dans les centres de supervision, ainsi que les commutateurs réseau (Core, Datacenter, industriels) pour assurer la fluidité des flux de données.
Un saut dans la transformation numérique et sécuritaire de Fès
Une première tranche conditionnelle, d’un montant estimé à 43,6 MDH, est planifiée pour permettre une extension significative du système, que ce soit en termes de nombre de caméras, de zones couvertes ou de capacités de traitement et de stockage, en fonction des besoins futurs et des budgets disponibles.
Enfin, le projet intègre une vision à long terme avec deux autres tranches conditionnelles (N°2 et N°3), estimées chacune à 4,5 MDH. Le CPS précise explicitement que ces phases ultérieures sont dédiées, entre autres, à la maintenance préventive et corrective de l’ensemble du système déployé lors des tranches précédentes.
Cet aspect est essentiel pour garantir la fiabilité, la disponibilité et la performance du dispositif sur plusieurs années, assurant ainsi la rentabilité de l’investissement initial. La formation du personnel exploitant fait également partie des prestations attendues.
Au-delà de la simple installation de caméras, ce projet représente un investissement dans la transformation numérique et sécuritaire de Fès. Le système de vidéoprotection vise à dissuader la criminalité, à faciliter les interventions des forces de l’ordre, à améliorer la gestion du trafic et des flux de personnes, et à fournir des données précieuses pour l’analyse urbaine.
Sa mise en œuvre est une composante essentielle des préparatifs de la ville pour accueillir dans les meilleures conditions les milliers de visiteurs attendus pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, renforçant ainsi l’image d’une ville moderne, sûre et prête à relever les défis de grands événements internationaux.
L’engagement financier conséquent témoigne de la volonté des autorités locales de doter Fès d’outils technologiques à la hauteur de ses ambitions.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO