Maroc

Secteur manufacturier : un potentiel inexploité du fait de la mauvaise allocation des ressources

Une étude menée par le HCP et l’UNECA révèle que dans le secteur manufacturier, des gains de productivité considérables sont à portée de main, mais des obstacles liés à l’accès au foncier, à la concurrence déloyale et à la corruption empêchent de tirer pleinement profit de ce potentiel.  

L’économie marocaine, malgré sa résilience face aux chocs externes, a connu un ralentissement significatif de sa croissance ces dernières années, passant d’environ 5% entre 2000 et 2009 à seulement 3% entre 2010 et 2023. Ce phénomène s’explique par des facteurs conjoncturels et structurels, dont une allocation inefficace des ressources. Une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en partenariat avec la Commission économique pour l’Afrique (UNECA) explore les implications de cette situation sur la productivité du secteur manufacturier marocain, et met en lumière le potentiel de croissance immense que recèle une meilleure allocation des ressources.

L’étude, qui s’appuie sur des données de l’Enquête nationale sur les structures économiques de 2015 et de l’Enquête nationale auprès des entreprises de 2019, se penche sur les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises marocaines. Elle met en évidence la fragilité financière et opérationnelle des PME, notamment après la crise de Covid-19, ainsi que les difficultés rencontrées en matière d’accès au financement, de complexité administrative et de distribution inéquitable des subventions à l’exportation.

Les distorsions, un frein à la productivité et à la croissance
L’étude révèle une corrélation significative entre la productivité physique et celle des revenus des entreprises manufacturières marocaines, un signe révélateur de distorsions. Celles-ci, qui peuvent être liées aux politiques de subvention/imposition, aux barrières d’accès au marché ou au favoritisme dans l’obtention de financements, ont un impact négatif sur la dynamique d’allocation des ressources et contribuent à la présence d’entreprises peu productives sur le marché.

L’analyse statistique de la distribution de la productivité des revenus met en évidence une dispersion importante, indiquant une variabilité significative de la productivité entre les entreprises. Cette dispersion, comparable à celle observée dans des pays en développement comme le Vietnam et l’Inde, est néanmoins plus marquée que celle des pays développés, tels que le Japon et les États-Unis.

Les gains potentiels : une transformation structurelle à portée de main
L’étude quantifie les gains potentiels d’une allocation efficiente des ressources. Les résultats montrent que l’élimination des distorsions pourrait multiplier la production du secteur manufacturier par deux, soit une augmentation de 97% de la productivité globale.

Cette estimation souligne l’importance de s’attaquer aux distorsions. Même en visant des niveaux similaires à ceux des pays développés, les gains potentiels restent importants, atteignant 38%. L’analyse par branche d’activité révèle que les gains les plus importants pourraient être observés dans les secteurs tels que l’industrie chimique, la fabrication de produits minéraux non métalliques et l’alimentation.

Des obstacles concrets : La nécessité d’une action ciblée
L’étude examine les facteurs à l’origine de la mauvaise allocation des ressources en analysant les perceptions des chefs d’entreprise. Elle constate que les contraintes liées à l’accès au foncier, à la concurrence déloyale du secteur informel, à la réglementation du marché du travail et à la corruption constituent des obstacles majeurs.

Les entreprises confrontées à ces distorsions, qui devraient augmenter leur taille pour atteindre leur potentiel optimal, sont particulièrement touchées par les difficultés liées à ces trois facteurs. D’où l’importance de s’attaquer à ces obstacles de manière ciblée et efficace afin de créer un environnement plus favorable à la croissance des entreprises et au développement de l’économie marocaine.

Cette étude a permis de mettre en lumière le potentiel considérable qui existe pour stimuler la croissance économique au Maroc en améliorant l’allocation des ressources. L’élimination des distorsions, notamment celles liées à l’accès au foncier, à la concurrence déloyale, à la réglementation du travail et à la corruption, est un impératif pour permettre aux entreprises nationales de prospérer et pour propulser le secteur manufacturier vers de nouveaux sommets de productivité.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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