Santé : rééquilibrer la charge sur les urgences
L’écho de la problématique de l’encombrement des services d’urgence résonne de manière persistante dans l’hémicycle. Tel une ritournelle, ce défi épineux continue de hanter le système de santé, mettant à l’épreuve la résilience des professionnels et soulevant des interrogations sur l’efficacité des dispositifs en place. Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale, apporte des éclaircissements.
La séance dédiée aux questions orales à la Chambre des Représentants a récemment mis en lumière les défis majeurs auxquels le système de santé national est confronté. Intervenant lors de cette séance plénière, Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé, a souligné un fait troublant : 80% des prestations de soins non urgents sont actuellement assurées par les services d’urgence. Une statistique alarmante qui révèle une défaillance majeure dans la distribution des soins de santé.
Le ministre a été clair sur le sujet, les centres de soins de santé primaires ne remplissent pas pleinement leur rôle attendu. Les unités de proximité et les centres de santé semblent inefficaces pour absorber l’afflux constant de patients aux urgences, entraînant ainsi une congestion préoccupante. Pour remédier à cette situation, Ait Taleb insiste sur la nécessité absolue pour les centres de soins de santé primaires de prendre en charge ces cas non urgents.
Toutefois, le ministre tient à souligner que la problématique ne réside pas dans l’aspect logistique et les équipements, mais surtout dans les ressources humaines et leur qualification. Malgré ces défis, il affiche un optimisme prudent en prévoyant une évolution notable de l’indicateur des ressources humaines d’ici 2025.
Dans l’attente, il est impératif de reconnaître l’urgence d’une action concertée pour rétablir l’équilibre dans le système de santé, en mettant l’accent sur la pleine fonctionnalité des centres de soins de santé primaires. Le défi réside désormais dans la mise en œuvre de mesures concrètes qui permettront de soulager les urgences, d’optimiser les parcours de soins et de garantir une accessibilité équitable aux services de santé pour tous les citoyens. Il convient de rappeler que le rapport récent du Conseil économique, social et environnemental (CESE) met également en lumière des lacunes majeures, pointant du doigt une surexploitation des services d’urgence dans le secteur public.
Parmi les dysfonctionnements identifiés, figurent l’insuffisance de coordination dans les parcours de soins et la prédominance des urgences ressenties, créant ainsi une pression inutile sur ces services vitaux. À noter qu’en 2021, 25% des hospitalisations dans les établissements publics ont eu lieu à partir des services d’urgence, révélant ainsi une pression continue sur ces services vitaux.
Le rapport du CESE souligne que le pays compte actuellement 148 services d’urgence publics, répartis selon une hiérarchie bien définie. Le CESE a préconisé de déployer des efforts pour améliorer leur fonctionnement, et ce, en vue de garantir une prise en charge des urgences médicales de qualité, centrée sur le patient et efficaces.
Accès au régime AMO
Le ministre de la Santé a réagi aux préoccupations concernant l’accès au nouveau régime AMO Tadamon pour les anciens bénéficiaires du RAMED. Il a assuré que ces personnes continueront de bénéficier de l’assurance médicale aux frais de l’État en attendant le règlement de leurs dossiers.
Cependant, des députés ont soulevé des préoccupations, évoquant le risque d’exclusion pour certaines personnes. L’élargissement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) aux travailleurs non-salariés et aux personnes en situation de précarité a été un pas important vers la généralisation de la couverture sociale. Malgré cela, près de 11 millions de personnes ont été concernées par la transition du régime du RAMED vers le nouveau système de l’AMO Tadamon, avec quelques difficultés rencontrées par une fraction d’entre elles.
Ait Taleb a expliqué que l’accès à l’AMO Tadamon est soumis à des critères spécifiques, tels que la capacité à payer les cotisations, vérifiée par le Registre social unifié. Dans l’intervalle, le ministère de la Santé a émis une circulaire dérogatoire, permettant à cette catégorie d’ex-Ramedistes de continuer à bénéficier de la gratuité des soins. Par ailleurs, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale a récemment lancé le régime AMO Achamil, visant les personnes sans activité lucrative mais capables de payer leurs cotisations. L’inscription à ce nouveau régime a débuté en janvier, ajoutant une option supplémentaire pour renforcer la couverture médicale dans le pays.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO