Maroc

Ressources humaines : malgré le projet de Ain Cheggag, la filière du cuir toujours inquiète

Alors que le projet du Parc industriel Ain Cheggag (PIAC) approche de sa finalisation, les industriels de la filière cuir expriment des besoins urgents en matière de formation, notamment pour accompagner leur relocalisation prochaine dans ce parc. La fermeture de l’Institut national du cuir et du textile (INCT) de Fès, au milieu des années 90, a laissé un vide dans le secteur.

Le projet du Parc industriel Ain Cheggag (PIAC), situé dans la province de Sefrou, entre dans la dernière ligne droite de sa réalisation. Avec un taux d’avancement de 90%, sa livraison est prévue dans les prochains mois. Pourtant, en coulisses, l’enthousiasme des industriels est mesuré. Alors que se profile l’échéance du déménagement, un doute subsiste quant à la capacité des équipes à tirer pleinement profit de ce nouvel écrin. En effet, avec ses process automatisés et ses normes environnementales internationales, le PIAC tranchera avec les outils de production actuels. Or, le niveau de qualification du personnel ne lui permettra pas, à lui seul, de dompter ces technologies de rupture.

L’INCT, une pépite de compétences qui disparaît
La fermeture au milieu des années 90 de l’Institut national du cuir et du textile (INCT) de Fès a laissé un grand vide dans la formation de talents pour la filière cuir marocaine. Véritable pépinière de techniciens et d’ingénieurs spécialisés, l’INCT était l’établissement phare dédié aux métiers du cuir et du textile.

Sa disparition a privé le secteur de son principal pourvoyeur de compétences, celles-ci étant indispensables pour accompagner la modernisation des process et l’évolution des technologies. Près de 30 ans après, le manque de main-d’œuvre qualifiée se fait douloureusement ressentir par les industriels, dans un contexte où les exigences techniques n’ont jamais été aussi élevées. Les industriels considèrent que le défi est donc immense pour rebâtir un écosystème solide de formation aux métiers stratégiques de la filière.

Le manque de compétences freine les industriels
«Aujourd’hui, le manque de compétences se fait sentir cruellement, aussi bien dans les métiers de la tannerie que dans ceux de la fabrication de chaussures. Les industriels peinent à recruter des profils maîtrisant les spécificités du métier, capables de faire fonctionner et maintenir les équipements de production», explique Tarik El Mernissi, président de l’Association marocaine de l’industrie de la chaussure (AMIC) et vice-président du Cluster régional des métiers du cuir Fès-Meknès.

Conscients de ces lacunes, les industriels de la région sollicitent les pouvoirs publics afin de mettre en place d’urgence des programmes de formation pour les salariés des entreprises amenées à intégrer le site. L’objectif est de les former aux nouvelles techniques de production : maintenance prédictive, robotique, lean manufacturing, etc. Ces formations accélérées faciliteraient grandement la transition technologique des industriels vers leur futur outil de production.

La FEDIC mise sur des formations sur-mesure avec l’OFPPT
Face à l’urgence de combler les lacunes en compétences qui pèsent sur le développement de la filière du cuir, la Fédération de l’industrie du cuir (FEDIC) de Fès-Meknès cherche des solutions concrètes. Elle envisage ainsi de nouer un partenariat stratégique avec l’Office de la formation professionnelle (OFPPT) afin de construire des programmes de formation sur-mesure pour les métiers du cuir.

L’objectif serait de développer des filières spécialisées en maintenance industrielle, la gestion de production ou l’utilisation des produits chimiques, directement adaptées aux futurs besoins de main-d’œuvre du Parc industriel Ain Cheggag (PIAC). Un enjeu déterminant pour que ce site ultra-moderne, véritable vitrine de la filière, puisse rapidement déployer ses effets bénéfiques et hisser le Maroc au premier plan des puissances du cuir en Afrique.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO


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