Repenser la mobilité : comment les villes marocaines préparent leur transition ?

Face à une urbanisation rapide et à la pression sur les infrastructures, le Maroc accélère sa transition vers une mobilité durable. Un séminaire international à Fès rassemble plus de 200 experts pour débattre des solutions concrètes qui façonneront les villes marocaines et africaines de demain, plus inclusives.

Plus de 200 experts, décideurs et professionnels se sont réunis mercredi à Fès pour l’inauguration du séminaire international sur l’accessibilité et la mobilité dans les zones urbaines et périurbaines. Organisé par l’Association marocaine permanente des congrès de la route (AMPCR) en partenariat avec l’Association mondiale de la route (PIARC) et l’Université Privée de Fès, cet événement se veut une plateforme pour définir la transition des systèmes de transport marocains.

La séance d’ouverture a mis en lumière la vision nationale à travers les interventions de Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, et de Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique.

Leurs discours ont posé le cadre d’une transformation profonde, rendue nécessaire par une urbanisation rapide où près de 63% de la population nationale vit désormais en ville. Le séminaire vise à formuler des réponses concrètes aux défis de la congestion, de la durabilité environnementale et de l’équité territoriale.

Vision 2035 et 4 projets structurants pour une mobilité nationale intégrée
La transition marocaine vers une mobilité durable s’appuie sur une feuille de route claire, illustrée par les projets et stratégies présentés par les membres du gouvernement. Nizar Baraka a souligné que la mobilité est un droit fondamental et un vecteur de justice sociale, en parfaite adéquation avec la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour un développement équilibré des territoires.

Il a rappelé que la modernisation des réseaux et la promotion des modes de transport collectif et des mobilités actives sont au cœur des politiques publiques. De son côté, Abdessamad Kayouh a détaillé les investissements concrets qui matérialisent cette ambition. Il a évoqué l’extension du réseau de train à grande vitesse vers Marrakech, le déploiement du Réseau express régional (RER) pour la métropole de Casablanca, ainsi que la stratégie de développement du secteur aérien visant à doubler la capacité d’accueil des aéroports.

Il a également insisté sur la modernisation de la logistique urbaine, citant l’exemple de la zone de Ras El Ma à Fès, conçue pour optimiser la distribution des marchandises et réduire le trafic en centre-ville. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de l’élaboration d’une Charte de la mobilité durable et inclusive à l’horizon 2035, un document de référence destiné à coordonner l’ensemble des actions pour un système de transport intégré, sûr et efficace.

Trois partenaires clés pour une convergence des expertises
La complexité des enjeux de mobilité requiert une collaboration étroite entre les acteurs nationaux, internationaux et académiques. Dans ce sens, Patrick Mallejac, Secrétaire général de la PIARC, a mis en avant le rôle de son organisation comme plateforme mondiale de partage de connaissances et de bonnes pratiques. Il a salué l’engagement historique du Maroc, membre fondateur de la PIARC, et a rappelé que le pays accueillera en 2027 une conférence internationale de premier plan.

Au niveau national, Mohamed Qachar, président de l’AMPCR, a contextualisé le débat en rappelant les défis démographiques et urbains spécifiques au Royaume. Il a positionné l’AMPCR comme un pont essentiel entre l’expertise locale et l’innovation mondiale.

De son coté, Mohammed Aziz Lahlou, président de l’Université Privée de Fès, a souligné la contribution du monde académique. Il a affirmé qu’une université se doit d’être un acteur du développement territorial, en formant les compétences nécessaires pour concevoir les solutions de demain et en agissant comme un espace de réflexion pour accompagner les transformations urbaines et sociales.

Cinq sessions techniques pour dessiner la mobilité de demain
Les travaux du séminaire de trois jours (15-17 octobre) se déploient à travers un programme technique dense. Cinq sessions thématiques et une table ronde de haut niveau sont organisées pour explorer les leviers de la transition.

Les participants se pencheront sur les stratégies de renforcement de la multimodalité pour améliorer la performance des réseaux. Ils analyseront les expériences de régulation de l’accès des véhicules pour créer des espaces publics durables. Une attention particulière sera accordée à la sécurisation des déplacements pour les usagers les plus vulnérables. La transition numérique et l’utilisation des données pour une planification intelligente de la mobilité constitueront un autre axe majeur de discussion.

Enfin, les débats aborderont la résilience des infrastructures face aux crises et au changement climatique. Les conclusions de ces travaux visent à produire des recommandations concrètes pour orienter l’action publique et inspirer des projets à fort impact, inscrivant durablement le Maroc sur la voie d’une mobilité innovante et inclusive.

Abdessamad Kayouh
Ministre du Transport et de la Logistique

«Notre pays aborde une étape décisive dans son parcours de développement à l’approche de grands rendez-vous internationaux, notamment la Coupe du monde 2030. Le Maroc se prépare à démontrer sa capacité à bâtir un système de mobilité intégré, sûr et inclusif.»

Nizar Baraka
Ministre de l’Équipement et de l’Eau

«La mobilité n’est pas une simple question de transport ou de déplacement. Elle est, dans sa substance même, un droit fondamental, un vecteur de justice sociale, un moteur de développement économique et un pilier de la durabilité environnementale.»

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO