Maroc

Relance : quand la crise de confiance limite les investissements des MRE

Le séminaire «Relance économique du Maroc», organisé par la Confédération générale des entreprises (CGEM) à Casablanca, le mardi 16 février, conclut que le Maroc devrait diversifier son économie pour faire face aux prochains défis post-pandémie. Mais aussi capitaliser sur le savoir-faire des MRE pour booster la relance économique.

Face aux défis émergents de la crise du Covid-19, le Maroc doit s’adapter au changement de paradigme afin de saisir les nouvelles opportunités. Plusieurs pistes d’investissement se présentent à nous, notamment augmenter les investissements dans la recherche innovante, soutenir son secteur manufacturier. Mais aussi diversifier l’économie pour faire face aux prochains défis post-pandémie. C’est ce qui ressort des débats et des conclusions du séminaire «Relance économique du Maroc», organisé par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à Casablanca, le mardi 16 février. D’un autre côté, la mobilisation des MRE représente une part significative du PIB annuel dont le Maroc ne saurait se priver. Parlant des Marocains à l’étranger, Benchaâboun note que beaucoup d’entre eux ont développé «un réseau de connexions, de commerce et de technologie, sur lequel le Maroc peut capitaliser». En 2019, les envois de fonds de la diaspora marocaine ont représenté 6% du PIB. Selon l’Office des changes, ces flux d’envois de fonds ont enregistré une hausse de 5% en 2020. Cependant, comment mobiliser et inciter les MRE à investir davantage au Maroc, et surtout diversifier leurs investissements ? Cette situation peut être résumée en quelques chiffres éloquents. Environ 10% des transferts réalisés par les Marocains à l’étranger en 2020, soit 68 MMDH (7,6 milliards de dollars), sont destinés à l’investissement, révèle Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Économie, des finances et de la réforme administrative. Sur cette somme, environ 75% sont destinés à l’immobilier et à la propriété.

Crise de confiance
Une analyse de Mustapha Maghriti, chercheur en économie, journaliste et inspecteur divisionnaire en chef, au ministère des Finances, dresse un diagnostic toujours d’actualité. Le plus gros problème, à notre sens, souvent éclipsé des analyses économiques, est le manque de confiance. Celui-ci a d’abord une connotation culturelle, notamment la perception religieuse qui décourage les épargnants marocains d’investir en Bourse ou une diversité de secteurs, mais aussi parce qu’ils préfèrent placer leurs fonds dans l’immobilier, car plus sûr et/ou par manque d’éducation financière. Au-delà de facteurs économiques, financiers et culturels, les règles du jeu n’inspirent pas confiance auprès des épargnants marocains.

À cet égard, soulignons que la protection de l’investisseur minoritaire au Maroc laisse à désirer qu’il s’agisse de la transparence des transactions financières ou de l’étendue de la responsabilité des administrateurs qui reste encore opaque, brumeuse et resserrée. En sus, la procédure de poursuite reste encore longitudinale et onéreuse pour les actionnaires minoritaires. À titre illustratif, la série de litiges de gouvernance en termes de droit et conduite des affaires, qu’a connue le Maroc en 2015 comme la non-exécution de l’arbitrage opposant Fives à Ynna, la Samir n’honorant pas ses engagements, la CGI retirée inopinément de la côte, ne sont-ils pas des événements financiers qui ne rassurent pas les épargnants et les investisseurs potentiels ? Les demandes de suspension des titres sont souvent tardives, et les sanctions sont fantomatiques ; seulement de 10.000 ou 20.000 DH pour des capitalisations de plusieurs milliards de DH. Le devoir d’alerte, surtout des petits épargnants, n’est pas souvent respecté. Pour rassurer, le ministre de l’Économie souligne les efforts du gouvernement pour encourager l’investissement, citant la réforme des centres régionaux d’investissement comme l’une des réussites. «Les réformes ont réduit le temps de traitement des projets d’investissement à un mois maximum», indique Benchaâboun.

Made in Morocco
De son côté, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, met l’accent sur la fabrication marocaine, notant les efforts du gouvernement pour financer et accompagner des projets innovants. «En février 2021, 338 projets totalisant un chiffre d’affaires de 20,6 MMDH et 14 MMDH à l’exportation, ont été sélectionnés pour être soutenus», a-t-il déclaré. Le ministre souligne l’importance du label «Made in Morocco» et d’autres initiatives qui lui seront bénéfiques. Pour Elalamy, l’engouement des Marocains pour les produits fabriqués à domicile dans le sillage de la pandémie a été surprenant. «Le Maroc a été extrêmement innovant, et malgré ma longue expérience dans le secteur privé, j’ai découvert un nouveau Maroc, avec de nouvelles capacités», déclare le ministre.

Diversifier le Maroc
Pour Richard Attias, producteur d’événements et entrepreneur marocain, la clé de la reprise économique du pays réside dans la diversification de l’économie marocaine. «Le temps est essentiel, nous ne pouvons pas attendre. Dans le cadre de son plan de relance post-pandémique, le Maroc devrait apporter un soutien accru aux Petites et moyennes entreprises (PME)», soutient l’homme d’affaires. Et d’ajouter : «Nous avons souvent tendance à dire que le Maroc est la porte de l’Afrique», déclare-t-il. Alors que le Maroc devrait continuer à poursuivre ses aspirations continentales, Attias estime que le Maroc devrait être plus orienté vers le monde pour capitaliser sur les opportunités post-pandémiques. «Le pays pourrait être un gagnant à cet égard», conclut-il.

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco



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