Maroc

Réforme de l’enseignement : à quand la révision des curricula ?

Deux ans après l’adoption de la loi-cadre de l’éducation et de la formation, la révision des programmes et des curricula se fait toujours attendre. Sans cette mesure de fond, il s’avère impossible de mettre sur les rails la réforme tant attendue du système éducatif. Pour autant, le ministre de tutelle, Saaïd Amzazi, reconnaît que certains contenus sont dépassés et qu’il faut réviser le volume horaire de chaque matière. Jusque-là, les révisions menées par le ministère de l’Éducation nationale depuis cinq ans restent partielles, en attendant la grande réforme qui ne pourra avoir lieu qu’après la création de la commission permanente des curricula, conformément aux dispositions de l’article 28 de la loi-cadre. Cet article stipule que la commission doit élaborer un cadre référentiel des curricula ainsi que des guides des programmes et des formations, tout en veillant régulièrement à leur actualisation et leur adaptation aux évolutions pédagogiques modernes.

Le décret de la création de cette commission était attendu depuis des mois. Il ne reste plus qu’une année pour faire aboutir tous les textes nécessaires à l’implémentation de la réforme, dont celui relatif à la commission des curricula. Celui-ci devrait voir le bout du tunnel avant la fin de ce mandat gouvernemental qui tire à sa fin, selon une source proche du dossier. L’adoption de ce décret sera suivie par la nomination des membres de cette commission qui devront être des experts triés sur le volet. Une lourde mission incombera à cette instance pour opérer la transformation tant escomptée du système éducatif. La commission devra prendre en considération, lors de l’élaboration des cadres et guides référentiels, plusieurs orientations, à commencer par la coordination étroite entre les divers composantes et niveaux du système d’éducation, de formation et de recherche scientifique en s’inspirant des expériences étrangères réussies et des bonnes pratiques en la matière. Elle devra également opter pour une planification prévisionnelle des besoins et des spécificités des apprenants, en tenant compte des exigences locales et régionales de leur environnement social et économique.

Ce dossier figure parmi la liste des réformes urgentes à entreprendre dans le cadre du projet de réforme en cours. L’accélération de la cadence pour la mise en place de cette commission s’impose de sorte à pouvoir enfin réviser de fond en comble les contenus pédagogiques, considérés comme l’une des causes essentielles du mauvais classement des élèves marocains dans les classements internationaux. Le Maroc occupe en effet les derniers rangs des pays dans le classement TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) qui concerne les mathématiques, et dans le classement PIRLS, qui appréhende la maîtrise de la lecture des élèves de la quatrième année de primaire. Il est désormais prouvé que l’absence de maîtrise de la lecture au niveau primaire produit des effets irréversibles sur le développement cognitif de l’élève tout au long de son parcours scolaire et affecte négativement sa productivité à l’âge adulte. Le mauvais score des élèves marocains n’est-il pas le résultat des choix adoptés lors de l’élaboration des programmes scolaires marocains ? La question demeure en suspens, car le niveau des élèves est tributaire de plusieurs paramètres, selon les spécialistes. Il n’en demeure pas moins que le Maroc est en effet appelé à renforcer l’enseignement des sciences et des contenus pédagogiques pour améliorer le positionnement de ses élèves dans les classements internationaux.

Pour réussir ce pari, l’amélioration de la formation des enseignants s’avère être une condition sine qua non. Le niveau de l’école ne peut en effet surpasser celui de ses enseignants. Les méthodes d’enseignement sont aussi un élément clé de la réforme. Les outils pédagogiques et didactiques utilisés dans l’école sont on ne peut plus déterminants dans la facilitation de l’apprentissage. Dorénavant, il faut inclure l’utilisation des supports numériques en tant qu’activité obligatoire au sein des classes pour favoriser le travail collaboratif et développer le sens critique ainsi que l’esprit d’analyse des élèves. Un système national de l’e-learning devrait être bientôt mis sur les rails. Par ailleurs, les rythmes scolaires, très élevés au Maroc, seront aussi révisés. Le dossier, rappelons-le, était sur le bureau des différents ministres qui se sont succédé à la tête du département de l’Éducation nationale. Même le diagnostic des organisations internationales confirme la nécessité de revoir le temps d’instruction au Maroc, qui est largement supérieur à bon nombre de pays dont le système d’enseignement est performant. Le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’est déjà exprimé sur la nécessité d’opérer une réforme en la matière. Il faut dire que le sujet est très important et s’inscrit au cœur de la réforme tant attendue de l’enseignement. L’organisation du temps scolaire permet en effet de répondre à des objectifs pédagogiques pour permettre aux enfants de mieux apprendre à l’école. Cette question devra être passée au crible par la future instance des curricula. Elle fait d’ailleurs partie des missions de cette commission qui sera appelée à prendre en considération «la gestion du temps scolaire et des rythmes d’enseignement en vue de les adapter à l’environnement de l’école, notamment dans les zones lointaines et les zones à situation spécifique».. 

Un livre unique ?

Des voix s’élèvent de plus en plus pour demander l’utilisation du livre unique afin que tous les élèves soient sur un même pied d’égalité. La commission des curricula, qui aura pour mission de se pencher sur «la révision, le renouvellement et l’adaptation permanente des manuels scolaires et des divers outils didactiques», devra trancher cette question. Rappelons à cet égard que, depuis 2002, la Charte nationale d’éducation et de formation préconisait que les manuels scolaires devaient être multiples pour une discipline et un niveau donnés afin que les enseignants choisissent le plus adapté à leurs élèves. Après un benchmark international, il a été décidé de recourir à l’ouverture de la concurrence pour la conception et la production de manuels scolaires alors que, par le passé, cette tâche incombait au ministère de tutelle.

Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco


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