Réforme de l’éducation : les évaluations seront régionalisées
L’instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation a publié un diagnostic de la mise en œuvre de la vision stratégique pour les douze régions.
Après avoir finalisé le cadre d’évaluation de la performance au niveau national, l’instance nationale d’évaluation chargée du suivi de la réforme au sein du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a développé une approche régionale afin d’enregistrer les avancées réalisées dans chaque région du pays. Le cadre de performance esquissé couvre la période 2015-2018, indique le Conseil supérieur, qui précise qu’à l’horizon 2030, l’instance nationale d’évaluation produira, pour le niveau national et pour chaque région, une série de diagnostics pour les périodes 2019-2022, 2023-2026 et 2027-2030. Ce cadre, ajoute-t-on, se veut un outil de pilotage, qui présente une approche de la mesure des progrès accomplis selon des indicateurs de performance et de résultats appropriés, en s’appuyant sur les fondements de la vision stratégique. Le bilan d’étape réalisé propose aussi des mesures de redressement en fonction des spécificités régionales.
Un indice régional élaboré
L’instance nationale d’évaluation a pu concevoir un nouvel indice d’évaluation. Le Conseil précise que le nouvel outil d’analyse de l’état d’avancement des projets de la vision stratégique (Indice régional de développement de l’éducation, IRDE) a été conçu par l’instance afin d’appréhender la réalisation des objectifs de la vision : «L’IRDE est un indice composite qui compile 157 indicateurs minutieusement sélectionnés et thématisés selon une arborescence bien définie. Il est décliné en trois dimensions et vingt-sept sous-dimensions, tenant compte, à la fois, des trois piliers de la vision (équité, qualité et promotion) et de la cible 4 qui est liée à l’éducation et aux objectifs de développement durable (ODD). Les indicateurs qui composent l’IRDE sont élaborés à partir de bases de données administratives, de données d’enquêtes auprès des ménages et d’évaluations internationales sur l’apprentissage scolaire. Le plus important, pour le conseil, est que ce cadre de performance régional du suivi de la vision stratégique soit composé de dix fascicules régionaux (un par région, tandis que les trois régions du Sud ont été regroupées dans un seul fascicule). «Ce cadre propose donc, pour chacune des régions, un diagnostic à la fois synthétique et comparatif et dresse un état des lieux détaillé des indicateurs reflétant la mise en œuvre de la réforme éducative visant l’instauration d’une école de l’équité et de l’égalité des chances, de la qualité et de la promotion de l’individu et de la société », indique l’argumentaire de l’instance d’évaluation. À noter qu’après analyse détaillée de chacune des 27 sous-dimensions de l’IRDE, chaque fascicule régional présente à la fin une synthèse des forces et des faiblesses de la région dans le domaine de l’éducation.
Le principe d’équité prévaut
Les données collectées pour les régions montrent le renforcement a priori du principe d’équité, qui est le mieux positionné, «affichant une valeur d’indice qui avoisine les 60% au niveau régional», indique l’instance nationale d’évaluation. Les deux autres dimensions «qualité» et «promotion de l’individu et de la société» présentent des valeurs d’indice inférieures, variant selon les régions entre 45,2% et 52,5% et entre 43,5% et 53,5% respectivement. Pour l’instance, «la source de déficit dans le développement de l’éducation provient majoritairement de la «qualité de l’éducation» pour les régions Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l’Oriental, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra, Souss-Massa et Dakhla-Oued Ed-Dahab». En revanche, pour les régions Béni Mellal-Khénifra, Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Drâa-Tafilalet, Guelmim-Oued Noun et Laâyoune-Sakia El Hamra, c’est la dimension de la «promotion de l’individu et de la société» qui est la plus déficitaire, selon la grille des indicateurs analysés. Par ailleurs, l’analyse de l’IRDE par milieu révèle que le niveau de développement de l’éducation en milieu rural est significativement inférieur à celui du milieu urbain pour toutes les régions marocaines. «L’écart entre les milieux en matière de développement de l’éducation varie de 11 à 24 ans selon les régions», estime l’instance.
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco