Rapport de la Cour des comptes : l’eau parent pauvre des investissements
Devant les difficultés de financement persistantes dans le domaine de l’eau, qui est pourtant une denrée vitale très rare au Maroc, la Cour des comptes suggère une piste. Zoom.
Le Maroc dispose d’un potentiel en ressources hydriques estimé à 22 milliards de m3 par an. À ce titre, il figure parmi les 20 pays les plus «stressés» au monde en termes de disponibilité de ces ressources. Les eaux superficielles et souterraines mobilisées sont utilisées principalement dans l’irrigation (jusqu’à 88%), tandis que la fourniture d’eau potable et la satisfaction des besoins des autres secteurs économiques sont assurées à travers les 12% restants.
Du coup, le Marocain ne dispose en moyenne que de 550 litres par an, contre un ratio de 1.200 litres par personne par an recommandé par les Nations Unies. Dès lors, la Cour des comptes s’est penchée sur la gestion de cette ressource vitale et stratégique en 2019, notamment pour voir ce qui ne va pas et ce qu’il faut faire, entre autres, pour rehausser ce ratio vers la norme internationale recommandée.
Selon l’équipe de Zineb El Adaoui, la gestion du secteur de l’eau doit dépasser plusieurs insuffisances en vue de relever les défis liés à la mobilisation, la valorisation et la préservation des ressources en eau, ainsi qu’à la planification, l’organisation et le financement du secteur de l’eau.
En matière de financement, la Cour des comptes a constaté que l’eau est un parent pauvre des investissements dans notre pays. «Le secteur souffre de difficultés sérieuses de financement, et le recours au partenariat public-privé devrait être davantage développé, eu égard au nombre limité de contrats relevés à ce jour», est-il expliqué.
De l’avis de la Cour des comptes, le recours à ce moyen devrait tenir compte des risques et défis liés plus particulièrement au financement, à la concurrence, à la réglementation et à l’expertise. Dans ce cadre, la Cour a recommandé d’optimiser l’allocation des ressources financières destinées au secteur de l’eau et de veiller à l’amélioration de l’efficacité des investissements, notamment à travers l’adoption de modes de financement novateurs (PPP et autres).
De même, le système tarifaire actuel n’est plus adapté à une gestion rationnelle de la ressource, sachant que le financement du secteur est intimement lié au système de tarification. Ainsi, la Cour a recommandé de réaliser une étude sur le ciblage optimal, et de procéder, le cas échéant, à une révision du système de tarification de l’eau et de l’assainissement.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO