Province d’Al Haouz : un potentiel agricole à reconstituer
La province d’Al Haouz était considérée comme le modèle à suivre pour la petite agriculture à l’échelle nationale. Son potentiel lui a valu une attention particulière dans le plan régional agricole qui lui a dédié des projets prometteurs. Des projets avortés par la force de la nature et qu’il va falloir remettre sur pied.
Le potentiel dont regorge la province d’Al Haouz n’est plus à démontrer. Cette région montagneuse qui a été frappée par le terrible séisme du 8 septembre dernier disposait de toutes les capacités et des atouts pour se hisser au rang des régions les plus productives. En effet, la localité dispose de terres fertiles étalées sur environ 145.000 hectares, dont près de la moitié est irriguée par différents moyens. Les cultures qui font la notoriété de la province, en dehors des produits de terroir tels que l’huile d’olive, le miel et les plantes aromatiques et médicinales, sont la pomme, la noix, les agrumes ainsi que l’agriculture maraîchère. À noter que la célèbre pomme «Golden royal» émane de la province d’Al Haouz et plus particulièrement d’Asni. Cette variété est d’ailleurs homologuée à l’international.
Porte-étendard de la petite agriculture
Ces activités étant essentiellement portées par des petits producteurs, la région est devenue au fil du temps le symbole de la petite agriculture. Pour faire la promotion de ces produits, les producteurs locaux se sont organisés en 65 groupements qui comprennent des coopératives, des associations et des groupements d’intérêts économiques.
Ces groupements comptent 2.270 acteurs, dont 28% de femmes. Pour promouvoir davantage les productions des différentes filières de la province, le plan régional agricole y a consacré tout un programme de développement. Ainsi, 21 unités ont été construites et équipées pour la commercialisation de quatre produits dans le cadre de l’agriculture solidaire. Il s’agit de la noix de l’Atlas Haouz Marrakech, de l’huile d’olive Aghmat Aylan, de la pomme Haouz et de l’huile d’olive Amzmiz. Les réalisations ont touché 32 projets pour une enveloppe budgétaire de 520 millions de dirhams au profit de 57.300 petits agriculteurs.
À noter que l’olivier représente 30,4% du total de la production. Ce dernier constitue la principale spécialité fruitière plantée dans la zone d’Al Haouz. Elle occupe une superficie de 124.200 hectares, soit 85% de la superficie arboricole et 64% de la superficie régionale. Quant aux agrumes, la superficie dédiée représente 10% de la production nationale. Nadorcott d’Afourer demeure la variété phare de la région avec 23% de la superficie agrumicole régionale.
Potentiel agricole avéré
Dans la même perspective, la province d’Al Haouz a été illustrée par le Fonds international de développement agricole (FIDA), en 2018, pour son projet relatif à la lutte contre les inégalités de genre et à la promotion de l’autonomisation des femmes rurales pour la région MENA. Ce programme, qui a nécessité un financement de 9 MDH, a bénéficié à 29 associations.
Néanmoins, à en croire les professionnels, en dépit des barrages dont dispose la région, celle-ci a davantage besoin de grands barrages pour assurer une irrigation plus étendue. De surcroît, les techniques d’irrigation restent encore caduques.
Dans ce sens, l’Office régional de mise en valeur agricole d’Al Haouz (ORMVAH) avait récemment chargé une société spécialisée pour la distribution de l’eau d’irrigation dans le périmètre d’Al Haouz central. La superficie concernée est de 48.600 hectares, lesquels étaient principalement irrigués à partir d’eaux souterraines sous pression. Le manque d’accompagnement des petits agriculteurs pour adhérer à la dynamique nationale faisait encore défaut.
Dans le même sillage, les chiffres indiquent qu’en termes de valorisation, les unités modernes dédiées à la trituration d’olives s’élèvent à 18, contre 392 traditionnelles pour une production globale respective de 28.000 et 23.000 tonnes.
Pour la filière de la noix, la région dispose d’une seule unité, laquelle produit 20 tonnes par an. En dehors du potentiel agricole avéré, la région dispose d’atouts culturels, historiques et naturels, ce qui a lui valu une notoriété à l’échelle internationale pour le tourisme rural. De plus, les ressources naturelles et les dotations en capital humain offraient un réel potentiel pour le développement du secteur de l’artisanat. Ce dernier concerne une grande variété de secteurs allant de la poterie au textile, en passant par la sculpture sur pierre et les tapis.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO