Protection de l’enfance : un nouveau programme pour les enfants en situation de rue
Un nouveau programme sera mis sur les rails, visant à renforcer les capacités des professionnels des services sociaux pour la protection de l’enfance. En ligne de mire, la réintégration de ces enfants au sein de leur milieu familial ou dans un milieu alternatif à la protection familiale, ainsi que leur inclusion sociale.
La protection et l’assistance sociale aux enfants en situation de rue, au Maroc, n’est plus un sujet secondaire pour l’État qui a lancé un nouveau projet, en partenariat avec l’UNICEF, dans l’optique de trouver de nouvelles formules d’éradication de ce phénomène qui s’est aggravé depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Il s’agit, essentiellement, de renforcer le système de protection provincial et communal afin de répondre aux besoins de ces enfants et garantir leurs droits.
L’analyse de la situation des enfants au Maroc, menée par l’Observatoire national du développement humain, l’Observatoire national des droits de l’enfant et l’UNICEF, indique que, parmi les enfants en situation difficile, «ceux qui sont en situation de rue sont les plus vulnérables». Les données exactes sur ce phénomène ne sont pas disponibles, ajoutent les initiateurs de cette enquête, réalisée en 2019, et qui révèle que les chiffres officiels, «sont en contraste avec les données des organisations de la société civile, lesquelles estiment le nombre d’enfants en situation de rue à 25.000 en 2015».
Ce décalage s’explique, en partie, par le fait que la plupart de ces derniers restent en contact avec leurs familles et regagnent leurs foyers plus ou moins régulièrement. La majorité d’entre eux sont de sexe masculin, selon les organisations de la société civile qui œuvrent dans ce domaine. Le dernier rapport, réalisé à ce sujet, note une hausse du nombre d’enfants concernés dans les grandes villes comme Casablanca, Fès, Marrakech, Tanger et Nador. «Leur présence dans les rues de Tanger et de Nador est principalement liée à leur mobilité potentielle, voire à leur désir de migrer vers l’Europe», précise la même source.
Au-delà du diagnostic
Un programme de formation, en faveur des acteurs de la protection de l’enfance et des organisations de la société civile, sera conçu et mis en œuvre, dans l’optique de ralentir le développement de ce phénomène qui n’épargne aucune région du pays. Il portera sur la prévention, la détection, la prise en charge et la réinsertion des enfants en situation de rue.
Pour atteindre les objectifs recherchés, une session de formation a été organisée en 2020, ciblant les professionnels travaillant directement avec les enfants. Elle a porté sur 13 modules dont quatre spécifiques à la thématique des enfants des rues. Il s’agit, principalement, de mettre en avant les modalités de leur prise en charge et les processus de leur intégration.
Une des finalités escomptées consiste dans la conception de «projets de vie individuels et de processus d’insertion professionnelle pour les enfants des rues», indique la nouvelle feuille de route tracée pour ce faire. Il s’agit, par conséquent, de doter les acteurs concernés des connaissances et compétences nécessaires pour fournir des services de qualité en matière tant de prévention, de détection et de prise en charge que de suivi et de réinsertion de ces enfants, avec une attention particulière portée aux aspects droits humains, égalité des sexes et cycle de vie.
Vers un projet pour quitter la rue
L’objectif du nouveau programme est de doter les acteurs associatifs de techniques et d’outils de réinsertion des enfants sans domicile, à travers des liaisons entre les différents intervenants impliqués et les services d’assistance sociale pour enfants. L’évaluation de «la situation de danger» sera aussi réalisée ainsi que «des projets de sortie de la rue», selon ladite feuille de route. Les stratégies de prise en charge par des établissements de protection sociale dédiés, seront aussi révisées, tout comme celles relatives à la réinsertion des enfants dans leurs familles.
La formation, qui sera initiée, ciblera les travailleurs sociaux et cadres associatifs de 44 établissements de protection sociale (EPS) pour les enfants en situation difficile et 22 délégations de l’Entraide nationale. Des membres représentant 18 centres d’accompagnement pour la protection de l’enfance (CAPE) seront aussi intégrés au programme ainsi que cinq centres d’assistance sociale pour enfants, à Tanger, Meknès, Casablanca, Salé et Taroudant. Pour leur part, 27 associations, partenaires du ministère, et œuvrant dans le domaine, seront également associées aux efforts déployés pour établir des plans de sortie pour les enfants de rue.
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO