Maroc

Prix de la tomate : la pression devrait retomber

Produit phare de l’alimentation, surtout en cette période de Ramadan, la tomate ronde est au cœur de toutes les attentions, entre forte demande et tensions sur l’offre. Si la campagne se déroule normalement du côté des producteurs, ceux-ci dénoncent les effets pervers de la spéculation des intermédiaires. Néanmoins, côté production, l’arrivée de températures plus clémentes devrait impacter positivement l’offre et, par conséquent, les prix.

Incontournable dans la préparation de la harira, la soupe phare du Ramadan, la tomate s’impose comme l’aliment vedette de ce mois de forte consommation. Comme à l’accoutumée, le début du mois de Ramadan s’accompagne d’une hausse des prix des produits alimentaires les plus prisés. Et cette saison ne fait pas exception.

À quelques jours du mois sacré, le prix du kilo de tomate a grimpé jusqu’à 13 dirhams le kilo, avant de redescendre légèrement pour s’établir autour de 10 dirhams. Une flambée jugée excessive par rapport au prix de vente en gros, oscillant entre cinq et six dirhams le kilo, selon un producteur.

«Cette année, le processus de production s’est, d’une manière générale, déroulé normalement. La campagne avait démarré avec une surproduction entre octobre et décembre, ce qui avait entraîné une chute des prix. Mais les mois suivants ont été marqués par une baisse des températures, un facteur défavorable au circuit de croissance des tomates. Malgré ces fluctuations, l’offre s’est stabilisée, permettant un effet de rattrapage avec une offre plus abondante», témoigne un professionnel.

Toutefois, les producteurs dénoncent régulièrement l’impact des intermédiaires sur la cherté du produit.

«Les agriculteurs vendent leurs tomates à cinq ou six dirhams le kilo, mais pour le consommateur final, le prix est presque doublé, sachant que l’agriculteur vend à perte durant certaines périodes», regrette un exploitant.

Malgré les rencontres avec les autorités l’année dernière, aucune solution durable n’a été trouvée pour limiter la flambée des prix.

Parmi les alternatives souvent évoquées, la vente directe du producteur au consommateur, afin de contourner les intermédiaires et limiter la spéculation. Un procédé qui permettrait de pratiquer sur le marché des prix plus abordables. Et ce, même en comptant les frais d’approche, étant donné que ces derniers ne devraient pas excéder 1 DH. Quant aux frais de transport, ils ne dépassent pas les six centimes par kilogramme.

Une production fragilisée
En matière de superficie, la production de tomates s’est maintenue à un niveau similaire à la campagne précédente. Cependant, les cultivateurs font face à une menace persistante : celle du virus ToBRFV, qui affecte les plants sous serre et cause des pertes significatives, estimées entre 20% et 30% de la production globale de cette campagne.

Faute de semences plus résistantes, le secteur peine à juguler l’impact de ce pathogène. Toutefois, avec les températures plus douces qui s’installent, l’offre tend à s’accroître. Cela devrait contribuer à stabiliser les prix dans les prochaines semaines, le débit du volume se reflétant sur les prix. Notons que, malgré un contexte climatique difficile, la tomate marocaine continue de s’imposer sur les marchés internationaux.

En 2024, les exportations ont atteint 424.000 tonnes entre janvier et juillet, enregistrant une hausse de 16% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. L’Europe demeure le principal débouché du pays, confirmant la place du Maroc parmi les leaders mondiaux du secteur. Si la production nationale pour 2024 est estimée entre 1,4 et 1,5 million de tonnes, les tensions sur les prix persistent, notamment en raison des difficultés climatiques et des pertes causées par le virus ToBRFV.

Par ailleurs, la raréfaction des ressources hydriques contraint de plus en plus d’agriculteurs à réduire leurs superficies cultivées. Certaines régions ont ainsi vu les surfaces consacrées à la tomate diminuer de 10% à 15% ces dernières années.

Deux catégories de tomates
Sur le marché national, deux grandes catégories de tomates se partagent les étalages, la tomate ronde et la petite tomate. La première englobe plusieurs variétés, dont la ronde classique, l’allongée et la cœur de bœuf, cette dernière restant peu populaire au Maroc. Quant à la petite tomate, elle se décline en une multitude de variétés colorées, mais peine encore à s’imposer dans la cuisine locale.

Malgré ces défis, l’augmentation de l’offre attendue, avec le retour des conditions climatiques plus clémentes, devrait permettre une accalmie sur les prix. Reste à voir si cette tendance se confirmera tout au long du Ramadan, période charnière pour ce fruit devenu un incontournable de la table marocaine.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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