Port sec d’Agadir : les contours et les chiffres clés du protocole d’accord
Le projet du port sec d’Agadir entre enfin dans une phase concrète. En effet, le terrain a été balisé pour sa réalisation suite à la publication au Bulletin officiel du 6 janvier 2025 du décret portant création de la zone franche d’exportation d’Agadir Souss-Massa (ZAI actuellement).
Pour rappel, ce projet relève des dossiers inscrits dans le cadre du programme de développement régional (PDR) de Souss-Massa. Le protocole d’accord correspondant a donc été scellé, en début de semaine, dans la Zone d’accélération industrielle de Souss-Massa, sise dans la commune de Draga.
La cérémonie de signature officielle a été présidée par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, en présence de quatre ministres. Le contrat a été signé par Karim Achengli, président du Conseil régional Souss-Massa, Khalid Safir, directeur général de la CDG, Ghassane El Machrafi, directeur général de l’AMDL, Mustapha Fares, directeur général de l’ANP et Fouad Brini, président du Conseil de surveillance de Tanger Med (Official Account)-TMSA.
À noter que ce protocole d’accord remplace celui du 3 novembre 2023 conclu, à Agadir, par la CDG, TMSA et la RSM. Dans le détail, les parties signataires ou leurs filiales prendront, en vertu de cet accord, les mesures adéquates pour l’obtention des autorisations préalables nécessaires pour leur participation dans le cadre de la société «Agadir atlantique hub», et ce, dans un délai de trois mois à partir de la signature de ce protocole.
La société Agadir Atlantique Hub : un capital de 150 MDH
Dans le détail, les parties conviennent de la création d’une Société anonyme dite «Agadir atlantique hub», d’un capital de 150 MDH, permettant le démarrage du projet de Port Sec. Situé au sein de la Zone d’accélération industrielle de Souss-Massa dans la commune de Drarga, et s’étendant sur une superficie globale de 100 ha – tel que délimitée par le plan de terrain, conformément au décret n° 2.23.725 – le futur port sec d’Agadir sera réalisé dans un premier temps sur un terrain de 50 ha, extensible de 50 ha.
Sachant que la surface à terme de la ZAI est de 350 ha, ce projet logistique, nécessaire à l’accompagnement des opérateurs industriels, représente 14% de la surface totale de la zone. La première tranche de 50 ha sera consacrée au développement du Port sec et à la zone logistique sous douane.
Le budget correspondant s’élève à 1,27 MMDH dont 560 MDH pour le démarrage de l’exploitation de la zone de contrôle et de stockage ainsi que de quelques premiers entrepôts. L’estimation actuelle du projet initial (portant sur 50 ha) inclut les investissements nécessaires pour la zone de contrôle de 10 ha, la zone de stockage des camions TIR et conteneurs (12 ha) et celle des entrepôts logistiques (12 ha). Les parties conviennent que leur part individuelle dans le capital initial de la Société «Agadir Atlantique Hub» est de 20% du capital, soit un apport de 30 MDH pour chaque partenaire.
20% du capital pour chaque partenaire
En termes d’engagements, la région Souss-Massa s’est engagée à participer au tour de table de la Société précitée qui portera le projet de Port Sec, et ce, à hauteur de 20% tout en accordant aux investisseurs installés dans le port sec une prime à l’investissement et à l’emploi. Les montant et les modalités de versement de cette prime seront fixés dans le cadre de la Convention de mise en valeur du projet qui sera signée ultérieurement. Il s’agit aussi d’accompagner la Société AAH dans le processus d’acquisition de l’assiette foncière du projet et de céder les 100 Ha nécessaire pour l’aménagement du port sec.
Dès la première année de réalisation du projet, une subvention de 250 MDH sera octroyée à la Société AAH pour permettre la viabilité économique du projet. Elle sera le seul organisme habilité pour l’aménagement, le développement, la gestion, la commercialisation et l’exploitation du projet en vertu des pouvoirs qui lui sont octroyés. Il est prévu également de lui apporter tout le soutien procédural, administratif et légal et d’assurer la promotion du projet tout en prenant en charge, avec ses partenaires autres que les signataires de ce protocole, les hors-site du projet. Il s’agit, notamment, de la protection contre les inondations, l’accès et les raccordements, la mobilisation et la libération du foncier hors-site nécessaire pour le raccordement aux différents réseaux.
Pour les autres partenaires, notamment la CDG, l’AMDL, l’ANP et Tanger Med, il participeront au tour de table de la Société «Agadir Atlantique Hub» directement ou à travers une de leurs filiales. Ils devront par ailleurs contribuer, à travers des comités spécifiques, aux études nécessaires pour la réalisation du projet et du business plan prévisionnel de la première tranche du projet. Ce dernier sera élaboré sur la base des hypothèses fixées conjointement.
À noter que les autres partenaires devront conduire avec les parties prenantes les ateliers métiers nécessaires (écosystème agricole, industriel et logistique de la région) afin de répondre au mieux à leurs besoins actuels et futurs. Ils auront enfin à contribuer à l’effort de réalisation des travaux de la première tranche du projet.
2e tranche de 50 ha : une vocation logistique ou industrielle
Par ailleurs, en vertu de cet accord, les parties ont convenu, avec l’accord de la wilaya et de la région Souss-Massa, que la seconde tranche de 50 ha sera développée avec une finalité qui pourrait être logistique ou industrielle, selon l’évolution du marché.
La finalité étant d’assurer la viabilité économique globale du projet en consolidant les flux à destination du Port sec par l’installation de nouveaux acteurs industriels dans la ZAI. Le projet aura comme principaux objectifs, d’une part, la facilitation des formalités douanières, documentaires et physiques ainsi que les formalités administratives (ONSSA, Phytosanitaire, MCI…), et d’autre part, la gestion de marchandises en statut zone franche et en statut sous douane ou type Magasins et Aires de Dédouanement (MEAD).
Il s’agit aussi, entre autres, d’assurer le développement de la logistique d’exportation facilitant aux entreprises de la Région Souss-Massa la pré-consolidation des exports de leur production via les ports du Royaume et l’interconnexion des flux portuaires permettant aux opérateurs de bénéficier des 200 connexions maritimes hebdomadaires du Royaume.
À cela s’ajoute la consolidation des flux terrestres vers l’Afrique en facilitant le transit de plus de 70.000 camions par an, de la région Souss-Massa via Guergarate vers les pays de l’Afrique de l’Ouest et la facilitation du pré-stockage des flux et leur consolidation. Il y aura également du recours au cabotage si nécessaire, au désengorgement des zones de stockage et dédouanement dans les ports et au développement des divers services portuaires et logistiques rendus aux camions TIR, conteneurs, palettes.
L’axe portuaire Tanger-Casablanca-Agadir : 200 millions de tonnes par an
Pour rappel, le Maroc traite en manutention et stockage portuaire plus de 210 millions de tonnes de marchandises par an au niveau des ports gérés par l’ANP et Tanger Med. Quant à l’axe portuaire Tanger-Casablanca-Agadir (800 km), il représente 200 millions de tonnes par an, soit 95% du tonnage du Royaume, réparti sur six ports principaux.
L’enjeu est de renforcer ce corridor logistique d’exportation à destination de l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, notamment dans le contexte de concurrence accrue avec de nouveaux acteurs régionaux. Il s’agit aussi d’anticiper les risques futurs de congestion du corridor d’exportation européen, via Tanger Med, Casablanca et Agadir, que pourraient entraîner l’accroissement continu des volumes exportés par la Région Souss-Massa, notamment durant les saisons agricoles.
L’objectif est par ailleurs de contribuer à la massification des flux en vue de contribuer à l’amélioration de la performance de la filière logistique nationale.
Étaient présents à la cérémonie de signature, outre le chef du gouvernement, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, Younes sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Abdessamad Kayouh, ministre du Transport et de la Logistique et Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’évaluation des politiques publiques.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO