Pêche artisanale et côtière : des produits en baisse et plus chers !

Face à la surpêche et à la raréfaction des ressources, la pêche artisanale et côtière voit ses prises se réduire d’année en année. Le tout dans un contexte de mise en branle de chantiers de modernisation et de digitalisation.
C’est la filière qui permet directement aux ménages de consommer du poisson, mais elle est souvent le parent pauvre de ce lucratif secteur de la pêche. Il s’agit bien évidemment de la pêche artisanale et côtière. Et elle fait face à une réalité qui se confirme d’année en année : la baisse des ressources halieutiques.
D’ailleurs, encore une fois, ces chiffres alarmants refont surface dans les dernières statistiques de l’Office national des pêches (ONP). Selon lui, les produits commercialisés de la pêche côtière et artisanale ont encore une fois enregistré une baisse. Et cette fois, la chute est de 23% à fin avril dernier, par rapport à la même période en 2024.
Il est vrai que durant la saison pluvieuse et le froid, les prises sont moins importantes que lorsqu’il fait plus chaud, mais voilà un défi que les acteurs de la pêche artisanale et côtière sont appelés à relever désormais au fil des ans. Et pire encore, la rareté de la ressource se répercute sur le prix du poisson, qui devient de plus en plus prohibitif pour le consommateur final.
10,54 MMDH
Si l’on revient aux chiffres de l’ONP, on constate que malgré la diminution des prises dans l’ensemble, la valeur des produits commercialisée, elle, ne baisse absolument pas. Autrement dit, ils sont vendus plus chers, car à fin avril dernier, cette valeur des produits commercialisée est montée à 3,65 MMDH, soit une hausse de 2%.
D’ailleurs, les indices des prix des produits alimentaires situent toujours ceux des poissons parmi les plus chers, et demeurent inaccessibles pour une bonne franche de la population. Probablement, avec le retour de la chaleur, les indicateurs sur les prises de la pêche artisanale et côtière devraient s’améliorer ponctuellement, mais cela n’oculte pas les autres défis liés à la surpêche.
Se pose alors l’éternel problème du respect par les grands chalutiers, des règles et des dispositifs des accords liant le Royaume à leurs pays. Cette question se pose depuis belle lurette, surtout de la part des bateaux étrangers, qui disposent bien évidemment de moyens incomparables et qui font un chiffre d’affaires de loin supérieur à celui des acteurs de la pêche côtière et artisanale.
À ce propos, il faut noter que le chiffre d’affaires généré par la filière a atteint 10,54 MMDH en 2024, pour 1,39 million de tonnes de produits commercialisés dans les différents ports du Royaume. En outre, il faut noter que la pêche artisanale et côtière fournit près de 60.000 emplois directs, soit 25% des effectifs du secteur via l’exploitation de 17.000 barques au niveau de 150 sites.
Chantiers
Au niveau du département de tutelle, on se dit conscient de l’ensemble des défis, tout en essayant d’œuvrer à la concrétisation des projets de modernisation de la pêche artisanale et côtière. C’est ainsi que le plan d’action pour 2025 de l’ONP vise à moderniser et structurer durablement le secteur halieutique marocain. Il se concentre sur plusieurs axes clés, notamment la modernisation des halles aux poissons et des marchés de gros afin d’améliorer l’hygiène et la qualité des produits. Un autre objectif majeur est l’extension de la digitalisation de la vente aux enchères à l’ensemble des sites de commercialisation.
De même, l’ONP prévoit l’installation de centrales photovoltaïques sur les sites isolés afin de renforcer l’efficacité énergétique du secteur. Un référentiel national est également dans le pipe afin d’améliorer la traçabilité et la qualité des produits halieutiques. Enfin, le chantier de la digitalisation de la vente aux enchères des produits de la mer progresse bien, avec 18 halles sur 22 (soit 82%) dans les ports utilisant désormais le système de vente digitalisée.
Ce système couvre 71% des espèces vendues. Pour les autres halles, 16 sur 45 (soit 35%) ont également adopté cette technologie, représentant 66% des espèces commercialisées. Le processus de digitalisation se poursuit également dans les comptoirs d’agréage du poisson industriel (CAPI).
Enfin, concernant les pêcheurs et propriétaires de barques de pêche artisanale, le gouvernement avait récemment adopté un décret pour les inclure dans le système de couverture sociale.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO