Participations de l’État : les grands comptes rapportent 111 MMDH en dix ans
Entre 2014 et 2023, un noyau d’entreprises a versé en moyenne 10,22 milliards de DH par an dans les caisses publiques. À fin septembre dernier, le Trésor a déjà perçu 12 milliards de DH de ces grands comptes.
Pour financer ses dépenses, le Trésor peut compter sur le cercle des habituels grands comptes de son portefeuille. Ainsi, au cours des dix dernières années, l’État a perçu 111 milliards de dirhams (MMDH), sous forme de dividendes et diverses redevances provenant d’un noyau d’entreprises où il est soit seul dans le tour de table, soit détenteur de participations : OCP, l’Agence nationale de la conservation foncière (ANCFCC), Bank Al-Maghrib et Maroc Telecom.
Entre 2014 et 2023, ces entreprises lui ont versé en moyenne 10,22 MMDH par an. Ce montant équivaut à presque 75% du budget alloué à l’Enseignement supérieur.
Selon le ministère des Finances, à fin septembre dernier, le Trésor a déjà perçu 7,74 MMDH, soit un peu plus d’un 1/3 de ce qu’il compte engranger de son portefeuille des participations (19,5 milliards de DH) en 2023.
Selon les projections du ministère des Finances, les entreprises publiques devraient rapporter 24,5 MMDH au Trésor au terme de l’exercice en cours, dont 5,98 milliards au titre de cessions des participations. Et elles sont au rendez-vous. À fin septembre dernier, elles ont versé 12,1 MMDH, dont 5,8 MMDH provenant d’OCP, 2,7 MMDH de l’ANCFCC, et quelque 690 MDH de Bank Al-Maghrib, et Maroc Telecom.
Pour 2025, les caisses publiques devraient recevoir 19,55 milliards de dirhams de dividendes provenant du noyau des grands comptes du public. Il est par ailleurs prévu 9 milliards de dirhams de recettes de la privatisation.
Un redéploiement stratégique attendu
Il est noter que ces gros comptes, qui assurent l’essentiel des revenus que perçoit l’État, sont par ailleurs des acteurs de développement du pays. Au dernier décompte (ndlr : arrêté à fin septembre 2024), le portefeuille de l’État se composait de 276 entités, dont 43 sociétés anonymes à participation directe du Trésor.
La réforme annoncée en matière d’établissements et d’entreprises publiques va se traduire par la redéfinition des modèles stratégiques de quelques poids lourds, notamment l’ONEE, Barid Al-Maghrib et de la Société nationale de transport et logistique (SNTL). Soulignons qu’en intégrant les filiales des entreprises publiques, l’État est directement ou indirectement présent dans 517 entreprises, dont 53% ont des tours de table où il détient le pouvoir de contrôle.
Dans ce total, il faut par ailleurs ajouter 21 sociétés appartenant aux collectivités territoriales qui bénéficient souvent d’un soutien financier public pour leurs investissements, ou d’une garantie pour lever des emprunts sur le marché financier. Un petit cercle d’entreprises, tels que le groupe OCP, l’ONEE, Royal Air Maroc, le groupe CDG, l’ONCF, le groupe Al Omrane et ADM, réalisent l’essentiel des performances du secteur en termes d’investissements, de chiffre d’affaires et de transferts financiers.
Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO