Nouvelle hausse du fret maritime : le Maroc bien préparé
Depuis début novembre, les prix du fret maritime repartent progressivement à la hausse, en raison des fêtes de fin d’année qui approchent, suivies du nouvel an chinois. Mais au Maroc, on semble avoir anticipé les effets de cette hausse. Les détails.
Après une baisse continue qui a duré quatre mois, les prix du transport de conteneurs repartent à la hausse. On enregistre ainsi une augmentation progressive des tarifs depuis le début du mois de novembre. Est-ce suffisant pour tirer la sonnette d’alarme ou pour alerter sur de nouvelles perturbations dans le fret maritime ? Du côté des professionnels du transport maritime, on rassure, expliquant que cela était plutôt attendu.
«À partir du 1er novembre, les taux repartent graduellement à la hausse selon une cadence de l’ordre de 4% par semaine. Cette tendance s’explique par la conjonction des fêtes de fin d’année et du nouvel an chinois (10 février 2025)», contextualise le professeur Najib Cherfaoui, expert maritime.
En ce qui concerne les répercussions de cette nouvelle hausse, «l’équilibre de la balance commerciale sera légèrement affecté. Le Royaume s’est parfaitement préparé, car les chargeurs ont bien travaillé leur agenda : ils ont su tirer avantage de la fenêtre août-octobre pour évacuer les stocks export et renouveler les stocks import», poursuit Cherfaoui.
Prévisions
Quoiqu’il en soit, il y a lieu de rassurer sur le fait que les niveaux actuels des prix du fret maritime n’ont rien à voir avec la flambée historique survenue au lendemain du covid. Et même les prévisions du pic de ces augmentations actuelles ne prévoient pas un dépassement au-delà de 5.000 dollars pour le prix du transport de conteneurs de 40 pieds en provenance de Chine et à destination du Maroc ou de l’Europe.
Pour rappel, en février dernier, pour un conteneur affrété de Chine et à destination de la Méditerranée, le prix était passé d’environ 2.000 dollars à près de 6.000, voire 7.000 dollars.
«Contrairement à ce que l’on avait connu au lendemain de la pandémie, il s’agit là d’un allongement du trajet de navigation», expliquait alors El Mostafa Fakhir, expert maritime et en transport et logistique.
L’entrée en vigueur de la taxe carbone dans l’espace européen, depuis octobre 2023, y était également pour quelque chose. Actuellement, les tarifs recommencent à descendre en dessous des 5.000 dollars.
Primes d’assurances
De même, les grands armateurs ont décidé de suspendre leurs liaisons via la mer Rouge depuis le début des attaques des Houthis, en soutien à la résistance palestinienne dans sa guerre contre l’armée israélienne. C’est le cas du danois Maersk, de l’allemand Hapag Lloyd, du français CGMA CGM, ainsi que de l’italo-suisse MSC.
Depuis lors, les navires sont déroutés en direction du Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud, afin de prendre par la suite la direction de l’Atlantique Nord en logeant les côtes africaines ou en prenant la direction de l’Amérique latine.
À ces surcoûts logistiques, il faut ajouter l’allongement moyen de 15 jours pour les trajets, l’augmentation des primes d’assurances et le handicap du manque d’eau dans le canal de Panama. Et il faut aussi dire que depuis lors, aucune accalmie n’a été constatée en mer Rouge, puisque quasiment chaque semaine, des tirs ciblent des navires, entraînant incendies et risques de naufrage.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO