Maroc

Moins d’inégalités et plus de qualité pour commencer

C’est ce qui ressort de la journée d’étude organisée au Parlement par le groupe du PJD sur la problématique de l’école. Les experts qui ont pris part à cette journée ont tous convenu de cette faiblesse qui nécessite un Plan Marshall et non des mesurettes.

Trois ans après la finalisation de la nouvelle vision de la réforme de l’éducation 2015-2030, les résultats tardent à venir. L’école marocaine a du plomb dans l’aile. Elle tire vers le bas des pans entiers de l’économie du pays tant son impact sur des secteurs vitaux est avéré, prouvé par des études et des rapports mondiaux. La Banque mondiale, le FMI, les organismes de notations… tous arrivent à la même conclusion, que tout le monde connaît d’ailleurs: l’enseignement au Maroc enraye la machine économique du Maroc. La journée d’étude organisée mardi au Parlement par le groupe du PJD a été une énième occasion de crier gare. En limogeant le ministre de l’Éducation nationale -parmi d’autres ministres- la plus haute autorité du pays a aussi exprimé sa colère de voir un secteur aussi crucial plongé dans une léthargie complète. Vouée aux gémonies, l’école marocaine est aujourd’hui considérée comme le lieu de tension, d’ennui et de violence; la pépinière de futurs chômeurs sans qualification notable par excellence. Cela ne servira en rien la volonté du pays de prétendre au club des pays émergents. Même les efforts en matière de développement humain sont grevés par les mauvais indicateurs de l’école qui sont pris en compte par les organismes de classement.

Contre la banalisation de la médiocrité
Rahma Bourqia, directrice de l’Instance nationale de l’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’enseignement, a réitéré le fait que la réforme de l’éducation est le point de départ de toutes les autres réformes économique, sociale et culturelle. Elle n’y est pas allée de main morte, expliquant que malgré les bonnes volontés pour sortir le secteur de sa bulle, toutes les études montrent que la faiblesse de rendement continue d’en être la principale caractéristique. D’ailleurs, une étude rendue publique en avril dernier par le Conseil supérieur a montré que les scientifiques sont mauvais en mathématiques, et les littéraires en langue arabe. Les experts ayant pris part à cette journée d’études ont tous convenu de cette faiblesse qui nécessite un Plan Marshall et non des mesurettes. Le problème, c’est qu’à force d’en parler sans voir de changement, la sonnette d’alarme se fait de moins en moins audible, et la problématique se banalise. Dans un pays comme la France, où l’éducation est en meilleure posture, le Sénat n’a eu de cesse de la tirer face à la dégradation de la qualité d’un enseignement qui, vu du Maroc, serait le must. Mais dans l’Hexagone, les mesures sérieuses n’ont pas tardé à venir. Soutenu par le président, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, n’a pas hésité à lancer les réformes qui fâchent mais qui s’avèrent indispensables. Plus de discipline dans les lycées, réformes de la maternelle, plus de budget mais rationnellement alloué, plus d’autonomie pour les écoles… un changement radical.

Contre le décrochage, une école de qualité
Au Maroc, il va falloir un véritable électrochoc pour sauver l’école et, surtout, des mesures retentissantes pour redonner confiance. Pour Bourqia, l’accumulation des déficits a brouillé les pistes visant à dégager des priorités claires en matière de réforme de l’enseignement. Cela n’a pas empêché la responsable de souligner qu’il va falloir commencer par une école plus équitable. Des milliers d’élèves abandonnent malgré eux les bancs de l’école dans les zones éloignées et montagneuses. Le phénomène est en train de faire tache d’huile même au sein des villes. L’autre priorité est celle de la qualité. Certes, le Maroc a réalisé des avancées considérables en matière d’accès à l’école primaire. Mais chemin faisant, les élèves qui pâtissent du manque de qualité de l’enseignement décrochent et se retrouvent dans la rue parmi les armées de chômeurs et d’analphabètes. Toutefois, ni l’équité, ni la qualité ne sont aujourd’hui une urgence. Certains fins observateurs priorisent plutôt le retour à la discipline au sein des classes pour réinstaller un climat de respect entre l’élève et l’enseignant. Ils prônent également un travail sur les valeurs et l’éducation civique et sportive pour préparer l’élève à apprendre. Il faut penser aussi à une école plus accueillante disposant des moyens matériels et pédagogiques pour un enseignement de qualité.



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