Modernisation de l’administration : Encore beaucoup de défis à relever
La modernisation de l’administration marocaine et l’amélioration de son image auprès des citoyens est un long processus qui a démarré il y a quelques années. Les défis sont colossaux. Pour débattre des enjeux à relever par l’administration, le ministère de la Fonction publique a réuni des inspecteurs généraux, des directeurs des ressources humaines et des experts.
Comment améliorer le rendement de l’administration publique et la qualité de ses services ? Très critiquée par les citoyens, l’administration marocaine est appelée à relever de nombreux défis. Les responsables semblent conscients de la nécessité de réconcilier le citoyen avec l’administration, de répondre aux enjeux de la proximité et de s’adapter au chantier de la régionalisation avancée. Des efforts ont été déployés au cours des dernières années. Mais, beaucoup reste à faire. Pour débattre des enjeux et des défis à relever par « l’administration de demain », une rencontre a été organisée, mercredi dernier à Rabat, par le ministère de la Fonction publique en présence des inspecteurs généraux des différents départements ministériels, des directeurs des ressources humaines et des systèmes d’information ainsi que d’experts nationaux et internationaux. L’objectif est de rapprocher davantage les points de vue autour du diagnostic qui est déjà établi et d’unifier la vision autour de la réforme.
En cette année 2016, l’accélération de la cadence s’impose pour pouvoir atteindre les objectifs escomptés. Le ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, Mohamed Moubdii, demeure optimiste en soulignant que son département a mis en place un ambitieux plan d’action plaçant le citoyen au cœur des préoccupations des services publics. Ce plan porte sur des projets structurels de modernisation de l’administration : l’amélioration de la relation entre le citoyen et l’administration, la valorisation du capital humain et la réforme de la gouvernance.
À ce titre, plusieurs mesures à caractère institutionnel ont été mises en place et des projets de loi ont été élaborés en vue de concrétiser sur le terrain les objectifs de la modernisation. Sur le volet des ressources humaines, les mesures ont trait à l’adoption de nouvelles méthodes d’évaluation, à la valorisation de la formation continue et à la transparence en matière d’accès à la fonction publique et aux hautes fonctions. La chasse aux fonctionnaires fantômes a été engagée depuis quatre ans. Quelque 757 cas d’absentéisme illégal ont été détectés en 2012, 680 cas en 2013 et 670 cas en 2014. La commission ministérielle spécialisée en la matière est en train d’étudier environ 800 autres cas selon le rapport annuel du ministère de la Fonction publique au titre de 2015.
S’agissant de l’amélioration de la relation entre le citoyen et l’administration, Moubdii fait valoir les efforts déployés pour la simplification des procédures les plus utilisées et le développement de l’administration électronique afin de renforcer l’accès à l’information et aux données relatives aux procédures administratives. À cela s’ajoute un programme national d’amélioration de l’accueil et du traitement des doléances. Par ailleurs, plusieurs chantiers ouverts n’ont pas encore abouti. Sur le plan juridique à titre d’exemple, le projet de loi relatif à l’accès à l’information, dont certaines dispositions sont très décriées par l’opposition et les acteurs associatifs, est toujours en suspens au Parlement. Le texte a été présenté par le gouvernement au sein de la commission de la justice et de la législation à la chambre des représentants en décembre dernier. Mais, il peine à franchir le cap de l’institution législative alors qu’il ne reste que quelques jours à la fin de cette législature. Toujours sur le plan législatif, la refonte du statut général de la fonction publique qui est très attendue par les fonctionnaires tarde à voir le jour. Au niveau de la régionalisation, la charte de la déconcentration administrative se fait également attendre.
En 2015, une vision du projet de déconcentration administrative a été élaborée par une commission interministérielle comprenant plusieurs départements (la Fonction publique, l’Intérieur, l’Économie et les finances, l’Équipement, l’Habitat, l’Agriculture, l’Énergie). En parallèle, le ministère de la Fonction publique a lancé une étude sur la déconcentration administrative afin de faire le point sur la situation actuelle et enrichir la vision qui vient d’être élaborée. Un livre blanc sur la déconcentration administrative comportant les axes de la charte de la déconcentration administrative sera édité.