Maroc

Maroc-USA-Algérie : ce que dit le rapport de l’administration Biden

Le Washington Institute For the Near East Policy vient de publier une note de politique générale sur le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, destinée à l’administration Biden. Le rapport intitulé «Saisir les opportunités et renforcer les alliances en Afrique du Nord-Ouest. Idées pour la politique américaine à l’égard du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie » examine les opportunités et les défis auxquels l’administration Biden pourrait être confrontée dans la région. Le rapport fait partie d’une série dénommée Transition 2021. Décryptage.

Après Trump, le nouveau président américain devra jouer à fond la carte de la diversité, notamment dans la région du Maghreb. C’est dans ce contexte que le Washington Institute For the Near East Policy (WINEP) publie une note de politique générale sur le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, destinée à l’administration Biden. Pour promouvoir les intérêts des États-Unis dans la région, l’administration Biden devrait mener un certain nombre de politiques à la fois bilatérales et régionales. Celles-ci consisteraient à approfondir le partenariat avec le Maroc, nourrir une relation naissante avec l’Algérie, soutenir l’élan démocratique en Tunisie et, en cours de route, utiliser ces liens pour contrer le terrorisme et les visées expansionnistes brutales des grandes puissances concurrentes, rappelle le think tank américain. «L’administration Biden devrait réaffirmer son soutien à la fois à une résolution négociée du conflit du Sahara et à la poursuite des opérations de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MINURSO) dans cette région; faire pression pour la nomination d’un nouvel envoyé des Nations unies au Sahara, un poste maintenant vacant depuis dix-huit mois», souligne le rapport. Basé à Washington, WINEP se concentre sur la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis des pays du Proche-Orient. La mission d’entreprise de l’institut est « de proposer une compréhension équilibrée et réaliste des intérêts américains au Moyen Orient et promouvoir les politiques qui les sécurisent ». Les relations bilatérales des États-Unis avec le Maroc sont les plus étendues des trois pays cités plus haut. L’un des principaux défis pour le nouveau gouvernement américain sera de préserver et de développer les relations des États-Unis avec le royaume.

Affirmer son soutien à la reconnaissance du Sahara et à la médiation
Selon la note de politique générale du WINEP, il n’y a pas de contradiction entre la reconnaissance de la revendication du Maroc sur le Sahara et le soutien à la mission d’un nouveau médiateur de l’ONU que Washington devrait presser le secrétaire général de nommer, ainsi qu’à la poursuite du déploiement des forces de l’ONU pour préserver une paix tendue dans la région. «Bien que l’administration Biden n’ait pas choisi la voie de la reconnaissance du Sahara pour aider à sécuriser les relations diplomatiques Maroc-Israël, revenir sur cette décision maintenant saperait les relations avec deux alliés clés et commencera un mandat présidentiel en répudiant un engagement clé de son prédécesseur, soulevant précisément le même doute sur la crédibilité et la cohérence des États-Unis que l’équipe Biden a souvent critiqué sur la politique étrangère de l’administration Trump. Dans le même temps, Washington devrait encourager le Maroc à renforcer les liens avec Israël en procédant aussi rapidement que possible à la création d’ambassades, à l’échange d’ambassadeurs et à l’exploration de toute la gamme des partenariats économiques, culturels, éducatifs, technologiques», recommandent les analystes.

Faire pression en faveur de réformes internes et d’une autonomie
Après avoir confirmé la souveraineté du Maroc sur son Sahara, Washington devrait capitaliser sur la bonne volonté acquise pour travailler avec le Royaume afin de respecter les engagements de longue date en faveur d’une autonomie effective dans la région du Sahara et réduire plusieurs moteurs potentiels de troubles sociaux dans tout le pays. Sur le premier point, les rapporteurs soutiennent qu’«après avoir obtenu une reconnaissance vitale de sa position au Sahara, le moment est venu pour Rabat d’étendre l’autorité locale dans la région et de donner aux dirigeants et aux peuples locaux les moyens d’agir conformément à ses propositions d’autonomie louables. Dans le même temps, Washington aura la possibilité de poursuivre des consultations privées et franches avec les autorités marocaines sur deux sujets de préoccupation: la corruption et les restrictions à la liberté de la presse». Selon les experts, des mesures efficaces devraient être déployées pour réduire la première et diminuer la seconde. En outre, «la crise de la Covid-19 a eu pour conséquence une plus grande décentralisation des responsabilités de gouvernance de Rabat vers les localités, une tendance que Washington devrait encourager comme moyen d’accroître la responsabilité et d’améliorer la prestation des services publics», analysent les experts du WINEP.

Canaliser l’aide économique vers les programmes destinés aux jeunes
Quatre-vingt pour cent de la population marocaine au chômage a entre quinze et trente-quatre ans. Pour accroître les possibilités d’emploi devant cette cohorte, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a soutenu divers projets. Soulignant qu’il est possible de faire plus, notamment en stimulant le développement du secteur privé et en soutenant l’esprit d’entreprise, WINEP recommande à Washington de réfléchir aux moyens de tirer profit des relations diplomatiques Maroc-Israël pour stimuler les secteurs pertinents de l’économie marocaine, notamment la technologie, le tourisme et les télécommunications. Le but ultime devrait être d’accroître les possibilités d’emploi pour les jeunes marocains.

Relations États-Unis-Algérie.
Selon le WINEP, la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc au Sahara a été interprétée comme un geste hostile à Alger. Ce qui pourrait se traduire probablement par un accueil difficile pour la nouvelle administration. Néanmoins, la nouvelle équipe Biden devrait considérer la situation actuelle comme un moment d’opportunité pour améliorer les relations américano-algériennes et, ce faisant, renforcer la position stratégique américaine en Afrique du Nord-Ouest. Rappelons que parmi les trois pays faisant l’objet du rapport, l’Algérie a traditionnellement été le moins enclin à entretenir des liens avec les États-Unis. Cependant, la détérioration de son économie dans un contexte de prix du pétrole toujours bas et les ravages causés par la pandémie ont renforcé chez ses décideurs politiques la conviction qu’ils doivent ouvrir l’économie si l’État veut éviter l’effondrement. «Cette tendance offre des ouvertures pour démontrer qu’Alger a beaucoup à gagner d’une coopération avec Washington. Si l’administration Biden est prête à offrir des incitations économiques et sécuritaires relativement modestes pour signaler son intention et sa bonne volonté, elle pourrait trouver Alger prête à refuser tout soutien militaire tangible aux combattants du Polisario, et à conseiller à ses dirigeants de poursuivre uniquement des moyens diplomatiques pour atteindre ses objectifs», analyse le Washington Institute For the Near East Policy.

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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