Maroc-Portugal. Rui Cordovil : “Notre savoir-faire industriel et technologique se marie parfaitement avec la dynamique entrepreneuriale marocaine”
Rui Cordovil
Conseiller économique de l’ambassade du Portugal au Maroc
Depuis Lisbonne, le Maroc est vu comme un partenaire stratégique pour accéder au marché africain. Rui Cordovil, conseiller économique de l’ambassade du Portugal au Maroc, plaide pour une collaboration fondée sur une complémentarité économique et des initiatives structurantes, à l’horizon 2030.
Les échanges entre le Maroc et le Portugal sont évalués à environ 32 milliards de dirhams. Qu’est-ce qui pourrait permettre à ces échanges de gagner en intensité ?
Notre finalité est de consolider un partenariat stratégique et durable entre les deux pays. Il s’agit d’accompagner les entreprises portugaises dans leur découverte des opportunités qu’offre le Maroc, tout en facilitant des synergies pour les entrepreneurs marocains. Depuis Lisbonne, le Royaume constitue une plateforme idéale pour développer des coopérations gagnant-gagnant dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures, les énergies renouvelables ou l’industrie.
Diriez-vous que les deux économies sont complémentaires ?
Nos deux économies sont liées par une logique de complémentarité. Le savoir-faire industriel et technologique portugais se marie parfaitement avec la dynamique entrepreneuriale marocaine. Cette proximité est renforcée par une connexion rapide – seulement une heure de vol – qui facilite les échanges et permet une réactivité exemplaire en cas de besoin. C’est ce qui explique pourquoi le Maroc est aujourd’hui notre neuvième marché d’exportation.
Concrètement, comment se manifeste la présence des entreprises portugaises localement ?
Nous comptons près de 200 entreprises portugaises implantées au Maroc. Cette présence couvre un large éventail de secteurs comme l’automobile, le textile ou encore la pharmacie. Certaines d’entre elles, à l’instar de Belcof dans le textile, comptent jusqu’à 1.400 employés. Ces entreprises ne se contentent pas d’exporter, elles investissent et s’ancrent localement, renforçant ainsi la coopération industrielle et créant de l’emploi. Cette dynamique est le reflet d’une volonté commune d’établir des bases de coopération solides.
Le Maroc joue-t-il un rôle de hub pour les entreprises portugaises en Afrique ?
Tout à fait. Le Portugal bénéficie d’une relation historique avec des pays lusophones comme l’Angola ou le Mozambique, tandis que le Maroc dispose d’une expertise et d’un accès privilégié à d’autres régions d’Afrique. Ensemble, nous pouvons développer des stratégies communes pour accéder à des marchés tiers, notamment dans des secteurs porteurs comme les infrastructures et les énergies renouvelables. Le Maroc, par sa position géographique et ses politiques ambitieuses, constitue un véritable trait d’union entre l’Europe et l’Afrique.
La crise que traverse l’Europe impacte-t-elle d’une manière ou d’une autre les relations économiques bilatérales ?
La crise que traverse l’Europe impacte tous les écosystèmes économiques, mais elle met aussi en lumière l’importance de diversifier les partenariats. Le Maroc, par sa capacité à attirer des investisseurs, représente une opportunité majeure pour les entreprises portugaises qui cherchent à renforcer leur présence internationale. Cette conjoncture a accéléré des décisions stratégiques, notamment dans des secteurs comme l’automobile et le textile, où des délocalisations partielles vers le Maroc sont à l’étude.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur est en discussion. Quel impact peut-il avoir sur les priorités économiques du Portugal ?
Le Mercosur reste une opportunité intéressante, mais le Maroc demeure, à mon sens, un partenaire naturel et stratégique. Pourquoi chercher des horizons lointains alors que le Maroc est à proximité immédiate et offre une plateforme stable et dynamique pour le développement économique? Ce partenariat de voisinage est non seulement pratique, mais il s’inscrit également dans une logique d’efficacité et de durabilité.
Quels secteurs présentent le plus de potentiel pour l’avenir des relations économiques bilatérales ?
En plus de l’automobile et du textile, les énergies renouvelables, les technologies de l’information et l’agriculture durable sont des axes porteurs. Nous avons d’ailleurs organisé plusieurs événements pour présenter aux investisseurs portugais les opportunités offertes par le Maroc dans ces domaines. La coopération repose sur une vision commune qui vise à répondre aux défis économiques à venir.
Quelle vision portez-vous sur l’avenir de cette coopération ?
Le Maroc est un partenaire naturel et stratégique pour le Portugal. Je suis persuadé que les grands chantiers en cours au Maroc, alliés à la dynamique de nos entreprises, continueront de rapprocher nos économies. Cette relation, fondée sur la confiance et la complémentarité, a encore un potentiel immense à exploiter. Elle représente une opportunité unique pour bâtir ensemble un avenir prospère et durable.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO