Maroc

Maroc: L’impact de la pandémie sur les finances publiques

L’impact de la pandémie sur les finances publiques est estimé à plus de 80 MMDH, à fin janvier 2020. Plusieurs rubriques du budget de l’Etat devraient continuer enregistrer des baisses importantes.

L’impact de la pandémie sur les finances publiques est estimé à plus de 80 MMDH, à fin janvier 2020. La crise sanitaire de la Covid-19 a mis sérieusement à plat les moteurs de la croissance de l’économie nationale, rendant la sortie de crise autant complexe qu’incertaine durant la deuxième moitié de l’année écoulée. L’élan de croissance observé durant les dernières années, marqué par la réalisation de taux de croissance économique prometteurs, a été durement mis à mal par la crise sanitaire ayant induit une baisse différenciée des ressources budgétaires. La logique de la crise a donc fini par imposer un mode exceptionnel d’intervention, à travers la création d’un Fonds d’affectation spéciale pour atténuer la pression exercée sur le budget de l’Etat. «Les finances publiques ont subi un double choc, induit par l’effet concomitant des mesures de soutien pour endiguer les conséquences de la crise Covid-19 sur le plan économique et social et la baisse drastique des recettes fiscales dans un contexte de baisse marquée de l’activité», indique le dernier rapport parlementaire portant sur la loi de Finances 2021. Un tel contexte a rendu nécessaire de procéder à une optimisation des dépenses publiques et leur priorisation. Les mesures apportées par la loi de Finances rectificative 2020 et celles envisagées durant cette année 2021 s’inscrivent, à ce titre, pleinement dans cette perspective.

De nouveaux déséquilibres à gérer
C’est sur la base des baisses enregistrées à partir du mois de juin 2020 que le gouvernement a tenté de réagir en vue d’atténuer la baisse des ressources budgétaires. Les principaux indicateurs qui sont toujours surveillés sont le déficit budgétaire qui s’est creusé, à fin 2020, de près de 7,5% du PIB, contre une prévision préliminaire de 3,5% conformément à la loi de Finances de 2020. S’agissant de l’évolution des dépenses et des recettes publiques à fin septembre 2020, les recettes fiscales ont été exécutées à hauteur de 79,3%, avec une baisse de 7,3%, en glissement annuel. «Ce repli est attribuable aux restrictions imposées à l’activité économique dans le cadre du confinement obligatoire décrété par le gouvernement, entre le 20 mars et le 10 juin 2020», souligne l’argumentaire de l’Exécutif.

Les recettes au titre des impôts directs ont affiché, pour leur part, un recul de 2,5 %, imputable à une hausse modérée des recettes tirées de l’impôt sur les sociétés (IS) de 1%, à la baisse des recettes au titre de l’impôt sur le revenu (IR) de 5,3%, à la contraction des majorations de retard de 36,8% et à la progression de la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices de 122 MDH pour s’élever à 2,1 MMDH. S’agissant des impôts indirects, ils ont connu une baisse considérable de 10,3 % à fin septembre dernier, en raison de la baisse de 12,8% des recettes des taxes intérieures de consommation (TIC), combinée au recul de 9,1% des recettes de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), notamment celles afférentes à la TVA à l’importation (-15,7%). D’autres indicateurs portent aussi sur les recettes des droits d’enregistrement et de timbre. A ce sujet, un repli de l’ordre de 20,1% a été constaté au cours des neuf premiers mois de l’année 2020. La pénurie des ressources budgétaires de l’Etat n’a épargné aucun pan névralgique dans la rubrique des rentrées. Ainsi, les recettes des droits de douane se sont contractées de 6,1 %. Dans la rubrique des dépenses, et contrairement aux attentes, les charges de l’Etat n’ont baissé que de 0,5% à fin septembre dernier, pour atteindre 209 MMDH. Pour ce qui est des dépenses ordinaires, elles comptabilisaient, à fin septembre, près de 175,6 MMDH, en accroissement de 5,6% sur un an. Cette évolution est le résultat d’un effet combiné de l’augmentation des dépenses des biens et services (une hausse de 6,5 % des dépenses de personnel et une hausse de 9,5 % des dépenses des autres biens et services) et des charges de la dette (+0,7 %), ainsi que du recul des dépenses de compensation (-5,8 %). D’autres statistiques de l’année écoulée montrent aussi que les dépenses d’investissement ont connu une contraction de 6,7 % pour s’établir à près de 43,9 MMDH contre 47 milliards à fin septembre 2019.

Les comptes spéciaux du Trésor dégagent un solde positif

Après avoir entamé, depuis plusieurs années, le processus de la réduction des comptes spéciaux du Trésor (CST), le recours à cette formule s’est avéré cette fois crucial pour préserver les fondamentaux du budget de l’Etat. Les données pour l’année 2020 montrent que les CST ont dégagé un solde positif de 10,4 MMDH contre 3,2 MMDH un an auparavant, tenant compte d’un solde de 8 milliards au titre du compte Fonds spécial de gestion de la Covid-19. Il s’agit essentiellement de contribuer à la mise en œuvre du plan de relance de l’économie nationale, la généralisation de la couverture sociale et l’institution de l’exemplarité de l’Etat et l’opérationnalisation de la rationalisation de sa gestion. En termes de perspectives, les prévisions pour l’année 2021 tablent sur une amélioration de la situation sanitaire au Maroc après que la campagne de vaccination ait été lancée dans un bon timing. Il faut dire aussi que les projections économiques au titre de l’année 2021 qui ont été fondées sur un cours moyen du Brent aux alentours de 50 dollars le baril restent toujours valables. Elles se basent également sur une production céréalière de 70 millions de quintaux en 2021, un objectif qui reste réalisable vu l’état des lieux de l’actuelle campagne agricole. Enfin, et malgré le recul des ressources à des seuils historiques l’économie nationale devrait enregistrer un rebond du PIB, en volume, de 4,8 % en 2021 compte-tenu, notamment, de l’effet de base et de l’augmentation de la valeur ajoutée agricole et de celle non-agricole de 11 % et de 3,8 %.

Younes Bennajah / Les Inspirations Éco

 


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