Maroc-Algérie : “Notre conviction intime est que les frontières soient et demeurent ouvertes”
Le discours du roi Mohammed V prononcé à l’occasion du 22e anniversaire de la Fête du Trône est de dimension historique. Le souverain a, de nouveau, appelé le gouvernement algérien à accorder à la question de l’ouverture des frontières l’importance requise, à l’instar du Maroc. «Aucune logique ne saurait expliquer la situation présente, d’autant que les raisons ayant conduit à la fermeture des frontières sont totalement dépassées, et n’ont plus de raison d’être aujourd’hui», a déclaré le roi. Par ailleurs le souverain a rappelé que la guerre contre la Covid-19 n’était pas encore gagnée, et qu’il fallait continuer les efforts et accélérer la campagne de vaccination.
«La pandémie persiste, et la crise n’est pas encore achevée». C’est ainsi que le roi Mohammed VI a signifié la nécessité de rester tous mobilisés et de maintenir un seuil de vigilance élevé durant cette phase où la hausse des contaminations menace de manière directe le plan de relance économique. Lors de son discours, prononcé à l’occasion du 22e anniversaire de la Fête du Trône, le souverain a insisté sur l’esprit de solidarité qui doit prévaloir durant cette période cruciale. «Pour tous, la période est difficile. Et elle l’est également pour Moi, personnellement, à l’égal de tout citoyen. Elle l’est aussi pour Ma famille. Et soyez assurés que Je connais la détresse des Marocains, et que J’en souffre comme eux, partageant totalement leur ressenti en pareilles circonstances», a déclaré le souverain. Pour atténuer l’impact économique sur les catégories sociales dont les revenus ont été particulièrement impactés par la crise, le roi a évoqué les mesures prises pour protéger le pouvoir d’achat des ménages, et soutenir les PME, fortement ébranlées par la crise. Il a rappelé qu’un plan de relance économique avait été initié, avec, pour objectif premier, de préserver les emplois, sans oublier la création du Fonds Mohammed VI pour l’investissement qui vise à faire redémarrer les activités productives, tout en accompagnant et finançant les différents projets d’investissement.
«Ainsi, depuis l’apparition de la pandémie, et afin d’en amortir le choc, Nous avons pris l’initiative de créer un Fonds spécial qui a eu l’adhésion spontanée des citoyens», a indiqué le souverain à propos de ces piliers de la stratégie de résistance à la Covid-19, qui iront en se renforçant, via le Plan national de vaccination.
«Aujourd’hui, nous pouvons être fiers, à plus d’un titre, le Maroc ayant relevé un défi de taille, en remportant la bataille pour l’accès aux vaccins. La campagne nationale de vaccination, à laquelle les citoyens répondent massivement, se déroule de manière efficace et remarquable», a indiqué le roi, à propos du bon déroulement de cette opération qui englobe, actuellement, les jeunes de plus de 25 ans. Ce chantier, composante essentielle de la sécurité stratégique du pays, demeure d’une portée stratégique pour la souveraineté sanitaire du Maroc, selon le souverain qui a insisté, par ailleurs, sur le lancement du projet de fabrication de vaccins, de médicaments et de matériel médical. Quoi qu’il en soit, la principale exigence demeure la hausse du seuil de vigilance ainsi que le respect des mesures édictées par les autorités.
La normalisation avec l’Algérie, un enjeu stratégique pour la région
Après plusieurs appels antérieurs, destinés à exhorter les dirigeants algériens à s’inscrire dans la même logique constructive que celle de la diplomatie marocaine, le roi a de nouveau appelé le gouvernement de ce pays frère à accorder à la question de l’ouverture des frontières l’importance requise, à l’instar du Maroc. Il s’agit d’une vision qui s’intègre dans le cadre des «efforts sincères du Maroc pour consolider la sécurité et la stabilité dans son environnement africain et euro-méditerranéen, et plus particulièrement dans son voisinage maghrébin», a indiqué le souverain dans son discours. Le Maroc entend, en effet, à ce que les deux pays puissent enfin établir des relations basées sur les principes du bon voisinage, en tenant compte des opportunités qui pourraient ainsi se créer pour les peuples des deux pays. «Entre deux pays voisins et deux peuples frères, l’état normal des choses, c’est Notre conviction intime, est que les frontières soient et demeurent ouvertes», a indiqué le monarque, à propos de la nécessité de trouver un terrain de dialogue entre les deux pays. «Aucune logique ne saurait expliquer la situation présente, d’autant que les raisons ayant conduit à la fermeture des frontières sont totalement dépassées, et n’ont plus de raison d’être aujourd’hui», a-t-il expliqué, à propos de cette situation devenue inacceptable. La diplomatie marocaine reste, en conséquence, ouverte à toutes propositions susceptibles de donner une lueur d’espoir aux peuples des deux pays, en vue de tourner la page de la fermeture des frontières qui ne fait qu’aggraver les préjugés infondés de chaque côté. «La fermeture des frontières ne rompt pas la communication profonde entre les deux peuples. Mais elle nourrit plutôt une fermeture d’esprit, amplifiée par l’influence néfaste des contrevérités, relayées par certains médias», a estimé le roi, au sujet des effets directs produits par la politique de la fermeture qui est «jugée inacceptable par bon nombre de pays».
Nouveau modèle de développement : une feuille de route des prochaines années
Dans son discours à la nation, le roi a mis en relief l’apport du Nouveau modèle de développement, en matière d’orientation des politiques publiques pour les prochaines années. Il s’agit d’un document qui ouvrira la voie à une nouvelle étape en matière de politique économique et de renforcement du projet de société national, selon les constats dressés par le souverain, à propos des conclusions de la commission spéciale. «La Commission a réalisé un travail louable, et mené un processus national auquel se sont associées les forces vives du pays. À l’instar de la phase de conception de ce modèle, Nous estimons que celle de sa mise en œuvre relève d’une responsabilité nationale, nécessitant la mobilisation de toutes les potentialités de la Nation et l’implication de l’ensemble de ses compétences, notamment celles qui, au cours des prochaines années, seront appelées à exercer des responsabilités gouvernementales et des mandats publics», a affirmé le souverain.L’objectif majeur est d’élaborer le pacte national pour le développement qui devra définir, de manière précise, les priorités du pays en matière de développement, et qui puisse constituer «le socle d’un pacte économique et social, propre à impulser une nouvelle Révolution du Roi et du Peuple».
Younes Bennajah / Les Inspirations ÉCO