Maroc

Marché de l’emploi : reconversion professionnelle, la nouvelle tendance

Alors que la création d’emplois ralentit, la destruction de postes de travail s’accélère. Conséquence : l’heure est à la reconversion. Dans ce contexte de crise et de post-crise, les employeurs sont-ils prêts à mettre la main à la pâte pour garder leurs talents et les redéployer ? 

La crise liée à la pandémie de Covid-19 et la récession mondiale ont créé des perspectives incertaines pour le marché du travail et accéléré l’arrivée du «futur» du travail. Le rapport du World Economic Forum sur les perspectives de l’adoption de la technologie, les emplois et les compétences dans les cinq prochaines années, publié fin 2020, cartographie aussi les emplois et les compétences du futur.

Le document intitulé «The Future of Jobs report» est un condensé de renseignements qualitatifs et quantitatifs pour élargir la base de connaissances sur l’avenir des emplois et des compétences. Se basant sur les dernières données provenant de sources publiques et privées, il rassemble les points de vue de chefs d’entreprise, directeurs généraux, directeurs de la stratégie et directeurs des ressources humaines, en première ligne pour ce qui est de la prise de décision en matière de capital humain.

Sa finalité est de brosser un tableau plus clair de la situation actuelle et des perspectives d’avenir des emplois et des compétences. Le rapport fournit également des informations détaillées sur 15 secteurs industriels et zoome sur 26 pays avancés ou émergents. Il confirme ce qu’on savait déjà : le rythme de l’adoption de la technologie devrait rester inchangé voire s’accélérer dans certains domaines.

L’adoption du cloud, du big data et du e-commerce restent des priorités pour les chefs d’entreprise, suivant une tendance établie au cours des années précédentes. Cependant, il y a aussi eu une augmentation significative de l’intérêt pour le chiffrement, les robots non humanoïdes et l’intelligence artificielle.

S’agissant du marché du travail à proprement parler, l’enquête de plus de 160 pages révèle que la création d’emplois ralentit tandis que la destruction de postes existants s’accélère. Les employeurs s’attendent à ce que d’ici 2025, les postes redondants passent de 15,4% de la main-d’œuvre totale employée à 9% (-6,4%), et que les professions émergentes augmentent de 7,8% à 13,5% (+5,7%).

Sur cette base, le Forum économique mondial estime que 85 millions d’emplois pourraient être déplacés, d’ici 2025, du fait d’une nouvelle division du travail entre humains et robots. Par ailleurs, 97 millions de nouveaux profils pourraient émerger, plus adaptés à cette future répartition du travail entre humains, machines et algorithmes.

Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial, au sein duquel elle est aussi responsable du Centre pour la nouvelle économie et la société, explique que certains emplois disparaîtront et d’autres apparaîtront, car le monde va connaître un double bouleversement. Elle est convaincue que, dans les cinq prochaines années, près de la moitié des travailleurs auront besoin d’une reconversion liée à leurs compétences de base.

En revanche, seulement 21 % des entreprises se disent capables de mobiliser des financements publics pour aider leurs salariés au travers d’initiatives de reconversion. Quant au secteur public, il devrait davantage soutenir le recyclage et l’amélioration du niveau de qualification des travailleurs à risque ou victimes de suppressions d’emplois.

Le public doit inciter à investir dans les marchés et les emplois de demain, prévoir des filets de sécurité plus solides pour les personnes licenciées en transition et s’attaquer à l’amélioration, longtemps différée, des systèmes d’éducation et de formation, selon Saadia Zahidi.

À ce propos, l’enquête établit qu’en dépit de la chute des performances des économies mondiales, la plupart des employeurs reconnaissent la valeur de l’investissement dans le capital humain. En moyenne, 66 % des patrons interrogés s’attendent à obtenir un retour sur investissement du perfectionnement et de la reconversion de leurs collaborateurs, et ce dans un délai d’un an.

Cependant, cet horizon temporel risque d’être trop long pour certains dans le contexte du choc économique actuel, et près de 17% restent incertains quant à la perspective d’un retour sur investissement. En moyenne, les employeurs s’attendent à proposer une reconversion et un perfectionnement à un peu plus de 70 % de leurs employés d’ici 2025.

Cependant, l’engagement des employés dans ce processus est à la traîne, avec seulement 42 % des employés qui profitent effectivement des opportunités de reconversion et de perfectionnement soutenues par l’employeur.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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