Maroc

Made in Morocco : le bio, parent pauvre de la transformation industrielle

Alors que l’industrie agroalimentaire marocaine affiche des performances importantes, on peut déplorer le fait qu’une part importante de valeur ajoutée lui échappe dans le secteur de la transformation des produits bio.

«On fait des oranges bio au Maroc qu’on vend à l’état brut. Si vous voulez acheter du jus d’orange bio, impossible d’en trouver. Cela veut dire que les oranges bio partent à l’étranger et reviennent transformées, à un prix 5 à 10 fois plus cher. Pareil pour les fraises !

On les exporte et quand on cherche de la confiture de fraise, il faut l’acheter importée. Il y a un paquet d’exemples où nous allons être obligés de créer un élan pour faire des produits multiples et diversifiés», déplore Slim Kabbaj, tout nouveau président de l’interprofession Maroc Bio et président de FAMIBio. Et d’ajouter: «Dans un magasin bio sérieux au Maroc, vous trouvez 6.000 produits, dont 80% sont importés».

Au-delà de stimuler la production de produits agricoles bio, il est plus qu’urgent de booster leur transformation industrielle, tout en assurant des débouchés aux opérateurs, et pas seulement les agriculteurs. Les industriels, aussi ! Sinon, le Maroc laissera échapper une part importante de la création de valeur dans le secteur. «On a besoin, aujourd’hui, d’acteurs agro-industriels qui fabriquent des produits transformés», martèle Kabbaj.

La demande à l’export de produits frais en hausse
À la faveur de la Covid et de son impact sur les nouveaux réflexes des consommateurs, la demande de fruits et légumes bio connaît une nette hausse, surtout à l’export. En effet, une partie importante des produits agricoles bio, surtout frais ou bruts, est destinée à l’exportation, mais très peu est transformée.

Ces exportations se concentrent sur les primeurs (haricots, maïs doux, melons, concombres, poivrons, courges, courgettes, tomates…), les agrumes (oranges navel, citrons, clémentines) et certains produits transformés (plantes aromatiques et produits divers, haricots verts en bocal, olives de table, fraises surgelées, huile d’argan…).

Localement, les produits maraîchers bio sont commercialisés dans les marchés paysans et aussi dans quelques magasins de commerce, avec distribution de paniers et approvisionnement de quelques restaurants. Dans le sous-secteur des fruits rouges, des tendances de production durable commencent à émerger, encouragées par la demande croissante des consommateurs.

L’entreprise française «Fruits Rouges & Co.», par exemple, produit ces fruits en respect des principes écologiques «La Charte demain la Terre» et une partie de sa production satisfait au critère de «Sans résidu de pesticide détecté».

Un secteur pauvre en données chiffrées actualisées
Comme c’est le cas dans d’autres sous-secteurs de l’agro-industrie au Maroc, certains producteurs maraîchers s’engagent dans la production biologique. Ainsi, en 2014, ce type d’agriculture était pratiqué sur 800.000 ha, dont la plus grande surface était dédiée à la cueillette de plantes spontanées, plus de 8.000 ha à la culture et 1.841 ha en conversion.

La majorité de ces surfaces cultivées concernaient des produits maraîchers (fruits et légumes), suivie des plantes aromatiques et médicinales, de l’argan, et des céréales. Cependant, il faut également déplorer une faible disponibilité de données chiffrées et actualisées concernant le secteur.

Slim Kabbaj
Président de l’interprofession Maroc Bio et président de FAMIBio

«Cherchez de la farine bio, vous n’en trouverez pas. Chercher du couscous bio, on en a fait un peu à un moment donné… On a bricolé ! Mais faire du couscous bio à partir de céréales bio du Maroc, pour l’instant, il n’y a rien de sérieux.»

Une nouvelle structuration des opérateurs du secteur

Le 16 juin 2022, un événement majeur s’est produit dans la filière biologique nationale : une nouvelle structuration des opérateurs en inter-profession, avec pour nom Maroc Bio. Quarante délégués représentant l’amont et l’aval de la filière se sont réunis pour élire le conseil d’administration et le bureau et, ainsi, mettre fin à une période d’incertitudes.

Le contrat programme, dont la signature a été retardée en 2020 et 2021, a été débattu et approfondi. Il est maintenant devenu une urgence pour tous les acteurs du secteur. Le nouveau conseil d’administration mis en place représente aujourd’hui des professionnels connus et reconnus, parmi les plus dynamiques du secteur, depuis la mise en place de la loi 39-12 réglementant la filière.

Ce conseil d’administration comprend des agriculteurs et des éleveurs, avec des produits certifiés divers et variés, des entrepreneurs et des managers de grands comptes et de PME bien implantés, des coopératives sérieuses, en termes de continuité et de qualité des produits, des jeunes créateurs de startups avec des projets et produits à forte valeur ajoutée en font partie, des distributeurs avec des plateformes et des réseaux de distribution leaders, et des exportateurs présents sur de grands marchés à l’étranger.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO



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